 Photo: Département de français - Université de Hanoi |
Le tourisme vietnamien est à un tournant. Après des années de croissance effrénée, le secteur fait face à un défi de taille: se réinventer pour préserver les richesses naturelles et culturelles du pays. C’est dans ce contexte que le Département de français de l’Université de Hanoï, en partenariat avec l’Organisation Internationale de la Francophonie et l’Agence Universitaire de la Francophonie, a décidé de mettre les projecteurs sur le tourisme durable.
L’événement a débuté par une table ronde sur le thème «Développement du tourisme durable: opportunités et défis». Mais c’est surtout le salon de l’emploi, organisé en parallèle, qui a retenu l’attention des étudiants. Une trentaine d’agences de voyage étaient présentes, toutes engagées dans une démarche de tourisme responsable. Pour Vu Phuong Uyên, étudiante en français, cette journée a été une véritable révélation.
«En arrivant ici, j’ai pu écouter les professionnels parler de la façon dont le Vietnam misait sur le tourisme durable pour protéger l’environnement. J’ai vraiment pris conscience des opportunités liées à ma spécialité», nous dit-elle.
 Le salon de l'emploi. Photo: Département de français - Université de Hanoi |
Cependant, tous les étudiants ne partagent pas cet enthousiasme. Certains s’inquiètent de ne pas être à la hauteur des attentes du secteur. C’est là que l’expérience de terrain prend tout son sens. Dang Ta Tuyêt Nhi raconte comment un voyage d’étude à Ban Ai, dans la province de Hoa Binh, lui a ouvert les yeux.
«Récemment, j’ai suivi une formation en tourisme durable à l’université de Hanoi, en collaboration avec l’OIF. En plus des cours à l’université, j’ai aussi pu participer à un voyage d’étude à Ban Ai, Hoa Binh. Ce voyage m’a donné une vision plus globale et plus réelle sur le développement du tourisme durable dans les régions, ainsi que sur les défis locaux dans sa mise en œuvre. Je pense que les jeunes qui aspirent à une carrière dans le tourisme devraient suivre ce type de formation pour promouvoir le tourisme durable au Vietnam», nous explique-t-elle.
Si les opportunités semblent nombreuses, les défis ne manquent pas. Nguyên Van Hiên, directeur de l’agence ILotus Travel, pointe du doigt le niveau de français des jeunes diplômés.
«Il y a aussi des défis quand même, à côté des opportunités, bien sûr. Le premier défi, c’est la langue française. Vous avez seulement quatre ans pour apprendre le français et c’est une langue assez difficile. Comme nous avons déjà embauché beaucoup d’étudiants francophones et nous avons trouvé que leur français n’était pas assez bon, pas au niveau d’un guide touristique. C’est pour ça que les entreprises doivent poursuivre les efforts de formation. Pour devenir un bon guide francophone, je pense que ça prend entre deux et quatre ans», nous dit-il.
Face à ces exigences, les entreprises du secteur s’adaptent, comme nous l’indique Trân Thi Duyên, de l’agence Horizon Vietnam Travel.
«Nous recherchons avant tout la diligence, une attitude proactive et une réelle volonté d’apprendre. Nous sommes conscients que les étudiants manquent parfois d’expérience pratique», constate-t-elle.
Cette approche se traduit par des programmes de formation au sein des entreprises. Hà Duc Manh, de l’agence Amica, estime qu’il faut plusieurs mois pour bien comprendre les opérations liées au tourisme durable, selon la curiosité de l’étudiant et l’accompagnement proposé.
 Représentants des agences de voyage à l'événement. Photo: Département de français - Université de Hanoi |
Au terme de cette journée, le message est clair: le tourisme durable offre des perspectives enthousiasmantes aux étudiants vietnamiens, mais exige en retour un engagement total, comme le résume Nguyên Van Toàn, chef du comité d’organisation.
«Je crois que les étudiants aussi ont bien compris les enjeux et les opportunités du développement durable et du tourisme durable. Ils n’ont qu’à faire maintenant leurs efforts pour répondre à ces demandes. Ils ont une très belle opportunité et perspective devant eux», note-t-il.
Le tourisme durable apparaît ainsi comme bien plus qu’une simple tendance. C’est une véritable révolution qui s’amorce, promettant de transformer en profondeur non seulement le secteur touristique, mais aussi le paysage professionnel pour toute une génération d’étudiants francophones vietnamiens. À eux de saisir cette chance, armés de leur enthousiasme, de leurs compétences linguistiques et de leur engagement pour un tourisme plus responsable.