Marc-Olivier Dupin dirige l’Orchestre symphonique national du Vietnam. Photo: ifv.vn
|
Il est 19h30 à l’Opéra de Hanoi, un haut-lieu de la culture, qui a accueilli les plus grandes productions de la capitale. Le Petit Prince ne débute que dans une demi-heure, mais d’ores et déjà, la salle est archi-bondée, laissant présager un concert exceptionnel.
- Le Petit Prince est une œuvre familière à de nombreux Vietnamiens, en particulier aux amoureux de la culture et de la langue françaises comme moi. Lors que j’ai su qu’elle avait été mise en musique par un compositeur français et qu’elle était programmée ici, je me suis dit que je ne pouvais pas manquer ça !
- C’est la première fois que je vais à l’Opéra de Hanoi pour assister à un concert J’ai lu Le Petit Prince en vietnamien et en français et j’en ai tiré de nombreuses leçons…
Le compositeur français Marc-Olivier Dupin (au centre), lors d'un point presse sur le spectacle musical "Le Petit Prince". Photo: IFV
|
Publié pour la première fois aux États-Unis en 1943 puis en France en 1946, Le Petit Prince a été adapté sous diverses formes, allant du cinéma à la comédie musicale en passant par la bande dessinée. Cette fois, Marc-Oliver Dupin, compositeur connu et reconnu en France, ancien directeur du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris qui est l’un des plus prestigieux établissements de formation artistique au monde, est venu à Hanoi pour diriger l’Orchestre symphonique national du Vietnam (VNSO) qui interprète sa musique, dont la fantaisie et la poésie répondent avec délicatesse au classique de Saint-Exupéry.
«J’ai écrit Le Petit Prince en 2015 d’abord pour une petite formation: un comédien, la projection des images et quatre instruments, seulement... J’ai bien évidemment commencé par relire le texte original de Saint-Exupéry. Dans un deuxième temps, j’ai découvert la bande dessinée de Joann Sfar. J’ai une sorte de coup de foudre pour cette version en BD. Pour «Le Petit Prince», je n’ai pas une approche cérébrale des choses. J’ai commencé à écrire au fil de la plume. Une des choses les plus extraordinaire dans Le Petit Prince, c’est le rapport à la mort. Mon père se passionnait pour le bouddhisme, et grâce à lui, je n’ai pas une vision triste de la mort… », nous dit-il.
C’est donc par le biais de musique de Marc-Olivier Dupin que le public se retrouve immergé dans Le Petit Prince qui est un véritable abrégé de philosophie, qui aborde avec grâce les grandes questions existentielles de la vie. Les silences, la narration, les pauses dans le texte alternent avec des moments d’accélération de la musique. Les doutes, les songes, les interrogations des personnages sont retranscrites par des airs qui diffèrent selon les émotions. Particulièrement inspirée Hứa Thanh Tú est une récitante dont la voix apporte un contrepoint particulièrement riche aux images de Joann Sfar...
«Dans le spectacle, on peut facilement allier du texte, de la musique et de la technologie, avec notamment la projection des images de Joann Sfar. J’ai effectivement travaillé sur 240 planches de la BD alors que la BD elle-même en comporte à peu près 600. Ce n’est pas un film et pas non plus une succession d’images fixes. Le spectacle est complètement fidèle à Saint Exupéry et à Joann Sfar. Je voulais faire un spectacle moins d’une heure pour que ça puisse être vu par les enfants», poursuit Marc-Olivier Dupin.
Nicolas Warnery, l’ambassadeur de France au Vietnam. Photo: IFV
|
S’inscrivant dans le cadre de la célébration des 80 ans de la première publication du livre Le Petit Prince, ce beau spectacle était aussi le point d’orgue du programme des activités culturelles organisées à l’occasion du 50e anniversaire des relations diplomatiques franco-vietnamiennes, comme l’a indiqué Nicolas Warnery, l’ambassadeur de France au Vietnam.
«Ce spectacle est la rencontre d’un grand texte qui va être lu en partie. C’est la rencontre de la bande dessinée et de la musique. On célèbre cette année les 80 ans du Petit prince. Ce texte très connu est à la fois très littéraire, très poétique et très nostalgique… C’est un texte qui s’adresse aux enfants et aux adultes et qui parle de sujets profonds tels que l’absence, l’amitié, l’amour, la mort... C’est donc quelque chose de très émouvant pour nous tous», a-t-il déclaré.
Trân Hai Vân, directrice adjointe du Département de coopération internationale. Photo: IFV
|
Le spectacle aura donné au public de la capitale l'occasion d'apprécier un classique littéraire à travers la musique et le talent d'artistes de premier plan des deux pays, comme l’a souligné Trân Hai Vân, directrice adjointe du Département de coopération internationale du ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme.
«Le fait que ce contre musical soit présenté à l’Opéra de Hanoï, haut lieu de la coopération franco-vietnamienne, témoigne de l’importance de cette soirée qui contribuera à enrichir la vie artistique et culturelle de la capitale. Je suis convaincue que ce spectacle incitera les artistes vietnamiens à renouveler les œuvres classiques de façon à apporter de nouvelles émotions au public», a-t-elle noté.
Le chef d’orchestre japonais Tetsuji Honna (gauche) et le violoniste vietnamien Bùi Công Duy. Photo: IFV
|
En première partie, le public a pu découvrir Se chỉ luồn kim, un air folklorique vietnamien très connu, arrangé par le compositeur Trân Manh Hùng, et apprécier le talent du violoniste vietnamien Bùi Công Duy dans Introduction et Rondo capricioso de Camille Saint-Saëns et La Méditation de Thaïs de Jules Massenet, l’orchestre étant alors placé sous la direction de Tetsuji Honna.
Le Petit Prince de Marc-Olivier Dupin a été joué à de nombreuses reprises en France et en Suisse. Après le Vietnam, cette oeuvre sera présentée au public allemand et britannique.