Lê Ngoc Thanh, la main et le cerveau

Anh Tuan
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(VOVWORLD) - Né de parents vietnamiens, le Français Lê Ngoc Thanh exerce un métier pour le moins original. Il est en effet peintre miniaturiste pour Jaquet Droz, une entreprise horlogère suisse créée en 1738, propriété du groupe Swatch. Mais ce que peu de gens savent, c’est qu’en plus de cette activité de précision, Thanh a développe un véritable talent d’artiste. Aujourd'hui, au micro de la Voix du Vietnam, il a accepté de nous livrer les secrets de son métier. 
Lê Ngoc Thanh, la main et le cerveau - ảnh 1Lê Ngoc Thanh (photo: Lê Ngoc Thanh)

Lê Ngoc Thanh: Je suis artiste peintre et designer pour la marque la Maison aux montres Jaquet Droz et je suis artiste peintre indépendant. J'ai commencé en 1997 à suivre des études de bijouterie joaillerie. J'ai fait deux ans de CAP en bijouterie et deux ans de BMA, le brevet des métiers d'art en haute joaillerie. Donc, pendant quatre ans, j'ai étudié comment fabriquer un bijou? Comment le réaliser? Comment le dessiner et comment le vendre? Vraiment tout. Et c'est quelque chose que je ne savais pas. Qu'est ce que c'était en fait exactement? Parce que quand je suis arrivé là, moi, je voulais vraiment travailler dans le dessin, parce que le dessin, c'était toute ma vie. Et en fait, je ne savais pas quoi faire de mes études. Et un jour, on m'a dit mais fais bijouterie, tu dessine beaucoup. C'était ma grande sœur qui m'avait dit ça. Et du coup, quand j'ai commencé mes études en bijouterie, j'ai adoré, car je me suis dit "Ben oui, je dessine un bijou, je le réalise". Et c'est ça que je voulais faire quoi donc, mais vraiment faire du dessin, donc créer quelque chose de beau, et puis que je puisse le réaliser juste après quoi donc je me suis dit c'est ça que je veux faire, je veux travailler là dedans dans ce domaine là.

VOV5: Ensuite vous êtes paris à l'étranger… Parce que Jaquet Droz est une marque suisse ?

Lê Ngoc Thanh: Et ensuite, en 2001, j'ai quitté le lycée pour aller travailler de l'autre côté. Donc en Suisse, le pays frontalier à la France. Et je suis partie dans le sertissage. Donc sertissage de boîtes de montres, sertissage de diamants, d'émeraude, de saphir... C'était un domaine de la bijouterie que j'aimais, mais moi, j'aurais voulu vraiment faire du sertissage haut joaillerie. Mais vraiment, avant tout, c'était de faire du dessin et créer. Et donc je suis parti là. Donc j'ai fait pendant 3 ans du sertissage et en parallèle, j'avais des petits projets de création de montres et ça m'a beaucoup plu. Mais ce n'était pas assez. Il fallait que je fasse encore autre chose. Donc, trois ans après ça, je suis parti chez un indépendant ou là, j'ai pu apprendre la peinture miniature chez lui pendant 2 ans. J'ai pu travailler pour des grandes marques Corum, Beauvais à l'époque. Mais ça ne s'est pas très bien passé, donc je suis retourné pour faire du sertissage, mais dans une grande maison, la maison Patek Philippe, où j'ai fait du sertissage pendant 6 ans. Et après ses 6 années, moi, ça me démangeait. J'ai toujours voulu faire du dessin:  dessiner et créer. Et à 50 mètres de la maison Patek Philippe, il y avait la maison Jaquet Droz qui est toujours d'ailleurs. Et je me suis dit "J'ai eu un contact qui m'a fait rencontrer le directeur artistique de l'époque" où je me suis présenté. Et je me suis dit Voilà, je fais de la peinture miniature et en plus, je fais du sertissage. Ça lui a vraiment plu, car j'avais beaucoup de cordes à son arc. Et c'est là que j'ai commencé à vraiment plaire, a commencé à faire de la peinture miniature.

Lê Ngoc Thanh, la main et le cerveau - ảnh 2La montre-bracelet "Ha Long Bay I" de l’entreprise horlogère suisse Jaquet Droz, le 29 octobre à Hanoï (photo: CVN)

VOV5: J'ai entendu dire que vous avez apporté des touches vietnamiennes à vos créations. Qu’en est-il, exactement?

Lê Ngoc Thanh: J'ai pu me développer dans la sculpture, donc j'ai pu faire des pièces en relief et et pouvoir apporter aussi une touche de sertissage. Et bien sûr, j'ai crée d'autres métiers comme la mosaïque de coquillages. En fait, j'ai découvert ça lors d'un de mes voyages au Vietnam, il y a un peu plus de vingt ans, quand mes parents ont voulu nous montrer le pays, nos racines. Et nous avons visité, je m'en souviens encore, une entreprise où il fabriquait des tableaux en nacre et en coquille d'œuf. Et là, je me rappelle, j'avais à peine 18 ans où j'ai vu ça et je me suis dit "c'est magnifique. Comment ils peuvent faire des tableaux avec de la nacre et faire des tableaux en coquille d'œuf avec un rendu extraordinaire?" Et en 2015, j'ai proposé à mon directeur de l'époque de lui dire: "J'ai une idée. Je voudrais réaliser un cadran de montre en coquille d'œuf avec la technique utilisée au Vietnam". Et mon patron, à ce moment là, on ne voyait pas trop de quoi je parlais. Alors je lui ai dit que je vais te faire une pièce. Et c'est à ce moment là que je lui ai désigné la collection de mosaïques de coquille d'œuf. C'était un éléphant dans une rivière et à partir de là, ça a bien fonctionné. Maintenant, c'est vrai que c'est une plus value pour la maison Jaquet Droz.

VOV5: J'ai appris qu'en 2019, la maison Jaquet Droz a présenté au public vietnamien un exemplaire unique d’une montre "Ha Long Bay I" dessinée par vous...

Lê Ngoc Thanh: Oui pour le projet Jaquet Droz, je travail avec un détaillant au Vietnam. Nous avons pu réaliser beaucoup de pièces pour ce revendeur. Donc, j'ai personnalisé beaucoup de montre pour le Vietnam. J'ai pu réaliser un paysage de la baie d'Ha Long. Je suis ravi de faire ce projet parce que ça me permet de replonger dans mes souvenirs du pays. J'adore faire ça. J'ai aussi réalisé le marché flottant sur un cadran aussi. Ce sont des endroits que j'ai visité et que j'ai pu les repeindre sur ces cadrans. Et je réalise aussi pas mal de projet concernant le nouvel an lunaire. Comme le buffle par exemple, je me rappelle beaucoup de ce signe et que j'ai inspiré par le Vietnam.

Lê Ngoc Thanh, la main et le cerveau - ảnh 3Le portrait Frayeur (photo: Lê Ngoc Thanh)

VOV5: Et en ce qui concerne votre carrière d'artiste d'indépendant?

Lê Ngoc Thanh: J'ai été passionné par la peinture déjà depuis tout le temps déjà, depuis que je travaille chez Jaquet Droz. En travaillant chez Jaquet Droz, j'ai pu peindre des paysages, de l'architecture, des portraits animaliers. Mais en tant qu'artiste, il me manquait toujours quelque chose. J'avais besoin de faire autre chose en dehors de la collaboration, le travail chez Jaquet Droz. J'ai besoin de m'exprimer. Alors ça a commencé, je pense aux années 2012 où j'ai construit ma maison. Je me suis fait une salle de répétition où je jouais de la musique avec des copains et j'ai dit tiens, pour décorer ma salle de musique, je vais faire des portraits, donc j'ai fait des portraits d'artistes à la gouache ou à la craie de papier. J'avais fait Richard, Carlos Santana, The Black Eyed Peas, etc. Et ça m'a bien plu. Donc, j'ai continué dans cet esprit là et j'ai continué à faire de l'hyper réalisme dans le portrait en réalisant des portraits à la craie de papier. J'ai commencé à les poster sur les réseaux sociaux et ça a bien marché.

VOV5: Vous avez parlé d'hyperréalisme dans le portrait. Qu'est ce que ça signifie exactement?

Lê Ngoc Thanh: Ma spécialité, c'est de faire des portraits, portraits d'émotions où je réalise des portraits avec des émotions et où je cache une subtilité dans le regard. C'est-à-dire que j'ai une toile que je vais vous présenter, que je l'ai intitulée Frayeur. C'est un portrait où on voit une émotion de peur et dans les yeux, on peut voir de quoi la personne a peur. Et dans ses yeux, on peut y voir un ours. Et c'est-à-dire au premier regard, quand on voit la toile, on se dit Ah, il se passe quelque chose dans ce regard. Mais quand on se rapproche, et bien on peut voir ce que la personne voit. Et c'est ça qui est intéressant. Et c'est ça que les collectionneurs aiment, car j'ai déjà pu vendre des toiles à des collectionneurs où ils m'ont dit qu'ils n'avaient jamais vu ça que dans le street art.

VOV5: Et pour l'avenir, y a-t-il des projets?

Lê Ngoc Thanh: Les futurs projets, c'est de créer une collection et de pouvoir les exposer en galerie. Et donc là, j'ai le projet de faire une expo dans une galerie d'art au mois de juin, de vendre mes toiles dans des salles de vente. Et bien sûr, ce que je rêve, c'est que mon art s'exporte vraiment partout, même au Vietnam. J'aimerais bien que mon art aille jusqu'à là bas. Et j'ai aussi réalisé ma chaine de Youtube. Je donne aussi des cours. Et je pense que c'est tout pour mes futurs projets car j'aime vraiment lancer dans l'œuvre d'art.         

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