Fabien Méheust, directeur régional adjoint de l’AUF d’Asie-Pacifique. Photo: Duc Quy/VOV5 |
Dès le début de la crise sanitaire, la scolarisation de plus d’un milliard d’élèves à travers le monde a été interrompue, avec de graves conséquences recensées par l’UNESCO. Aidé par les nouveaux moyens de communication, l’enseignement à distance est apparu comme une solution adéquate pour faire face à ce contexte inédit. Fabien Méheust, directeur régional adjoint de l’AUF d’Asie-Pacifique, nous en détaille les enjeux.
«L’enseignement à distance, imposé de fait par la pandémie, a mis en exergue que la formation des enseignants était tout aussi importante que la modernisation des infrastructures pour faciliter cette transition vers une approche pédagogique hybride. Et justement au tout début de la pandémie, d’importantes inégalités entre enseignants ont été relevées en termes d’utilisation de plateformes d’enseignement à distance ou en termes de maîtrise des méthodes et outils d’enseignement», nous dit-il.
L’AUF a lancé très tôt un plan d’action spécial au niveau international. Celui-ci s’est concrétisé dès 2020 en Asie-Pacifique par le «Plan d’accompagnement pour un enseignement supérieur à distance de qualité», que l’Agence a décidé de nommer par commodité Plan EAD. Comme son nom l’indique, ce plan visait à aider les établissements membres régionaux dans leur mission d’assurer la continuité pédagogique en renforçant la qualité des dispositifs de formation hybride et à distance. Fabien Méheust rappele quelques chiffres évocateurs pour illustrer cet accompagnement mené entre 2020 et 2021.
«Premièrement, ce sont 175.000 euros que l’AUF a consacré au plan EAD dans la région Asie-Pacifique ces deux dernières années. Ces soutiens se sont traduits de différentes manières: par le financement de projets conçus et portés par les membres, par les actions directement menées par l’AUF comme des webinaires, des formations ou des événements, mais également pas le financement de studio MOOC pour les huit meilleurs projets EAD présentés en 2020, financement qui s’est accompagné d’un programme de formation spécialisé depuis le montage d’un studio MOOC jusqu’à la production de contenus pédagogiques. Deuxièmement, le plan EAD a permis en tout et pour tout à 19 universités issues de neuf pays et collectivités d’outre-mer d’être accompagnées sur les thématiques correspondant à leurs besoins spécifiques», nous explique-t-il.
Le Vietnam est l’un des pays bénéficiaires du projet avec un budget de 75.000 euros attribué à 10 universités sélectionnées. L’Université de Hanoï, membre de l’AUF depuis 1994, a été le premier établissement vietnamien à bénéficier du plan EAD permettant de l’aider à organiser des cours hybrides pendant la période de distanciation sociale, laquelle a obligé le corps enseignant et les étudiants à travailler à domicile, comme nous le rappelle Trân Van Công, doyen du Département de français de ladite université.
«Nous avons rencontré au début des difficultés pour la mise en place des cours en ligne parce qu’il s’agissait de quelque chose de nouveau pour nous et que nous ne savions pas comment faire. Grâce à ce projet, nous avons pu nous associer à des experts dans le domaine des technologies de l’information et de la communication. Ils nous ont aidés à élaborer les contenus d’enseignement et à les mettre sur une plate-forme dédiée», nous raconte-t-il.
L’enquête qui a été menée suite au plan EAD 2020 a révélé, selon Fabien Méheust, un excellent taux de satisfaction concernant l’organisation, le format, les contenus de formation, la qualité des intervenants et surtout les aptitudes pédagogiques des experts en 2020. Forte de cette réussite, l’AUF vient de lancer un deuxième appel à projets pour pouvoir prolonger son accompagnement de ses membres, appel dont Nguyên Tân Dai, responsable du Campus numérique francophone de Hô Chi Minh-ville, nous précise les modalités.
Nguyên Tân Dai, responsable du Campus numérique francophone de Hô Chi Minh-ville. Photo: Duc Quy/VOV5 |
«La durée d’un projet, c’est au maximum 12 mois à partir du 1er juin 2022. En ce qui concerne le budget demandé à l’AUF, nous allons soutenir au maximum 70% du budget total du projet. Cela veut dire que ça va demander un cofinancement de part des universités qui portent les projets», nous explique-t-il.
La véritable innovation de cet appel à projets résidera dans la mise en œuvre de projets de courte durée sur 12 mois articulés avec les stratégies de développement de long terme sur quatre à huit ans. Le montant que l’AUF peut apporter à chaque projet sélectionné oscille entre 5.000 et 20.000 euros.
À moyen et plus long terme, dans un contexte concurrentiel accentué par la mondialisation, force est de constater que l’enseignement à distance s’est imposé durablement comme facteur de visibilité et vecteur d’attractivité de premier plan dans les stratégies d’internationalisation des établissements d’enseignement supérieur de la région.