Étienne Rolland-Piegue. Photo: Duc Quy/VOV5 |
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Les deux pays
sont conscients du rôle pionnier de la coopération décentralisée, qui a
commencé dès 1989. Les Assises, organisées tous les trois ans, sont l’occasion
de célébrer ce lien entre les territoires des deux pays. La présence de la présidente
de l’Assemblée nationale vietnamienne, du premier vice-président du Sénat et
des 600 participants aux Assises témoignent de la vitalité de cette coopération
territoriale.
Parallèlement
à ces grandes rencontres nationales, les collectivités continuent à tisser des
liens avec leurs homologues vietnamiennes. Ainsi, à Toulouse, plusieurs accords
ont été renouvelés, comme entre Hanoi et Toulouse ou encore entre le
département du Val-de-Marne et la province de Yen Bai. Un nouvel accord a été
signé entre Cergy Pontoise et Huê.
Panorama de l'ouverture des 11es Assises de la coopération décentralisée franco-vietnamienne tenues le 1er à Toulouse en France. Photo: VNA |
VOV5: Le développement durable et la résilience aux changements climatiques font-ils partie des priorités de la coopération décentralisée?
Le
développement durable et la résilience aux changements climatiques sont des
priorités de la coopération décentralisée franco-vietnamienne. Le thème des
11es Assises de la coopération décentralisée était ainsi formulé: «Des
partenariats au service du développement innovant et durable du territoire». La
question du développement durable a été le fil conducteur de chacun des cinq
ateliers de ces Assises qui réunissaient les collectivités des deux pays, des
partenaires institutionnels comme des hôpitaux ou des centres de recherche,
ainsi que des entreprises et des associations.
La question du
développement économique durable est ainsi au cœur de la coopération entre la ville
de Brest et Hai Phong autour de la pêche. De même, le projet de la région Ile
de France avec Hanoi, baptisé «Qualité de vie, qualité de ville» œuvre pour un
urbanisme durable. La préoccupation de lutte contre le réchauffement climatique
est à l’évidence intégrée dans les projets relatifs à l’assainissement des
eaux. Les exemples sont donc nombreux.
J’aimerais
rappeler également que sur cette question, la France, à travers son agence de
développement est aux côtés des collectivités vietnamiennes et françaises pour
aider le Vietnam dans sa lutte contre les effets du réchauffement climatique.
VOV5: Que prévoyez-vous pour approfondir la coopération
décentralisée entre les deux pays?
La coopération
décentralisée relève de la seule initiative des collectivités locales en
France. Le principe constitutionnel de libre administration les laisse libres
de mener ce que la loi appelle «l’action extérieure des collectivités» dans le
respect de la politique internationale de la France.
Toutefois,
l’État encourage cette coopération en offrant son expertise. L’ambassade
accueille régulièrement les délégations de collectivités françaises pour les
accompagner dans leurs actions de coopération. D’autre part, l’État apporte des
financements : le ministère des affaires étrangères subventionne certains
projets. De même, l’Agence Française de Développement contribue à des actions
de coopération, comme entre la région Ile-de-France et Hanoi. Enfin,
l’ambassade reçoit les collectivités vietnamiennes désireuses de nouer des
liens avec leurs homologues françaises et informe le réseau des collectivités
françaises de ce souhait.
De façon
générale, le ministère des Affaires européennes et étrangères soutient les
événements qui sont autant d’occasions de rencontres entre nos territoires et
leurs réseaux d’universités, d’hôpitaux et d’entreprises. En juin dernier 2018,
plusieurs collectivités s’étaient ainsi rendues en France pour des rencontres
économiques. Les Assises de 2019 sont la manifestation patente de cette volonté
d’accompagner et renforcer la coopération décentralisée entre la France et le
Vietnam.
VOV5: Que pensez-vous des relations qu’entretient la province
de Diên Biên et différentes collectivités locales françaises?
À ce jour, la
province de Diên Biên n’a pas signé de partenariat avec de collectivités
françaises. Des représentants de la province étaient présents aux Assises de
Toulouse. Nous espérons que cela aura été l’occasion de rencontres et de
premiers contacts avec de possibles partenaires français.
VOV5: En novembre dernier, le Premier ministre Édouard
Philippe est allé rendre hommage aux combattants français et vietnamiens de la
bataille de Diên Biên Phu. Comment interprétez-vous le message qu’il a voulu
émettre?
Le Premier
ministre Édouard Philippe est le premier haut dirigeant français à s’être rendu
à Diên Biên Phu depuis le Président Mitterrand en 1993. Comme vous l’avez
souligné, il a tenu à rendre hommage aux combattants des deux camps, en se
rendant successivement au Mémorial français et au Mémorial vietnamien. C’est le
premier sens de sa visite: rendre hommage à tous les combattants, à leur abnégation
et à leur courage, dans un lieu qui reste en France un puissant symbole de
l’engagement de nos armées.
Le deuxième
message adressé au peuple vietnamien et à ses dirigeants partait du constat que
cette guerre d’Indochine, cette bataille de Diên Biên Phu, constitue une page
douloureuse, tragique de notre histoire commune. C’est parce que nos deux pays
se sont réconciliés avec leur passé qu’ils regardent avec plus de force encore
leur avenir partagé. Les liens franco-vietnamiens puisent au plus profond de
notre histoire, avec ses pages heureuses, mais aussi ses épisodes sombres et
ses pages tragiques. J’ajoute que la visite des collines de la bataille de Diên
Biên Phu a suscité chez le Premier ministre français une émotion profonde.