Juliette (droite) et Cyprien |
C’est ainsi que le 5 mai dernier, Juliette et Cyprien, sont arrivés dans notre pays pour y effectuer un service civique en agronomie d’une durée de six mois auprès d'Enfance Partenariat Vietnam, à Kontum et à Pleiku. Juliette et Cyprien, donc, au micro de Thùy Linh… mais à distance, comme il se doit en cette période.
VOVworld: Pourriez-vous vous présenter en quelques mots?
Juliette, 25 ans, diplômée ingénieure agronome. J’aime me lancer des defis, découvrir de nouveaux horizons... Avant de venir au Vietnam, j’avais déjà eu l’occasion de voyager et de travailler à l’étranger. Je m'intéresse beaucoup à la gestion des ressources naturelles et au développement rural, et l’association EPVN met en place des projets impliquant une curiosité et des compétences sur ces thématiques. J’ai donc rejoint cette association dont je partage les valeurs, dans le cadre de mon service civique.
Cyprien, 25 ans, ingénieur agronome en césure. J’ai eu la chance de pouvoir me rendre en Asie de nombreuses fois déjà puis de m’investir dans un volontariat au Cambodge en 2018. Aujourd’hui cette mission de développement agricole en milieu rural est un nouveau défi personnel et professionnel, dans la continuité de mes aspirations...
VOVworld: Vous êtes au Vietnam depuis le 5 mai, quel est jusqu'à présent votre souvenir le plus marquant?
Juliette : Les moments marquants sont nombreux, c'est compliqué d'en choisir un! Personnellement, ce qui me surprend le plus depuis mon arrivée, c'est la gentillesse et la curiosité dont font preuve les Vietnamiens à notre égard. Même si on est la plupart du temps incapable de communiquer oralement, ils font tout pour pouvoir au moins nous saluer, s'intéresser à nous et souvent partager quelque chose. Par exemple, quelques semaines après notre arrivée, nous avons effectué un bivouac au sommet du Chu Dang Ya, en compagnie de Vietnamiens rencontrés à notre maison d’hôtes. Les paysages étaient à couper le souffle et je leur suis vraiment reconnaissante d'avoir partagé ce moment avec nous, je pense que je m'en souviendrai longtemps.
Cyprien: Tout comme Juliette, c'est difficile pour moi de choisir un seul moment. Depuis notre arrivée nous vivons des moments marquants, nous rencontrons des gens géniaux, nous faisons des randonnées avec des paysages de cartes postales …
Juliette et Cyprien en mission à Kon Tum. Photo: Enfance Partenariat Vietnam |
VOVworld: Revenons au sujet de votre projet de volontariat, pourquoi avez-vous choisi Kontum pour votre mission de service civique en agronomie?
Juliette: Cette mission nous a été confiée par EPVN. Elle s’inscrit dans la suite d’un projet initié l’an dernier et mise en pause à cause de la crise sanitaire. Donc, ce n’est pas nous qui avons choisi le lieu de la mission. Kontum est une province pauvre des Hauts plateaux où habitent des minorités ethniques (Bahnar, J’rai, et beaucoup d’autres...). Enfance Partenariat Vietnam, qui est une ONG française créée en 2007, travaille au Vietnam avec la Croix Rouge locale. EPVN a été sollicitée par la Croix Rouge de Kontum pour la construction d’une école maternelle dans la commune de Sa Bình et pour l’aide aux habitants les plus défavorisés. Depuis cinq ans, EPVN est donc engagée auprès de Kontum et l’année dernière, deux sage-femmes ont effectué des formations à l’hôpital de Kontum et EPVN a financé l’achat de matériel médical. EPVN s’est donc engagée, épaulée par la Croix Rouge locale, pour venir en aide aux familles de villages ethniques ainsi qu'à deux orphelinats partenaires, Vinh Son 3 et Vinh Son 4 (centre 2).
VOVworld: Et plus précisément en quoi consiste cette mission?
Cyprien: Nous nous sommes rendus à Kon Tum pour poursuivre une mission agronomique amorcée par Alban Montazel, le précédent volontaire en formation d’ingénieur agronome d’EPVN, qui était censé être au Vietnam pour six mois en 2020. Une partie de cette mission d’Alban s’organisait au Nord du Vietnam, dans deux villages ethniques. Elle consistait en une plantation de légumes riches en vitamines (en particulier la vitamine A) et en l’organisation de cours de nutrition pour les familles. Puis, la grande partie de la mission d’Alban se poursuivait à Kontum mais du fait de la pandémie de Covid-19, Alban a dû rentrer en France après plus d’un mois au Vietnam. Sa mission à Kontum était de planter 300 arbres fruitiers pour 21 familles des villages aux alentours de Kontum et de deux orphelinats partenaires. L’objectif? Favoriser l’accès à une alimentation riche et diversifiée pour toutes les familles à faibles revenus et les orphelins. D’autre part, la vente des fruits en surplus sur les marchés permet de générer une nouvelle source de revenus pour les familles et donc d’augmenter leur pouvoir d’achat. Ce qui est la priorité pour EPVN: que les familles vivant en dessous du seuil de pauvreté puissent augmenter leurs revenus et être autonomes tout en bénéficiant des connaissances des volontaires en agriculture d’EPVN (c’est-à-dire dans ce cas de nos connaissances théoriques et pratiques d’ingénieurs agronomes).
VOVworld: Et comment communiquez-vous avec les habitants locaux, qui appartiennent à des ethnies, pour la plupart...
Juliette: La conduite de ces missions ne serait pas possible sans l’aide de Bdao, l'interprète et assistante de projet d'EPVN, qui parle trois langues de minorités ethniques ainsi que le vietnamien et l’anglais. En plus de pouvoir parfaitement communiquer, Bdao est originaire de la province de Kontum: elle connaît donc les cultures et traditions, les besoins et les attentes des villageois. Cette connaissance est un atout indispensable pour pouvoir penser et concevoir des missions qui s’adaptent précisément aux besoins des familles. Par exemple, préparer des recettes de cuisine avec des aliments que les minorités peuvent se procurer facilement et qui correspondent à leur goûts et habitudes alimentaires. Nous travaillons en coopération avec la présidente de La Croix Rouge de Kontum, qui est médecin elle-même, et qui nous aide à adapter nos cours de nutrition aux besoins médicaux et carences alimentaires constatés.
VOVworld: Comment vivez-vous la crise sanitaire? Est-ce que votre mission s'en ressent?
Cyprien: Oui la crise sanitaire impacte directement notre mission. Nous avons été épaulés en France par EPVN et l’ambassade de France à Hanoï et nous sommes restés en quatorzaine à notre arrivée à Hô Chi Minh-ville. Du fait de la pandémie, nos déplacements sont limités dans les villages pour le moment, et l’obtention de nos autorisations pour planter des arbres est retardée. Mais nous avons bon espoir car nous sommes très aidés par La Croix Rouge de Kontum.
VOVworld: Et alors comment faites-vous face?
Juliette: Pour faire face, nous avons dû adapter la mission. Nous avons commencé notre mission à Pleiku (où nous sommes arrivés en avion) et sommes restés pour rendre visite aux fournisseurs de matériel agricole et d’arbres fruitiers pour préparer nos plantations et préparer nos cours de nutrition. Puis nous sommes arrivés à Kontum et nous avons commencé à travailler avec la Croix Rouge.
Cyprien: Nous continuons de travailler à distance sur les cours de nutrition et de cuisine, depuis Kontum. Comme expliqué précédemment, Bdao étant originaire de Kontum, elle reste autorisée à se rendre dans les villages. Elle commence à animer les ateliers (cours de cuisine) et nous organisons avec elle ces interventions. Compte tenu du contexte, ces cours se déroulent dans le respect des conditions sanitaires, auprès d’un effectif très limité: entre cinq et sept personnes. Les prochains volontaires en formation d'ingénieurs agronomes poursuivront ces cours de nutrition l’année prochaine. Plus globalement et avec l’aide d’Huong (coordinatrice projets d’Enfance Partenariat Vietnam) et Bdao, nous effectuons un état des lieux de la situation des différents bénéficiaires des projets d’EPVN. Ce travail, après présentation et concertation avec l’Équipe d’EPVN, permet de bâtir notre mission et les prochaines qui pourront être conduites dans la province de Kon Tum.
VOVworld: Quels sont vos projets pour l'avenir?
Juliette: À court terme, que l'on puisse mener à bien les missions qui nous sont confiées dans le cadre de ce service civique et préparer au mieux les prochaines, afin qu'EPVN puisse continuer d'apporter une aide pertinente et adaptée visant à l'amélioration des conditions de vie des personnes auprès desquels elle intervient. À long terme, c'est plus compliqué de se projeter du fait de la crise sanitaire, mais j'aimerais dans un premier temps rentrer en France pour passer du temps avec mes proches puis repartir en Volontariat de Solidarité Internationale sur des thématiques similaires.
Cyprien: Pour ma part, je recherche déjà un stage de fin d’étude dans la continuité des missions de ce service civique. En parallèle, comme je suis également passionné de musique, je souhaite, à mon retour en France, prendre le temps de construire des projets musicaux personnels.