L'usine d'Air Liquide, à Yên Phong (photo: Air Liquide)

«La crise a largement impacté notre organisation au Vietnam, notamment au Nord, sur notre site de Yên Phong», se rappelle-t-elle. «Dès que les restrictions sont arrivées, nous avons mis en place le système 3 en 1, où une équipe travaille, mange et dort sur le même site pour maintenir la production. Nous avons réparti nos équipes dans plusieurs lieux. Notre équipe logistique et une partie des équipes de production étaient localisées dans les bureaux. Une autre partie des équipes de production étaient dans la salle de maintenance. Et pour nos chauffeurs, nous avons loué un hôtel spécifique à proximité des bureaux pour qu'ils puissent être séparés... On a eu un impact sur l'activité chez nos clients, dont un impact de revenu. Et puis une augmentation des coûts sur un certain nombre de projets… C’est vrai que quelqu'un qui visiterait notre site aujourd'hui aurait du mal à imaginer qu'il y a quelques mois, l’économie était quasiment à l'arrêt».

Luong Van Anh (photo: Anh Tuan/VOV5)

Air Liquide est une entreprise où la plupart des étapes de production sont faites par des machines. Seule une trentaine d'employés sont présents en permanence sur une superficie de quelques mille mètres carrés. Dans ces conditions, on peut se dire qu’a priori, les restrictions sanitaires doivent être acceptées sans trop de difficultés... Sauf que… Luong Van Anh a passé la plupart de son temps de distanciation sociale dans la salle de maintenance...

«On avait divisé notre équipe en plusieurs petits groupes de 2 personnes. L’idée, c’était de rester dans cette salle pendant 7 à 10 jours avant qu'un autre groupe vienne prendre la relève… Il y a le problème psychologique, évidemment, mais pas seulement… Une fois rentré chez moi, j’ai été appelé par des collègues qui avaient besoin d’explications sur tel ou tel point… Et là, sans documents, sans ordinateurs, et surtout sans accès au site, c’est mission impossible», nous explique-t-il. 

Nguyên Van Chinh (photo: Anh Tuan/VOV5)

À une trentaine de mètres de la salle de maintenance, se trouvent les bureaux. Aujourd’hui, tout semble normal. Seul le port du masque rappelle que l’épidémie n’est pas tout à fait finie. Cela étant, les employés d’Air Liquide sont tous dûment vaccinés et peuvent donc s’autoriser une certaine forme de proximité sans prendre le risque d’en pâtir… Nguyên Van Chinh, qui s’occupe de la clientèle, est heureux et soulagé…

«Dans la mesure où l’entreprise produit de l'oxygène pour les hôpitaux, les employés étaient prioritaires pour la vaccination : il fallait absolument pouvoir maintenir la production…  Moi, je fais partie de ceux qui sont restés dans les bureaux. Alors évidemment, quand on avait un problème technique, il fallait se débrouiller… Ca n’a pas toujours évident!... Mais bon, le plus difficile, ça a été sur le plan personnel… Personnellement, j’ai dû repousser mon mariage à cinq reprises! Maintenant, ça y est… Je suis marié et avec ma femme, on attend notre premier enfant», nous raconte-t-il.  

Nguyên Thi Hông Lan (photo: Anh Tuan/VOV5)

Nguyên Thi Hông Lan, la dispatcheuse de l'équipe, est en train d'organiser des livraisons. Pour elle, la nouvelle normalité est plus qu'un soulagement…   

«Vous ne pouvez pas imaginer la complexité de mon travail durant la distanciation sociale. En tant que responsable de la logistique, je devais préparer les justificatifs pour tous les chauffeurs. Et comme chaque localité avait sa propre politique, les papiers à préparer étaient eux aussi différents... Il m'est arrivé d’avoir réuni tous les documents nécessaires mais que ça ne suffise pas… Il fallait en plus que les chauffeurs soient testés tous les deux ou trois jours… Là, avec les nouvelles politiques, mon travail est redevenu abordable…», nous confie-t-elle. 

Claire Rosseler, la directrice générale d'Air Liquide Vietnam (photo: aigavn.com.vn)

Depuis plusieurs mois, le Vietnam vit au rythme d’une «nouvelle normalité» qui rime avec plus de justificatifs de déplacements, plus de tests… Pour Air Liquide, ce retour à la normale est bien évidemment synonyme de reprise accélérée, comme nous le confirme bien volontiers Claire Rosseler.

«Et là, on voit la reprise de la consommation de nos clients dans un grand nombre de secteur. Aujourd'hui la consommation est revenu au niveau d'avant crise. Et ce qu'on voit aussi c'est qu'il y a beaucoup de projets d'investissement au Vietnam. Le gouvernement encourage ouvertement les entreprises à investir plus et plus rapidement. Donc on voit un impact sur notre activité, avec à la fois l'augmentation de la demande mais aussi l'arrivé de nouveaux projets qui amènent de la demande», nous dit-elle.  

Au Vietnam, la crise sanitaire est maintenant sous contrôle. Certaines entreprises comme Air Liquide entendent profiter de l’embellie pour faire rebondir la production. Elles ont raison: tous les voyants sont désormais au vert.