Valérie Pécresse et Nguyên Duc Chung, président du comité populaire de Hanoï, ont signé le 25 juin 2018 un nouveau programme d’actions conjointes pour le développement de la coopération entre les deux territoires pour les trois prochaines années. Photo: regions-france.org |
J’éprouve une grande sympathie pour le Vietnam. Pendant les quatre ans où j’ai été ministre de l’Université et de la Recherche en France, j’ai été à l’origine de la négociation de la création de l’université franco-vietnamienne des sciences et des technologies de Hanoï. Et maintenant, je reviens en tant que présidente du Conseil de la région de Paris. L’idée est de développer davantage les domaines dans lesquels nous coopérons depuis 30 ans maintenant. C’est, je crois, la plus ancienne coopération de la ville de Hanoï avec une collectivité française.
VOV5: Sur quels secteurs porte la coopération entre vos deux parties?
Il y a trois volets dans le développement de notre coopération. Le premier est l’environnement et la ville, notamment avec la mise en place du projet de ville durable «Qualité de vie/Qualité de ville». Outre la qualité de l’air, il y a aussi la gestion des déchets, le système de transport, le métro et l’urbanisme. Nous avons une délégation de Paris Région Expertise à Hanoï, qui travaille sur tous les aspects de la ville. Depuis 30 ans, nous réalisons le plan d’urbanisme de la ville de Hanoï. Celui-ci a remporté, au Vietnam, le prix du meilleur plan d’urbanisme en coopération.
Le deuxième volet porte sur la culture et le tourisme. C’est pour ça que j’ai reçu et consulté tous les tour-opérateurs vietnamiens. Mardi 16 juillet, nous avons signé un partenariat entre la citadelle impériale de Hanoï et la ville de Provins et nous avons travaillé sur la restauration des monuments. Je souhaite vraiment que nous puissions participer aux travaux de restauration dans le quartier français. Il faut d’ailleurs noter que nous travaillons aussi avec l’ambassade du Vietnam en France sur le projet de restauration de ses infrastructures en Île-de-France. Ce sont des projets patrimoniaux communs.
L’année dernière, le nombre de touristes vietnamiens a augmenté de 40 % et la moitié de ceux qui sont venus en Île-de-France veulent y revenir. Nous leur proposons de nouvelles offres touristiques plus romantiques, encore plus sures et plus gourmandes.
Le troisième volet de la coopération, concerne la technologie et l’innovation, avec la création du Hanoi French City Lab qui est un incubateur dans lequel les startups de Hanoï pourront venir se réunir et grandir comme sur le modèle de la Station F à Paris qui est le plus grand incubateur du monde. Lorsque le président du comité populaire de Hanoï est venu à Paris, il est allé visiter la Station F et nous souhaitons que le Hanoi French City Lab fasse partie du réseau d’incubateurs que nous mettons en place avec la ville de Paris, mais aussi avec toute une série de capitales francophones. L’idée, c’est que les startups incubées dans le Hanoi French City Lab participent à VivaTech, le plus grand Salon de l’innovation d’Europe, pour leur faire découvrir le marché européen.
VOV5: La qualité de l’air constitue probablement une priorité stratégique entre la région Île-de-France et la ville de Hanoï avec l’inauguration récente d’une nouvelle station de mesure de la qualité de l’air au sein de l’ambassade de France.
Photo: hanoimoi.com.vn
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Depuis des années, la région de Paris et la ville de Hanoï collaborent sur cette question qui est une des plus graves questions de santé publique en Asie, mais aussi en Europe. L’ambassade de France a souhaité être, elle aussi, partie prenante d’un réseau de capteur de l’air qui va être déployé à Hanoï avec AirParif et la société francilienne ENVEA qui a conçu ce capteur.
Valérie Pécresse lors de l’inaguration d’une nouvelle station de mesure de la qualité de l’air positionnée dans le parc de l’ambassade de France à Hanoi. Photo: Duc Quy/VOV
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Nous sommes à la pointe de la technologie pour recueillir toutes les informations sur la pollution de l’air avec ces capteurs. Le capteur de l’ambassade de France fait partie des relais déployés dans Hanoï. Pour lutter contre les phénomènes de pollution, il faut d’abord connaître le niveau de pollution. Vous pouvez aussi voir comment les restrictions de circulation ou l’évolution des véhicules ont des impacts sur la pollution. Il est très important de connaître et de développer les bons comportements, notamment chez les hanoïens.
VOV5 : Pourriez-vous nous parler un peu plus du projet «Qualité de vie/Qualité de ville» ?
C’est un projet très important d’un montant d’un million d’euros avec le financement du comité populaire de Hanoï, de la région Île-de-France, mais aussi de l’Agence française de Développement. C’est un projet conséquent, qui nécessite le déploiement de plusieurs dizaines de capteurs dans la ville. Grâce à eux, on connaîtra le taux de particules de chaque zone et nous saurons comment modifier la circulation pour réduire la pollution ou l’activité économique, car il y a aussi la question du chauffage urbain et celle des usines. L’Institut de Recherche pour le Développement a montré au président du comité populaire de Hanoï une maquette permettant de voir l’impact de la circulation sur la pollution. Cela permettra au président du comité populaire de Hanoï de prendre des décisions, afin de modifier la circulation pour réduire la pollution. Des dizaines de milliers de personnes meurent chaque année de problèmes respiratoires partout dans le monde.
VOV5: Pourriez-vous évoquer avec nous quelques réalisations de votre région afin de réduire la pollution de l’air ?
Ce que nous faisons nous en Île-de-France, c’est restreindre la circulation de certains types de véhicules trop polluants. Par ailleurs, nous avons aussi mis en place des aides financières, car chez nous, en hiver, quand il fait froid, la pollution provient des chauffages. Nous avons donc organisé le remplacement de ces chauffages. Ce que nous faisons, c’est un échange d’expériences. Nous expliquons au Vietnam ce que nous faisons en Île-de-France pour vous donner des idées.