Nguyen Viet Trung chez lui en Pologne (Photo : vnexpress.net) |
Pas de nœud papillon ni de queue de pie... Lorsqu’il n’est pas sur scène, Nguyễn Việt Trung redevient un jeune homme souriant. Lunettes carrées, chemise blanchâtre, sacoche gris clair en coton accrochée en bandoulière… Indépendamment de la popularité dont il jouit aussi bien dans le pays de Chopin que dans le sien, il reste humble et simple, comme au début de sa carrière.
«J’ai une sœur qui a sept ans de plus que moi», nous raconte-t-il. «Quand j’avais quatre ans, je la suivais partout, même pour les cours de piano, parce que je ne voulais pas rester tout seul à la maison. Je profitais de la pause pour tapoter un peu les touches blanches et noires du clavier. Et visiblement, ça a éveillé l’attention de la prof de ma sœur, qui a aussitôt suggéré à mes parents de me laisser faire du piano.»
C’est comme ça que le petit Trung a commencé le piano, pas pour son plaisir, mais plutôt pour celui de ses parents. Il lui a fallu quelques années pour que s’affirme sa vocation.
«À 13 ans, je me suis produit à l’Opéra de Hanoi. Tout le monde était debout pour m’applaudir. Ça m’a complètement transformé. Tu sais, quand tu te donnes à 100% et que le public apprécie tes efforts, ça, c’est le bonheur... Ce jour-là, j’ai compris que je ne pouvais plus me passer de piano», nous confie-t-il.
Lorsqu’on demande à un pianiste qui a grandi en Pologne quel est son compositeur fétiche, la réponse semble aller de soi. Et à ce jeu-là, Trung ne fait pas exception.
«Chopin, bien sûr! Je m’endors souvent avec les écouteurs qui diffusent ses Nocturne et ses Scherzos. Je dois dire que j’ai une affection particulière pour le Nocturne opus 20, la Réminiscence, que j’ai joué lors d’un concours organisé à Lwów, en Ukraine. J’ai vu des larmes dans les yeux des spectateurs. Il faut dire que Lwów est une ville qui a été polonaise, dans le passé, et que du coup, une telle musique ne pouvait que susciter de la nostalgie. C’est un beau souvenir», nous explique-t-il.
Le public aura donc agi comme un révélateur, pour Trung, qui conçoit volontiers son rôle comme celui d’un transmetteur.
«Quand on chante, on comprend tout de suite les paroles», nous dit-il. «Mais avec de la musique instrumentale, il n’y a que des notes, et là, ce n’est pas évident pour tout le monde. Chacun a une perception différente. Ca dépend beaucoup des expériences qu’on a, des émotions qu’on ressent sur le moment… Et ce n’est forcément en lien avec ce que le compositeur a voulu exprimer… Alors moi, quand je suis sur scène, ce n’est pas pour me montrer, pour ‘faire le beau’, mais simplement pour essayer de transmettre cette musique, de la faire sonner, tout simplement, et de la rendre accessible.»
Photo: vnexpress.net |
Force est de constater que Trung n’est effectivement du genre à se prendre pour une super star. Quand les gens viennent le congratuler, après un concert, il échange quelques mots avec eux et les remercie d’être venu, avec cette simplicité qui est la marque des vrais artistes.
«C’est vrai que les spectateurs me donnent vraiment envie de monter sur scène», affirme-t-il. «Sinon, je passe dix heures par jour enfermé entre quatre murs… Mais quand je suis en concert, il y a une atmosphère unique qui me donne envie de tenter des choses, de me dépasser. C’est une sensation unique.»
Bien que d’aucuns le surnomment «prince héritier de Đặng Thái Sơn», Trung n’aime pas être comparé à son professeur qu’il respecte et admire. Pour l’instant, il est attendu à l’Académie de musique Felix Novobilski, à 300 kilomètres de Varsovie, pour se préparer au plus prestigieux des concours, le Concours international Frédéric Chopin, son objectif le plus cher.