Photo: VOV.VN
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L’accord prévoit la suppression des droits de douane sur 64 % des
produits de toutes les parties signataires dès son entrée en vigueur, à
savoir après sa ratification par 9 des 15 pays signataires, dont 6 de l’ASEAN. Dans
les 20 ans qui suivent, le Vietnam supprimera les taxes sur près de 90%
des produits des pays hors ASEAN, lesquels feront de même pour 92% de ses
produits. Quant aux pays de l’ASEAN, ils envisagent une supression totale des
taxes. Certains produits bénéficieront d’une exonération totale immédiate comme
les produits issus des
télécommunications et des technologies de l’information, les produits
mécaniques, chimiques ou agricoles. L’économiste Vo Tri Thanh explique:
« Le
RCEP devrait normalement profiter à toutes les entreprises vietnamiennes et pas
aux seules entreprises exportatrices. En effet, l’augmentation du pouvoir
d’achat au Vietnam et l’émergence de nouveaux besoins parmi la classe moyenne devraient
permettre aux entreprises locales de se développer notamment dans les secteurs
du tourisme, des services, de l’éducation, de la santé ou
encore de la vente au détail. Cet accord devrait également favoriser les investissements
étrangers au Vietnam où la situation sanitaire est sous contrôle, contrairement
à plusieurs autres pays du monde. L’industrie manufacturière et auxilliaire devrait
bénéficier de ces flux d’investissement
et des transferts technologiques en résultant ».
Photo d'illustration: AVI
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De l’avis des économistes, la filière
aquatique devrait être la grande gagnante de l’accord compte tenu que dès son
entrée en vigueur, aucun droit de douane à l’exportation vers la Chine, le
Japon, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et dans tous les pays de l’ASEAN ne
sera facturé, et ce, sur presque la totalité des produits aquatiques
vietnamiens. La République de Corée appliquera quant à elle une suppression
progressive pendant 10 à 15 ans.
L’accès des produits vietnamiens sur ces
marchés sera également facilité en raison de l’application d’une même et unique
réglementation sur l’ensemble de la zone. Nguyên Thi Quynh Nga, directrice
adjointe du département du commerce multilatéral, relevant du ministère de
l'Industrie et du Commerce, précise :
« Contrairement aux accords de
libre-échange bilatéraux signés avec la Chine, le Japon, la République de
Corée, l’Australie et la Nouvelle-Zélande qui imposent au Vietnam de se
conformer aux règles et procédures d’exportation de chacun de ces pays pour
bénéficier des réductions de droits de douane, les signataires du RCEP sont
soumis aux mêmes formalités d’exportation. Les entreprises vietnamiennes seront
notamment libres d’utliser les matières premières de n’importe quel pays
signataire du RCEP pour bénéficier des tarifs préférentiels de cette zone de
libre-échange ».
Le Vietnam importe essentiellement les
composants de ses produits électroniques destinés à l’exportation du Japon et
de République de Corée, alors que les matières premières destinées à ses
produits textiles proviennent principalement de Chine et de la République de
Corée. Une fois vendus à l’un des pays
signataires du RCEP, ces produits clés bénéficieront des tarifs douaniers
appliqués au sein de la zone de libre-échange.
Le RCEP représente un marché de 2,2 milliards
de consommateurs, affirme Nguyên Thi Thu Trang, directrice du Centre de l’OMC
et de l’intégration de la Chambre de commerce et d’industrie du Vietnam. Selon
elle, la concurrence mise à part, le RCEP devrait être un levier de croissance
significatif pour le pays compte tenu que les principaux pays importateurs de
produits vietnamiens sont signataires de l’accord. Nguyên Thi Thu Trang.
« La concurrence sera acharnée tant sur le
marché domestique que sur le marché régional. A ce jour par exemple, aucun
accord de libre-échange bilatéral n’a été signé entre la Chine et le Japon.
Mais ces deux pays étant signataires du RCEP, les marchandises exportées depuis
l’un ou l’autre de ces pays bénéficieront des supressions de droits de douane.
La Chine risque donc de devenir notre principal concurrent sur le marché
japonais. Pour pouvoir tirer leur épingle du jeu, les entreprises vietnamiennes
doivent absolument améliorer leur compétitivité ».
Pour détrôner les produits chinois, les
entreprises vietnamiennes ont tout intérêt à revoir leur organisation et leurs
méthodes de gestion, à s’équiper de nouvelles technologies et à améliorer la
qualité de leurs produits.