Les estampes de Dông Hô
ont connu leur période de gloire entre la fin du XIXe siècle et
1944. A l’époque, les 17 lignées familiales du village pratiquaient ce métier.
A l’occasion du Nouvel an lunaire, les clients venaient de tout le delta du
fleuve Rouge. Les villageois connaissent par cœur le dicton populaire
immortalisant cet âge d’or: «Quoi que tu fasses, où que tu ailles, n’oublie pas
de revenir au 12e mois lunaire pour le commerce des estampes».
Famille de cochon
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Les artisans de Dông Hô
continuent d’utiliser d’anciennes planches en bois gravées, dont les plus
anciennes remontent au XVIe siècle. Les estampes, elles, sont
produites à partir d’éléments de la nature. Le papier, appelé dó en vietnamien,
est fait à partir de l’écorce d’un arbre tropical, le rhamnoneuron, qui
pousse dans des montagnes de la province de Bac Ninh. Ce papier est à la fois
spongieux, doux, mince et résistant. Pour le fortifier, les artisans pilent du
riz gluant et des coquillages, puis ils font bouillir la poudre ainsi obtenue jusqu’à
l’obtention d’une colle épaisse. Avec un pinceau constitué d’aiguilles de pin,
ils enduisent le papier de cette colle nacrée, puis le font sécher au soleil.
Le papier ainsi nacré résiste bien à l’humidité, il ne moisira pas et aura une
certaine longévité. Les estampes de Dông Hô disposent de cinq couleurs
principales: le noir, le vert, le bleu indigo, le rouge et le jaune. Toutes
proviennent de la nature, assure Nguyên Thi Oanh, une artisane chevronnée.
Un atelier de création d'estampes destiné aux élèves (Photo: nhandan.com.vn)
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«Le rouge vient des cailloux en
montagne, le noir de feuilles de bambou brûlées ou des cendres de paille de
riz. Le jaune vient de la fleur du sophora du Japon, le vert de plantes
molles…», précise-t-elle.
A leur apogée, les
estampes de Dông Hô traitaient de 180 sujets différents regroupés en cinq
thématiques: culte, histoire, vœux, vie quotidienne et collection inspirée de
contes.
Elles décrivaient
des scènes de vie, des beaux paysages, des personnages légendaires… exprimant
l’aspiration de tout un chacun à une vie prospère et heureuse.
Avec le temps, le
développement économique et l’ouverture pays, les clients ont des choix plus divers
et ces estampes n’ont plus la cote. Les artisans qui continuent d’exercer le
métier ancestral ne se comptent plus que sur les doigts d’une main. Plus de 90%
des 400 ménages de Dông Hô ont désormais opté pour la production et le commerce
d’objets votifs, au risque de faire disparaître complètement le savoir-faire
ancien.
«Il est nécessaire d’élaborer un
dossier scientifique en vue de l’inscription du savoir-faire des estampistes de
Dông Hô sur la liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une
sauvegarde urgente. C’est très important autant pour la préservation et la
valorisation du métier que pour sensibiliser les habitants à ce travail», estime Nguyên Huu Viêt, un collectionneur d’estampes populaires.
Si les responsables
de l’Unesco apprécient le dossier du Vietnam, le pays aura une nouvelle fois
l’occasion d’apporter sa part à l’enrichissement de la culture mondiale.