Photo d'illustration: VOV
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Depuis sa
création en 1945 jusqu’à la fin des années 1960, la Voix du Vietnam a été
l’unique moyen de communication pouvant atteindre les régions lointaines et
reculées. La nuit de Réveillon, des millions d’auditeurs attendaient avec
impatience le moment où le Président Hô Chi Minh allait déclamer son poème du
Têt. Il n’était pas rare de voir des villages entiers se retrouver autour d’un
poste de radio pour écouter les plus belles voix de la VOV dans l’émission
« Contes nocturnes ». Pour Luong Xuân Bang, de Thai Binh, la Voix du
Vietnam est une partie de sa jeunesse...
« Quand j’étais adolescent, les personnes
qui avaient un petit poste de radio accroché à la ceinture en étaient très
fières, tout comme celles qui les premières possédaient un téléphone portable.
Nous avions l’habitude d’aller chez notre voisin pour écouter sa radio »,
se souvient-il. « Après, lorsqu’on a eu notre propre poste de radio,
on écoutait à longueur de journée, au point de connaître par cœur chaque
émission, chaque animateur »
Aujourd’hui
encore, les génériques des émissions ayant fait la renommée de la Voix du
Vietnam sont conservés au Centre de
production et d’archivage, au même titre que les archives historiques, les
enregistrements des meetings et des évènements importants du pays, précise Vu
Hai Quang, vice-président de la VOV.
« La Voix du Vietnam est née 5 jours
après la République démocratique du Vietnam, l’actuelle République socialiste
du Vietnam qu’elle accompagne depuis 75 ans, à travers deux guerres et la
période de Renouveau », rappelle-t-il. « De
cette histoire glorieuse, nous conservons des enregistrements extrêmement précieux
tels que la proclamation de l’indépendance par le Président Hô Chi Minh, des
chansons qui ont survécu aux affres du temps et des voix qui sont entrées dans
la légende. Je pense notamment à Kim Cuc, l’animatrice émérite qui a annoncé la
victoire du 30 avril 1975 et à l’animatrice anglophone Trinh Thi Ngo qui a
marqué la mémoire de tous les soldats américains l’ayant écoutée ».
Une technicienne du Centre de production et d’archivage. Photo : VOV
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Pendant la
guerre, outre le maintien du fonctionnement de la radio nationale, l’une des
missions majeures des techniciens consistait à sauvegarder ces enregistrements
considérés comme un véritable trésor national, nous indique Nguyên Van Tu,
ancien cadre du Centre de production et d’archivage.
« Pendant la résistance anti-américaine,
la Voix du Vietnam a été évacuée à plusieurs reprises. Et à chaque fois, mes
prédécesseurs devaient trouver un endroit sûr pour conserver les
enregistrements », nous dit-il. « Ils
faisaient systématiquement une copie qu’ils laissaient à Hanoï ».
En 2008, avec
l’aide de la Deutsch Welle, la Voix du Vietnam a pu numériser plus de 30.000
heures d’enregistrements sonores. Elle continue néanmoins à prendre soin de ses
vieilles bandes magnétiques. En les transformant en fichiers informatiques, les
techniciens essayent de les renouveler grâce à des produits chimiques.
Aujourd’hui
qu’elle est devenue un groupe multimédia, la Voix du Vietnam conserve également
des photos, des vidéos, des graphiques et des documents écrits, nous fait
savoir Nguyên Nang Khang, directeur adjoint du Centre de production et
d’archivage.
« Nous avons une double mission : fournir
des enregistrements aux producteurs d’émissions et préserver le patrimoine
sonore de la radio », indique-t-il. « Transition numérique oblige,
nous pouvons aujourd’hui stocker nos enregistrements numérisés à la fois de
manière physique et dans des ‘nuages numériques’»
Avec le temps,
le centre d’archivage de la Voix du Vietnam se remplit. Des sons de la vie, des
déclarations et des actualités d’aujourd’hui pourront très bien devenir des documents
historiques pour l’avenir. Les techniciens sont fiers de constituer et de
sauvegarder ce patrimoine qui sera légué aux générations futures, lesquelles à
leur tour continueront de l’enrichir.