Photo: Hoai Thu/AVI

À Sut M’dung, qui est un village du district de Chu M’ga, la troupe villageoise répète assidûment ses numéros de gong, de flûte et de conte d’épopées. Elle se produit régulièrement devant les villageois, mais aussi devant les touristes et parfois, sur de grandes scènes régionales. Y Muc Niê, Y Von Niê et Ama Ydam sont trois des membres de la troupe qui ont été promus maîtres d’art.

«Pour accueillir les visiteurs, nous remplissons les jarres d’eau et jouons du gong pour informer tout le village», dit le premier.

«Notre troupe de gong est très fière de pouvoir se produire partout pour faire connaître la culture de notre ethnie», partage le second.

«Les seniors apprennent le gong aux jeunes tous les mercredis et vendredis, au soir. Il faut répéter beaucoup pour acquérir une vraie maîtrise de l’instrument», insiste Ama Ydam.

Pham Thi Thu, la vice-présidente de la commune de Chu Suê, à laquelle est rattaché le village de Sut M’dung, nous explique que les autorités communales soutiennent la population dans la préservation des identités culturelles locales, a fortiori celle des Ede. C’est un moyen d’enrichir leur vie culturelle et spirituelle, souligne-t-elle…

«Dans la vie, le matériel doit aller de pair avec le culturel. Ici, après les heures de travail, nous nous rassemblons pour jouer du gong. Les enfants rentrés de l’école voient ça et éprouvent également le désir de jouer avec les adultes. C’est ainsi que nous avons pu ouvrir des classes de gong. Avec un soutien de l’État, ce modèle pourrait facilement être généralisé et les identités culturelles pourraient être préservées», nous fait-elle observer.

Photo: daidoanket.vn

Akô Thông, dans la ville de Buôn Ma Thuôt, compte parmi les plus beaux villages Ede de la province de Dak Lak. C’est d’ailleurs l’un des villages de minorités ethniques les plus captivants des Hauts plateaux avec ses 30 maisons longues nichées sous des ombrages rafraîchissants. Très au fait de la modernité, les villageois restent pourtant attachés à leurs maisons sur pilotis, et leurs gongs, comme en témoignent deux d’entre eux, Y Pin Bling et Xac Ly.

«D’autres villages ont décidé de construire des maisons en béton, mais ici, nous tenons absolument à notre tradition des maisons sur pilotis», dit le premier.

«Venez dans notre village, Akô Thông, pour visiter nos maisons longues traditionnelles et profiter d’une immersion totale dans la culture Ede avec la musique des gongs, la voix des conteurs d’épopées et la danse collective xoang à côté d’un feu de bois», ajoute le second.

En fait, à une certaine époque, quelques villageois avaient eu l’intention de remplacer leurs maisons en bois par des constructions plus modernes. Certains envisageaient même de vendre leurs gongs. Cependant, le patriarche villageois, Ama H’rin, et les responsables locaux les ont persuadés de changer d’avis. Cette intervention opportune a contribué à préserver un Akô Thông aussi authentique qu’aujourd’hui. Selon Vu Van Hung, le président du comité populaire de la ville de Buôn Ma Thuôt, capitale de la province de Dak Lak, la préservation et la valorisation des identités culturelles ethniques constituent une mission clé de la stratégie de développement culturel locale.

«Chaque année, nous concrétisons notre engagement par des programmes d’action dont beaucoup profitent aux 33 villages Ede que compte la ville», indique-t-il.

L’année dernière, la province de Dak Lak a organisé une série d’activités telles que des ateliers de formation sur la préservation du patrimoine culturel immatériel des villages et la restauration de certaines cérémonies traditionnelles des Ede. L’administration provinciale soutient également le développement du tourisme communautaire qui s’avère très efficace, à la fois pour l’augmentation des revenus et pour la promotion des valeurs culturelles traditionnelles.