La Chine investit dans une
centaine de zones industrielles en Afrique - Photo sggp.org.vn
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Le dirigeant chinois va visiter quatre pays au cours de sa
tournée africaine: le Sénégal, le Rwanda, l’Afrique du Sud et l’île
Maurice, et participera au sommet des pays émergents BRICS (Brésil, Russie,
Inde, Chine et Afrique du Sud). Le programme s’annonce de fait bien chargé pour
Xi Jinping mais aussi crucial pour préparer le sommet Chine-Afrique prévu en
septembre prochain à Pékin.
Un renforcement de l’influence à tous
les niveaux
La tournée de Xi Jinping vise à dessiner une
ceinture d’influence autour du continent africain, lequel occupe une place
primordiale dans la politique extérieure de Pékin. Bien évidemment, cette
stratégie n’omet aucun élément susceptible de renforcer la présence chinoise en
Afrique, que ce soit au niveau économique, politique, militaire voire même
culturel.
Depuis dix ans, la Chine a remplacé les
États-Unis et l’Europe en tant que principale influence de la région. Pékin est
devenu le premier partenaire commercial de l’Afrique, avec un volume d’échanges
estimé à 220 milliards de dollars pour 2017. La Chine investit dans une
centaine de zones industrielles en Afrique dont 40% sont actuellement
opérationnelles. La deuxième puissance économique mondiale est de fait devenue
le premier investisseur pour le développement du continent, en finançant
notamment des projets de chemins de fer, d’autoroutes ainsi que de centrales
électriques. Elle est également leur plus grand créancier, avec plus de 100
milliards de dollars de prêts.
Cependant, le potentiel commercial de l’Afrique ne constitue pas le seul
but de Pékin qui voit dans ce continent une mine géante de ressources vivrières
et de matières premières, telles que le pétrole, les minerais ou encore le
bois. Selon l’Agence internationale de
l’énergie, la Chine va devenir le premier consommateur mondial de pétrole en
2030. Actuellement, l’Afrique est le deuxième fournisseur de pétrole de la
Chine, derrière le Moyen-Orient.
Par ailleurs, les projets de chemins de fer chinois en Afrique, qui modifient
la situation géopolitique du continent, permettent aussi à Pékin de renforcer
son rôle politique.
Sur le plan culturel, la
Chine occupe déjà une place de choix, grâce notamment à l’implantation d’une
cinquantaine d’Instituts Confucius à travers toute l’Afrique. Le nombre de
bourses attribuées par Pékin aux étudiants africains ne cesse de croître. Dans
l’autre sens, travailler sur le sol africain devient un critère pour diriger une
multinationale chinoise. Sur le plan diplomatique enfin, l’Afrique offre à la
Chine un grand nombre d’alliés au sein de l’ONU.
Une approche à la chinoise
Le succès chinois en Afrique
est le résultat d’une approche complètement différente de celle de l’Occident.
Alors que les contrats commerciaux européens sont souvent accompagnés de
conditions ou de standards très exigeants, les investisseurs chinois préfèrent
se montrer beaucoup plus généreux et flexibles.
De plus, les dirigeants
africains comprennent qu’ils ne figurent pas parmi les priorités de
l’administration de Donald Trump. En effet, Washington envisage de couper 20%
du budget accordé aux programmes médicaux et un tiers du budget dédié au
programme diplomatique consacré à l’Afrique pour l’année 2019. Pire encore, les
relations américano-africaines ont connu un accroc lors d’une allocution de
Donald Trump dans laquelle il avait proféré des propos discriminatoires à
l’encontre de l’Afrique. L’ampleur du scandale avait contraint le président
américain a rédiger une lettre réaffirmant son engagement vis-à-vis de
l’Afrique.
Alors que l’élite occidentale
possède toujours quelques préjugés à l’égard de l’Afrique, la Chine y voit les
intérêts d’une région prometteuse. L’intelligence de Pékin se traduit dans ses
engagements de non-ingérence à la politique d’autrui, qui sont répétés et
vulgarisés par les médias chinois.
En effet, cette tournée de Xi
Jinping permet de rappeler que la Chine considère le rôle du Continent Noir sur
les plans économique et politique. Cette considération stratégique permet à
Pékin d’y exercer pleinement son influence.