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Les protagonistes, tout d’abord… Côté américain, le secrétaire d'État Antony Blinken et le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan. Côté chinois, le ministre des Affaires étrangères Wang Yi et le responsable des relations internationales du Parti communiste Yang Jiechi.
Le contexte, ensuite… Hong Kong, Taïwan, les Ouïghours, la mer Orientale, le commerce, les technologies, l’espionnage… Le moins que l’on puisse dire, c’est que les pommes de discorde ne manquent pas, en ce moment, entre Washington et Pékin.
Première entrevue ou dialogue stratégique?
Même dans la manière dont a été relatée la rencontre, les différends sont manifestes. Pour Washington, il s’agissait tout au plus d’une «première entrevue» destinée à se prendre le pouls mutuellement. Pour Pékin, il s’agissait, ni plus ni moins, d’un «dialogue stratégique»…
Les désaccords étaient a priori tellement importants qu’il était impossible d’espérer que ce rendez-vous aboutît à un accord. Les attentes étaient limitées, pour ne pas dire inexistantes, et le ton donné par les discours d’ouverture a confirmé la profondeur du fossé qui sépare les deux pays.
«Nous allons discuter de nos profondes inquiétudes au sujet des actes de la Chine s’agissant du Xinjiang, de Hong Kong, de Taïwan, des cyberattaques contre les États-Unis et de la coercition économique contre nos alliés», avait prévenu Antony Blinken en amont de la rencontre. «La Chine est fermement opposée aux ingérences américaines dans ses affaires intérieures, et elle est prête à prendre les mesures qui s’imposent le cas échéant»… Pour cinglante qu’elle est, cette réponse de Yang Jiechi, le responsable des relations internationales du Parti communiste, aura eu le mérite de la clarté… De son côté, Wang Yi, le ministre des Affaires étrangères, a dénoncé les dernières sanctions américaines, annoncées à la veille de cette réunion, contre 24 hauts fonctionnaires pour leur implication dans la réforme électorale à Hong Kong. «Ce n’est pas comme cela que l’on accueille ses invités», a-t-il protesté.
Un dialogue de sourds, en tout cas…
Et pourtant… A l’occasion d’un forum organisé à Pékin en février 2021, ce même Wang Yi avait proposé certaines mesures visant à remettre les relations sino-américaines sur la bonne voie. En fait de mesures, il s’agissait plutôt d’un code de bonne conduite, qui allait de la non-ingérence dans les affaires intérieures à la reprise des échanges, en passant par l’instauration d’un dialogue et le renforcement de la coopération.
Le fait est que depuis son investiture, Joe Biden n’a pris aucune mesure susceptible d’apaiser les tensions. Tout au contraire, il a renforcé la pression sur la Chine qu’il accuse de violations des droits de l’homme, notamment à Hongkong et au Xinjiang.
Autant dire que les dés étaient pipés pour cette rencontre en Alaska… Force est de constater aussi que le changement de locataire à la Maison Blanche n’aura pas été synonyme d’amélioration des relations entre les deux superpuissances. Celles et ceux qui l’espéraient, même timidement, en seront pour leurs frais…