Union européenne - Etats-Unis: de nouvelles barrières

Hông Vân
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(VOVWORLD) - L’alliance de longue date entre l’Union européenne et les Etats-Unis bat de l’aile. A peine les Américains se sont-ils retirés de l’accord sur le nucléaire iranien qu’ils ont augmenté les tarifs douaniers sur les produits en acier et en aluminium importés de l’Union européenne. C’est ce vendredi 1er juin que cette décision est entrée en vigueur. S’il semble un peu prématuré de parler de guerre commerciale, ce qui est certain, c’est que le fossé se creuse, de plus en plus, entre les deux grandes puissances.
Union européenne - Etats-Unis: de nouvelles barrières - ảnh 1Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker - Photo THX/TTXVN

Les États-Unis ont mis à exécution leur menace. Après l’expiration d’une période d’exemption de deux mois, ils ont effectivement rehaussé les droits de douane sur l’acier et l’aluminium européens.

C’est en mars dernier que Washington avait décidé de cette hausse. L’administration Trump avait cependant consenti à certains partenaires, dont l’Union européenne, une période d’exemption, pour des négociations supplémentaires, jusqu’au 1er juin.

Manifestement, ces négociations n’ont rien donné. La tension commerciale entre les deux grandes puissances a donné lieu à des débats houleux lors de la conférence des ministres des Finances, du Développement et des gouverneurs de banques centrales du G7, qui s’est ouverte jeudi au Canada.

L’Amérique d’abord…

En taxant lourdement ses alliés européens, le président Donald Trump a prouvé que son slogan de campagne «America first» (l’Amérique d’abord) n’avait rien d’une formule creuse, quitte à ce que les États-Unis se mettent à dos l’un de leurs plus anciens et plus proches alliés. Le locataire de la Maison Blanche justifie sa politique par la nécessité de veiller à la sécurité nationale et de protéger les producteurs américains. L’enjeu est de taille. Les États-Unis sont en effet le plus grand importateur d’acier au monde puisqu’ils en importent quatre fois plus qu’ils en exportent. Quant à l’aluminium, la quantité importée par les États-Unis était cinq fois supérieure à celle produite sur leur territoire, en 2016. D’après le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, Washington souhaite pouvoir reprendre les négociations avec l’Union européenne, tant il reste de problèmes à résoudre.

En réalité, les différends commerciaux entre les États-Unis et l’Union européenne ne se limitent pas au dossier acier-aluminium. L’année dernière, la valeur des exportations européennes d’acier et d’aluminium vers le marché américain n’était que de 6 milliards de dollars. Six sur une valeur totale de 300 milliards de dollars, toutes exportations européennes confondues. Ce qui veut dire que la part de l’acier et de l’aluminium dans le déficit commercial enregistré par les États-Unis à l’égard de l’Europe est minime, et donc, que cet acte protectionniste décidé par le président Trump à l’encontre de ces produits n’est qu’un prétexte. Sans doute le chef de la Maison Blanche veut-il tout simplement montrer à ses électeurs jusqu’où il pourra aller pour défendre son slogan «l’Amérique d’abord».

… une liberté commerciale sérieusement compromise ensuite

Aux yeux des Européens, en rehaussant ces tarifs douaniers, les États-Unis tournent le dos à leurs partenaires proches. Et l’Union européenne n’aura pas d’autre choix que de protéger ses industries, ses emplois et ses intérêts. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a même déclaré que l’Union européenne saisirait l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) pour arbitrer ce différend. En attendant, l’Union européenne se réservera le droit de prendre des mesures de représailles égales et conformes aux dispositions de l’OMC.

Certains analystes estiment que Donald Trump pourrait ignorer, voire se retirer de l’OMC. Mais le pire scénario serait que son comportement déclenche un effet domino. D’autres pays pourraient en effet prendre des mesures commerciales de même type sous l’enseigne de la sécurité nationale.

Les tensions actuelles entre les États-Unis et l’Union européenne pourraient bien dégénérer en une guerre économique totale dans un avenir proche.

Quels sont donc les intérêts que cette hausse des droits de douane pourrait apporter aux Américains? Bien des analystes y voient plus d’inconvénients que d’avantages. D’après eux, cette décision fera augmenter le prix des marchandises, au détriment des consommateurs. Les économies américaine, européenne et mondiale en pâtiront. Déjà, plusieurs entrepreneurs américains dans le secteur énergétique craignent que des importations plus chères d’acier et d’aluminium ne mettent à mal leurs projets d’oléoduc, de forage et de raffinerie pétrolière.

L’Iran, l’acier, l’aluminium… Les pommes de discorde se multiplient entre l’Union européenne et les États-Unis. Leur alliance traverse la pire crise qu’elle n’ait jamais connue depuis longtemps.

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