Une personnalité importante mais
inconnue du grand public
Mohsen Fakhrizadeh a été tué près de Téhéran dans une attaque au véhicule piégé suivie d'une fusillade contre son véhicule. Photo: Times of Israel
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Mohsen Fakhrizadeh, 59 ans, était qualifié
de « cerveau » du programme nucléaire iranien. L’Agence
internationale de l’énergie atomique (AIEA) et les services de renseignements
occidentaux le présentaient comme une figure essentielle du programme nucléaire
secret iranien. En 2018, le Premier ministre israelien Benyamin Netanyahou l’avait
qualifié d’« homme de l’ombre ». Pour Holly Dagres, membre du Conseil de
l’Atlantique, il était le Robert Oppenheimer iranien, en référence au physicien
américain, père de la bombe atomique.
Mohsen Fakhrizadeh a participé à
la révolution islamique en 1979 avant d’être promu général des Gardiens de la
Révolution iranienne. Diplômé en génie nucléaire, il était professeur de physique
à l’Université Imam Hussein de Téhéran et directeur du Centre iranien de
recherche en physique (PHRC). Fakhrizadeh faisait partie des huit
ressortissants iraniens contre lesquels l’ONU avait adopté en 2007 une
résolution leur imposant des restrictions financières et la limitation de leurs
déplacements internationaux, en raison de leurs liens présumés avec des
recherches sur le nucléaire ou sur les missiles balistiques.
La tension monte entre l’Iran et Israël
Selon les spécialistes, le
meurtre de Mohsen Fakhrizadeh aura des
impacts inévitables sur la région, tout comme l’assassinat en janvier dernier
de Kassem Soleimani, chef de la Force al-Qods des Gardiens de la Révolution,
par les États-Unis.
Rappelons que cinq jours après l'élimination
du général Soleimani, l'Iran avait riposté en tirant des missiles contre des
bases abritant des soldats américains en Irak, sans faire de blessés. Le lendemain de la mort de Mohsen Fakhrizadeh, le président
iranien, Hassan Rohani, a accusé Israël de chercher à semer le
« chaos » et promis une riposte « en temps et en heure ». Le
guide suprême iranien, Ali Khamenei, a promis de punir les auteurs et de
poursuivre les travaux du scientifique tandis que le ministre iranien de la
Défense a fait savoir que Téhéran ne laisserait pas ce meurtre impuni.
Les funérailles de Mohsen Fakhrizadeh à
Téhéran. Photo : ministère de la
Défense iranien
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Les condamnations et les appels à la retenue ont été
nombreux à l'international. Le secrétaire général des Nations unies,
Antonio Guterres, les Émirats
arabes unis, la Jordanie, la Russie et l’Allemagne ont appelé toutes les
parties prenantes à la retenue pour éviter une escalade des tensions. La
Turquie a condamné un "meurtre odieux".
Pour John Brennan,
ancien patron de la CIA, il s’agit d’un « acte criminel et extrêmement
dangereux », qui risque d'entraîner des « représailles létales et une
nouvelle phase de conflit régional ». Le sénateur américain Chris Murphy,
une des principales voix de la politique étrangère du Parti démocrate, a affirmé
que cet assassinat ne rendra pas l’Amérique, Israël ou le monde plus sûr.