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Le 7 octobre 2023, le mouvement islamiste Hamas a lancé une attaque surprise sur le sud d'Israël, causant plus de 1.100 victimes parmi les soldats et les civils israéliens, tout en prenant en otage plus de 250 personnes. En réponse, Israël a mené une offensive militaire massive contre Gaza, provoquant une escalade de la violence qui ne cesse de s’intensifier dans la région.
Des conséquences dévastatrices
Les dernières données publiées par les Nations Unies le 6 octobre, à l'approche du premier anniversaire de ce conflit, mettent en lumière l'ampleur des pertes humaines. Près de 42.000 Palestiniens, en grande majorité des femmes et des enfants, ont péri dans les bombardements incessants, et environ 100.000 autres ont été blessés. La quasi-totalité des 2,3 millions d’habitants de Gaza a dû fuir son foyer. Près de 80% des infrastructures de la région sont désormais détruites, rendant les systèmes scolaires, hospitaliers et d’approvisionnement en eau presque totalement inopérants. Les estimations de l’ONU évoquent jusqu’à 42 millions de tonnes de débris, un chiffre révélateur de l’ampleur de la destruction. Parallèlement, la prolongation des hostilités et les obstacles persistants à la distribution de l’aide humanitaire exposent des millions de personnes à Gaza à un risque constant de famine.
La crise humanitaire à Gaza a atteint un niveau insoutenable, selon de nombreuses organisations internationales, dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Programme alimentaire mondial (PAM). Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exprimé dans un message poignant qu'il est impératif de mettre fin à cette souffrance croissante, soulignant que la situation a dépassé le seuil de tolérance.
«La guerre qui a suivi la terrible attaque de l’année dernière continue de briser des vies et d’infliger de profondes souffrances aux Palestiniens de Gaza et, aujourd’hui, au peuple libanais. L’heure est venue de libérer les otages, l’heure est venue de faire taire les armes, l’heure est venue de mettre fin aux souffrances qui engloutissent la région, l’heure est à la paix, au droit international et à la justice.», a-t-il dit.
Le conflit a également eu des répercussions dramatiques pour Israël, où plus de 1.200 personnes ont perdu la vie et près de 10.000 ont été blessées. Sur le plan économique, les pertes sont colossales. Selon la Banque centrale d'Israël, si le conflit se prolonge jusqu'à la fin de l'année prochaine, les coûts pourraient atteindre 66 milliards de dollars, soit environ 12% du PIB israélien. Le Fonds monétaire international (FMI) a même revu ses prévisions de croissance pour Israël à la baisse, s'attendant à un taux de 1-1,9%, soit un tiers de la prévision initiale.
Vers une guerre totale
Un an après le déclenchement du conflit, ses répercussions dépassent largement la bande de Gaza, suscitant des inquiétudes croissantes quant à une guerre totale au Moyen-Orient, comme l'avaient averti de nombreux experts. La situation s'est déjà aggravée avec l'escalade des tensions au Liban, où l'armée israélienne intensifie ses frappes aériennes et mène des opérations terrestres dans le sud du pays pour neutraliser le Hezbollah, un allié stratégique du Hamas. En deux semaines, environ un million de Libanais ont dû fuir leurs foyers. La menace d’un conflit plus large est omniprésente. Pour la première fois depuis des décennies, Israël et l'Iran, deux puissances militaires de la région, se sont engagés dans des frappes aériennes directes, brisant ainsi des lignes rouges établies.
Karima Laachir, directrice du Centre de recherche arabe et islamique de l'Université nationale d'Australie, souligne que l'escalade actuelle de la violence au Moyen-Orient révèle l'impuissance de la communauté internationale, en particulier des Nations Unies, ainsi que l'échec des politiques menées par toutes les parties, notamment Israël et ses alliés occidentaux. Elle appelle à un changement radical et urgent dans la réflexion sur la sécurité à long terme dans la région, avertissant que la situation pourrait rapidement devenir irréversible.
«Les dirigeants doivent comprendre qu’on ne peut pas utiliser la force pour instaurer la paix. Poursuivre les attaques contre les pays voisins entraînera des conséquences à long terme potentiellement dévastatrices. On ne peut pas parler de sécurité pour Israël sans aborder la sécurité de ses voisins comme le Liban, la Jordanie, l'Égypte, et surtout sans libérer le peuple palestinien», a-t-elle souligné.
Pour Elie Barnavi, ancien ambassadeur d'Israël en France, il est évident qu'un an après le début du conflit, les opérations militaires n'ont pas amélioré la sécurité d'Israël, mais ont au contraire aggravé la situation. Le pays fait désormais face à sept fronts: le Hamas à Gaza, le Hezbollah au Liban, le mouvement d'Intifada en Cisjordanie, les forces Houthis au Yémen, ainsi que des milices en Irak, en Syrie et en Iran. Barnavi plaide pour une solution diplomatique, débutant par un cessez-le-feu et la libération des otages à Gaza, considérant cela comme la seule voie pour éviter une escalade du conflit.