La cérémonie de signature du Traité de Maastricht en 1992. Photo: Independent |
30 ans de développement fulgurant…
En 30 ans, l’Union européenne aura enregistré des avancées spectaculaires. Elle a multiplié par deux et demi le nombre de ses pays membres, de 12 à 27, ainsi que son PIB total, qui est passé de 6.700 à 16.600 milliards de dollars.
La quasi-totalité des projets ambitieux lancés il y a trois décennies ont été mis en œuvre. L’euro, qui est entré en circulation en 2002, a progressivement remplacé les monnaies nationales pour devenir la monnaie commune de 20 des pays membres de l’Union européenne. À travers des moments difficiles, y compris la crise des dettes publiques 2009-2012, quand beaucoup doutaient de sa survie, cette monnaie a tenu bon. L’euro demeure aujourd’hui la deuxième devise forte au monde, juste derrière le dollar américain. Sa naissance a entraîné une explosion des échanges commerciaux au sein de l’Union européenne, qui est devenue à cette occasion le plus grand bloc commercial au monde. Et ce, malgré les controverses à l’intérieur de l’Europe quant au fait que certains pays bénéficient plus de la monnaie unique que d’autres.
Une autre réussite de l’Union européenne qui a marqué les trois dernières décennies tient dans la concrétisation de la notion de «citoyen européen». Plus de 400 millions d’Européens sont en effet libres de circuler à l’intérieur de l’Union européenne grâce à l’accord de Schengen, qui est entré en vigueur en 1995 et qui a effacé les frontières entre les pays signataires. Ces 400 millions d’individus utilisent la même monnaie, l’euro, et sont libres de résider et de travailler dans un autre pays que le leur dans l’Union européenne, grâce aux réformes judiciaires communes. Dans certains pays de l’Union européenne, les ressortissants d’un autre pays du bloc se voient même attribuer le droit de voter lors d’élections locales, bénéficiant donc du même droit politique que celui d’un autochtone.
Plus que tout, le plus grand succès de l’Union européenne aura été l’élargissement de son espace géopolitique. En trente ans, 16 nouveaux pays ont adhéré à l’Union européenne, et malgré le Brexit qui a certes fait vaciller le bloc pendant quelques années, l’admission au sein de l’Union européenne exerce toujours un énorme pouvoir d’attraction sur des dizaines d’autres pays d’Europe de l’Est et des Balkans de l’Ouest. Ces derniers ont tous vu ce qui s’était passé dans les autres pays d’Europe centrale et orientale ayant intégré l’Union européenne. L’exemple le plus brillant est sans doute la Pologne, qui a triplé son PIB depuis son adhésion en 2004.
Le chancelier allemand, Olaf Scholz. Photo: AFP/TTXVN |
… et l’impératif de bâtir une Union plus efficace et plus pragmatique
Forte de ses succès, l’Union européenne est devenue un pôle de pouvoir mondial et une organisation régionale exemplaire. Cependant, de grandes crises se sont multipliées au cours de la décennie passée: la crise des dettes publiques (2009-2012), la crise migratoire de 2015, le Brexit de 2016, la pandémie de COVID-19 (2020-2021) et dernièrement le conflit russo-ukrainien. Tout cela a obligé les dirigeants européens à discuter en urgence d’une révision globale des traités fondamentaux de l’Union européenne, afin d’instaurer de nouvelles institutions et de nouveaux mécanismes de fonctionnement plus efficaces et plus efficients.
L’une des réformes majeures envisagées concerne le mécanisme de prise de décisions du bloc. En vertu des dispositions du Traité de Maastricht, qui ont été révisées dans le Traité de Lisbonne de 2007, l’Union européenne fonctionne suivant le principe de consensus dans presque tous les grands dossiers, que ce soit les impôts, le budget ou la politique extérieure. Par conséquent, n’importe quel pays membre peut bloquer une décision commune qu’il juge incompatible avec ses propres intérêts. Cela s’est produit plusieurs fois, lorsque certains pays ont opposé leur veto à la répartition des migrants en 2015 ou à des aides européennes en faveur de l’Ukraine récemment. Pour le chancelier allemand, Olaf Scholz, il est temps de remplacer ce mécanisme de consensus.
“Il est particulièrement nécessaire de réformer le processus de prise de décisions de l’Union européenne. J’ai plusieurs fois déclaré ouvertement que le maintien du mécanisme de consensus pour décider de questions de politique extérieure et fiscale était absolument inadmissible. L’Europe devra avoir la capacité de prendre des décisions sur la base du vote à majorité absolue. C’est le seul moyen pour garantir sa souveraineté et sa capacité d’action», a-t-il plaidé.
Outre le mécanisme de consensus, les 27 devraient également s’atteler à un autre problème épineux qui consiste à réformer la répartition des pouvoirs entre les pays membres au sein du Parlement et de la Commission européenne. Actuellement, en vertu des traités de l’Union européenne, le nombre de sièges que détient un pays membre au Parlement européen est calculé en fonction de sa population, alors qu’à la Commission européenne, chaque pays n’est représenté que par un seul commissaire. Il sera difficile de maintenir ce mécanisme quand le nombre de pays membres augmentera. Pour cause, le Traité de Lisbonne a fixé à 751 le nombre maximal de parlementaires européens. De même, la Commission européenne aura du mal à créer de nouvelles sous-commissions pour les confier aux nouveaux adhérents, ce qui risque de rendre son appareil encore plus lourd et moins efficace.
De toute évidence, l’Union européenne n’aura d’autre choix que d’effectuer des réformes radicales et fondamentales. 30 ans après l’entrée en vigueur du Traité de Maastricht, ces réformes sont indispensables pour que ce bloc gagne en pragmatisme et en efficacité, afin de répondre aux attentes d’une Europe plurielle à des niveaux de développement divers.