Les deux dirigeants se sont entretenus deux fois par téléphone depuis l’investiture de Joe Biden en janvier dernier, mais c'est la première fois que cet échange virtuel est présenté comme un sommet. Dans ce contexte de tensions, Joe Biden et Xi Jinping ont tenté de limiter les dangers d’une rivalité croissante.
Des relations au plus bas…
Le sommet virtuel entre Joe Biden et Xi Jinping intervient à un moment où les relations américano-chinoises sont tombées à leur plus bas niveau depuis ces dernières décennies. A l’instar de son prédécesseur, le président Joe Biden considère la Chine comme le principal défi des États-Unis contre lequel il essaye de former une alliance. Sa visite en Europe en juin dernier s’inscrivait dans cette optique.
Le 13 novembre, le secrétaire d’État américain Antony Blinken et son homologue chinois Wang Yi ont échangé par téléphone sur la question de Taïwan. Si Antony Blinken s’est dit préoccupé par la pression militaire, diplomatique et économique continue exercée par la Chine contre Taïwan, Wang Yi a mis en garde les États-Unis contre toute action pouvant être interprétée comme un soutien à l’indépendance de l’île.
Mais Taiwan n’est qu’une parmi les nombreuses pommes de discorde que les deux pays ont du mal à avaler. La Chine a réagi vigoureusement contre la formation de l’alliance entre les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni (AUKUS) en septembre dernier et contre le rapprochement entre les États-Unis et leurs partenaires asiatiques. Pendant ce temps, la guerre commerciale que se livrent les deux puissances ne montre aucun signe d’accalmie et les deux restent profondément divisées au sujet des droits de l’homme ou encore de la liberté de navigation dans la région Indo-Pacifique.
Sur le plan intérieur, Joe Biden et Xi Jinping sont également confrontés à de fortes pressions. Joe Biden a besoin du soutien des électeurs qui défendent une politique dure à l’égard de la Chine lors des élections législatives de mi-mandat de 2022 et de l’élection présidentielle de 2024. Le président chinois souhaite quant à lui confirmer sa posture de dirigeant décidé à l’approche du congrès du Parti communiste chinois, prévu l’année prochaine.
… qui n’excluent pas le dialogue
Néanmoins, la Chine comme les États-Unis savent qu’ils doivent veiller à ce que leurs relations ne se dégradent pas davantage, d’où la tenue du présent sommet. Côté américain, la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, a annoncé que les deux dirigeants évoqueraient des moyens communs de gérer de manière responsable la compétition, ainsi que des moyens de collaborer dans les domaines où leurs intérêts sont alignés. Côté chinois, dans un message adressé au banquet annuel du Comité national des relations américano-chinoises (NCUSCR) à New York, le président Xi Jinping a continué d’affirmer sa volonté d’intensifier la coopération avec les États-Unis afin de faire face aux défis mondiaux, de contrôler les désaccords et de remettre les relations sino-américaines sur les rails. Lors de la COP26 à Glasgow, Pékin et Washington, les deux plus gros pollueurs au monde, ont annoncé dans une déclaration leur volonté de renforcer leur action climatique.
Force est donc de constater que les États-Unis et la Chine ont besoin de dialoguer et peuvent dialoguer. Le problème est de savoir comment les deux parties feront pour mettre de côté leurs différends et coopérer dans l'intérêt de chacune et de la communauté internationale.