Les
chefs d’État russe Vladimir Poutine (droite) et américain Donald Trump - Photo Guardian
|
L’ingérence
russe dans les présidentielles américaines, la prolongation par Moscou du
Traité de réduction des armes stratégiques (START II), la crise en Syrie, le
nucléaire iranien ou encore la péninsule coréenne… En quelques heures
seulement, tous ces sujets sensibles ont été abordés lors du sommet historique
de Helsinki. Cet ordre du jour aussi complet que complexe est à l’image des
habituelles relations russo-américaines.
Des
accords satisfaisants pour les deux présidents
Lors
de la conférence de presse donnée à l’issue de leur entretien, les dirigeants
russe et américain ont semblé en accord sur ces sujets délicats.
Donald
Trump a refusé de condamner la Russie pour son ingérence dans les dernières
élections présidentielles américaines. Il a d’ailleurs qualifié de
« catastrophe » les exigences sur l’ouverture d’une enquête dans ce
dossier. Il considère par ailleurs son homologue comme un « bon concurrent »
avec lequel il souhaite avoir de nouveaux entretiens de ce type, et non comme
un ennemi. C’est dans cet esprit que Donald Trump et Vladimir Poutine ont
annoncé un accord sur la création d’un club des géants d’affaire de leurs pays
respectifs afin de renforcer la coopération économique. Sur le plan politique
et militaire, ils ont souhaité collaborer, notamment dans la lutte
anti-terroriste. Un groupe de travail commun devrait être créé dans ce but.
De
son côté, Moscou a tendu la main à Washington pour la non-prolifération des
armes de destruction massive. Vladimir Poutine s’est dit prêt à prolonger
l’accord START II, destiné à réduire les armes nucléaires et à instaurer de
nouvelles entités d’inspection, qui va expirer en 2021. Le dirigeant russe
s’est également affiché optimiste dans la recherche d’une solution pour la
crise humanitaire en Syrie et a réaffirmé le rôle décisif de Moscou et de
Washington. A propos du nucléaire iranien, les présidents ont discuté des
méthodes de destruction des missiles courte et moyenne portées. Vladimir
Poutine a ensuite salué la reprise du dialogue dans la péninsule coréenne, dans
lequel Donald Trump s’est beaucoup investi. Le président américain a profité de
l’occasion pour solliciter la participation de la Russie à la dénucléarisation
coréenne ainsi qu’aux efforts israélo-américains pour mettre un terme à la
crise en Syrie.
Au
final, les propos de Donald Trump résument assez bien les résultats de ce
sommet d’Helsinki : un bon début pour toutes les parties prenantes avec un
changement futur dans leurs relations.
Le
tollé à Washington
Les
compliments du locataire de la Maison Blanche à l’égard de Moscou et de son
homologue russe ont scandalisé la classe politique américaine. Démocrates mais
aussi Républicains, qui ne comptent pas la Russie comme un allié, ont dénoncé
« la faiblesse » et « des performances honteuses pour un
président américain ». Les dirigeants du camp démocrate ont donné un point
presse pour critiquer formellement le sommet, alors que les chefs des renseignements
ont publié un communiqué pour répliquer sur le refus de Donald Trump de
reconnaître l’ingérence russe aux présidentielles de 2016.
Ces
réactions montrent l’hostilité du Congrès américain vis-à-vis de la Russie. Le
Congrès se tient prêt à bloquer l’application d’éventuels accords obtenus à
Helsinki. Il est encore trop tôt pour se réjouir de futurs projets entre
Washington et Moscou. Cependant, ce sommet historique demeure indispensable
pour renouer la confiance entre les deux grandes puissances politiques
mondiales.