S-400 : la Turquie et les États-Unis dos à dos

Hông Vân
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(VOVWORLD) - Ce mercredi 12 juin, la Turquie a annoncé avoir acheté à la Russie quatre systèmes de défense S-400, faisant ainsi fi des multiples mises en garde que Washington lui a adressées.   

S-400 : la Turquie et les États-Unis dos à dos - ảnh 1 Le système de défense S-400 - Photo TASS

C’est en 2017 que la Turquie avait signé avec la Russie un contrat portant sur l’achat de quatre systèmes de défense antiaérienne et antimissile, d’un montant total de deux milliards et demi de dollars. La livraison est prévue pour juillet 2019...

Des mises en garde répétées de Washington…

Avant même la signature du contrat, la Turquie avait subi de fortes pressions de la part des États-Unis. Tout à fait récemment, le 10 juin, le Congrès américain, arguant du fait qu’un tel contrat est de nature à compromettre l’alliance entre la Turquie et les États-Unis et à affaiblir l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, a adopté une résolution exhortant l’administration Trump à sanctionner Ankara. Deux jours auparavant, le 8 juin, la sous-secrétaire américaine à la Défense, Ellen Lord, avait prévenu que si Ankara ne renonçait pas à l’achat des S-400, les Turcs se verraient radiés des programmes d’entraînement au pilotage d’avions de combat F-35. Quant aux contrats autorisant certaines sociétés turques à produire des pièces détachées de F-35, ils pourraient être purement et simplement annulés, a-t-elle prévenu, laissant clairement entendre qu’un pays tiers pourrait prendre la place de la Turquie dans le programme F-35.

Si cette menace devait être mise à exécution, elle marquerait un tournant dans les relations entre la Turquie et les Etats-Unis.

Il est en tout cas fort probable qu’ayant acheté aux Russes ces fameux systèmes de défense, la Turquie se verra exclue des réunions militaires de l’OTAN, laquelle aurait alors beau jeu d’invoquer la sécurité de l’information.

Sur le plan économique, le président américain Donald Trump vient de dénoncer un accord commercial passé avec la Turquie, au prétexte que celle-ci n’est plus un pays en voie de développement. Ce faisant, la Turquie ne bénéficie plus d’exemptions de taxes sur plusieurs des produits qu’elle exporte vers le marché américain.

Pourquoi cet acharnement pour empêcher l’achat par la Turquie de S-400 russes ? A en croire le commandant américain des forces aériennes Dan Flatley, ces missiles sont capables de détecter et de poursuivre les F-35, les avions de chasse furtifs les plus modernes des États-Unis.

Autre facteur inquiétant pour les États-Unis : la Turquie a annoncé qu’elle comptait utiliser les S-400 russes pour se constituer son propre système de défense antiaérienne et non pas pour compléter le bouclier antimissile de l’OTAN, comme l’ont fait la Grèce, la Bulgarie et la Slovaquie avec leurs S-300.

… en butte à la volonté inébranlable d’Ankara

Malgré toutes ces pressions américaines, jamais la Turquie n’a laissé entendre qu’elle allait renoncer à ce contrat avec la Russie. Son président l’a maintes fois répété : ces systèmes de défense garantissent la sécurité de l’espace aérien turc, mais aussi celles des frontières de l’OTAN et de l’Union européenne.  

Le président turc a également fait observer qu’il avait décidé d’acheter ces S-400 russes, seulement après avoir échoué à trouver d’autres systèmes de défense. La Turquie était prête à acheter des armes américaines, mais les États-Unis eux-mêmes ont refusé de lui en fournir, a fait valoir Recep Tayyif Erdogan.

La Syrie, l’Iran, les agents consulaires américains arrêtés en Turquie… Entre Ankara et Washington, les pommes de discorde ne manquent pas. Mais manifestement, la dernière en date - les S-400 donc - semblent particulièrement difficiles à avaler.

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