Alexeï Navalny, le leader de l’opposition russe (Photo: Reuters) |
Les États-Unis ont décidé le 2 mars de nouvelles sanctions à l’encontre de sept hauts responsables russes, en réponse à l’empoisonnement en août 2020 d’Alexeï Navalny, le leader de l’opposition russe. Ces sanctions sont les premières qu’adopte le président Jos Biden à l’encontre de Moscou. La veille, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne avaient eux aussi adopté de nouvelles sanctions ciblées contre les responsables du traitement infligé à l'opposant russe. De l’avis des analystes, ces sanctions sont «un signal clair» de l’Occident.
Un coup…
Les sanctions américaines visent notamment Alexandre Bortnikov, le chef de l'Agence fédérale de la sécurité russe (FSB). En plus d'imposer des sanctions aux responsables russes, l'administration américaine a également renforcé les contrôles à l'exportation pour certaines entités commerciales impliquées dans la production d'agents biologiques et chimiques russes. Le Département américain du commerce compte ainsi ajouter 13 entreprises russes et un institut de recherche public à la liste des entités sanctionnées, dont certaines se trouvent en Allemagne et en Suisse. «La communauté du renseignement américain estime avec un haut degré de confiance que des responsables des services de sécurité russes ont utilisé un agent innervant connu sous le nom de Novitchok pour empoissonner le leader de l’opposition russe Alexeï Navalny le 20 août 2020», a précisé Washington. L’Union européenne a, pour sa part, officiellement décidé d’infliger des sanctions à quatre hauts responsables proches du président Vladimir Poutine dont Alexandre Bastrykine, le procureur général de la Russie.
Ce qui est en tout cas frappant, c’est qu’Européens et Américains semblent ici faire bloc, les seconds ayant d’ailleurs pris soin de préciser que les sanctions avaient été prises «en concertation étroite avec nos partenaires de l’Union européenne».
… de semonce
Le président américain Joe Biden (Photo: NewYork Times) |
Le fait est que Joe Biden voulait déjà imposer des sanctions à la Russie alors qu’il n’était encore que candidat. C’est donc chose faite, désormais. Le nouveau locataire de la Maison blanche a sans doute voulu faire d’une pierre deux coups: tout en adressant un message ferme à Moscou sous forme de coup de semonce, il a mis en garde tous les adversaires potentiels des États-Unis et rassuré les Américains eux-mêmes quant à sa fermeté en matière de politique étrangère. Il a sans doute aussi rasséréné les alliés traditionnels des États-Unis, à commencer par l’Union Européenne.
Cela étant, les sanctions elles-mêmes ménagent autant Vladimir Poutine que les personnalités clés du gouvernement russe. S’il est clair que l’administration américaine ne veut pas aller trop loin, il est clair aussi que ni Washington ni Moscou ne peuvent s’offrir le luxe d’une brouille: trop de dossiers nécessitent un vrai dialogue. Il y a l’Iran, la République populaire démocratique de Corée, mais aussi la lutte contre le terrorisme, le changement climatique et les poussées hégémoniques de la Chine.
Quoi qu’il en soit, la réaction russe à ces sanctions ne s’est pas fait attendre. Moscou a mis en garde Washington de ne pas «jouer avec le feu». «Les calculs visant à imposer quelque chose à la Russie au moyen de sanctions ou d'autres pressions ont échoué dans le passé et échoueront aujourd'hui», a prévenu le Kremlin. A bon entendeur…