Photo d'illustration
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Depuis l’explosion de la crise migratoire, les défis
auxquels l’Union européenne doit faire face se multiplient jour après jour. Les
efforts déployés de part et d’autre ne se montrent guère efficaces, car l’Union
est radicalement divisée au niveau des approches et des intérêts. Ainsi,
l’accord de Bruxelles sur les migrations arrive à point nommé tandis que les 28
sont avides d’une solution adéquate, notamment les pays où affluent les
migrants comme l’Italie ou Malte et qui portent un fardeau très lourd.
Un grand pas en avant
Cet accord prévoit la création de centres d’accueil sur
le sol européen et sur la base du volontariat, à l’intention des survivants
récupérés en mer. L’objectif est d’identifier le plus rapidement possible la
nature des demandeurs d’asile parmi les migrants économiques. Il s’agit d’une avancée
importante puisque la création des centres d’accueil était jusque-là toujours
rejetée par plusieurs pays.
Les 28 sont unanimes à mettre en place une solution
globale, dont une supervision plus efficace des frontières à l’extérieur de
l’Union européenne afin de prévenir un éventuel flux incontrôlable, comme celui
de 2015. Pour ce faire, des mesures dissuasives devront être prises. Par
ailleurs, l’Italie et d’autres États méditerranéens ne seront plus seuls dans
la lutte contre la traite humaine en provenance de Lybie ou d’autres pays. Les
dirigeants européens veulent aussi installer des plateformes de désembarquement
des migrants hors de l’Union européenne, probablement en Afrique du Nord.
Cet accord a été salué par les organes de l’ONU impliqués
dans cette question. Ceux-ci préconisent des solutions susceptibles de protéger
la vie des migrants. L’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) a
pour sa part affirmé la nécessité d’un compromis de tous les pays européens en
vue d’aider les pays situés en première ligne comme l’Italie. Elle a aussi confirmé l’importance de l’installation de centres de
traitements migratoires sur le sol européen.
Encore et encore des différends à résoudre
Cependant, les dirigeants européens
et les analystes doutent de l’efficacité du nouvel accord puisque pour l’heure,
il n’apporte pas de réponses concrètes et opérationnelles.
Tout d’abord, on ignore toujours où seront installés les
centres d’accueil hors-Union européenne et les centres fermés sur le sol
européen. Autre problème, ces derniers seront construits sur la base du
volontariat, excluant toute contrainte et toute responsabilité pour les pays ne
souhaitant pas participer à ces actions. C’est la raison pour laquelle la
France, l’Italie et l’Espagne refusent catégoriquement que ces centres soient
installés sur leur territoire.
Ensuite, se pose toujours la question controversée de la
gestion des « mouvements secondaires », c’est-à-dire les déplacements de migrants entre pays de l'UE avant toute décision du pays d’arrivée les
concernant. Enfin, le point de discorde principal porte sur la modification, voire l’abolition de la règle selon
laquelle le premier pays d’accueil doit assumer pleinement la responsabilité du
migrant qui arrive sur son sol. Aucun terme n’est encore réellement fixé pour
l’instant.
De nombreuses interrogations persistent après cet accord.
D’un point de vue théorique, il semble partager plus équitablement les missions
aux pays membres, mais en réalité, il demeure peu concret. Dans les jours à
venir, les dirigeants européens se retrouveront avec un casse-tête pour se
plier aux souhaits et exigences de chacun, aussi
divers que contradictoires.