Les migrants recueillis en Méditerranée - Photo AFP/TTXVN
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Désaccords,
manque de volonté, pressions de l'extrême droite... L'Union européenne n'a pas
encore de réponse coordonnée face à la crise migratoire qui dure depuis 2015 et
ce, au
détriment des réfugiés qui continuent d’affluer vers le Vieux Continent malgré
les dangers.
Des remous…
Emmanuel
Macron et Angela Merkel se sont rencontrés le 19 juin à Berlin. L'occasion, pour le président
français et la chancelière allemande, de faire front commun, notamment sur
le dossier de la crise migratoire, et ce une semaine après l’épisode de
l’Aquarius. L’Italie, en première ligne depuis
des années face à l'afflux des demandeurs d'asile, a en effet déclenché une
nouvelle crise dans l'UE après la décision de son ministre de l'Intérieur
Matteo Salvini (extrême droite) de refuser d’accueillir ce navire chargé de
migrants venus d’Afrique. Après une odyssée d'une semaine en Méditerranée, les
630 migrants de l’Aquarius sont finalement arrivés en Espagne. Mais leur sort
est loin d’être scellé pour autant.
Lors de sa rencontre le 18 juin à Berlin avec Angela Merkel, le nouveau président
du Conseil italien Giuseppe Conte, dont les vues sur l'immigration sont diamétralement
opposées à celles de la chancelière allemande, a de nouveau réclamé la
modification des règles de Dublin qui font
porter la responsabilité de l'examen de la demande d'asile d'un réfugié au
premier pays de la zone à l'avoir accueilli.
A Berlin, Emmanuel Macron et Angela
Merkel se sont accordés sur un renforcement massif de Frontex, l'agence qui
patrouille le long des côtes européennes, sur la création de centres de tri en
Afrique et sur l'harmonisation du droit d'asile. La chancelière a insisté sur la nécessité d’agir d’abord sur les causes des migrations, ce qui suppose
des aides au développement, mais aussi et surtout la stabilisation des
situations politiques outre-Méditerranée. Or, le dossier est sensible pour Angela Merkel qui se trouve
affaiblie politiquement sur cette question. La chancelière allemande doit
compter avec l’aile droite de son gouvernement et en particulier avec son
ministre de l’Intérieur Horst Seehofer. Ce dernier lui a
fixé un ultimatum de deux semaines pour négocier une solution
européenne au défi migratoire. Faute d’accord européen, Horst Seehofer, qui se trouve être le président de
l’Union chrétienne-démocrate (CSU), a prévenu qu’il fermerait les frontières de
l’Allemagne, prenant ainsi le risque d’être limogé, mais faisant encourir à la
chancelière celui de voir sa coalition gouvernementale chuter…
… qui agitent le navire Europe
La
gestion des migrants doit être européenne. Cette approche est soutenue par tous
les pays européens. Force est de constater néanmoins que trois ans après le
déclenchement de la crise, aucune réponse commune n’a été trouvée. La polémique de l'Aquarius a même ravivé les tensions
entre les pays européens. L'Europe ne parvient pas à se mettre d'accord sur
l'accueil à réserver, ou non, aux réfugiés affluant sur ses côtes. Plusieurs
pays appellent à ouvrir les frontières pour que chacun prenne sa part du flux
migratoire, d'autres refusent catégoriquement d'accueillir des migrants sur
leur sol, ou d'instaurer des quotas par pays.
Dans ce contexte, le sommet de Bruxelles est forcément
très attendu. Mais la crise migratoire, elle, n’attend pas…