Des opinions contradictoires
Le gazoduc Nord Stream 1 à Lubmin, en Allemagne. Photo: AVI |
Le plan de réduction de la consommation de gaz devrait permettre à l’UE de survivre à l’hiver 2022-2023, qui sera difficile si la température baisse fortement. Selon la Commission européenne, si l’Union européenne réduisait de 15% sa demande, ses États membres pourraient économiser 45 milliards de m3. Le chiffre final sera certes moins important, car il est prévu qu’un certain nombre de pays sollicitent des dérogations, mais les responsables de l’UE estiment que même dans ce cas, leur plan est toujours réalisable pour un hiver modéré. Initialement, ce plan d’austérité énergétique était pour une durée de deux ans, mais les gouvernements membres ont décidé de fixer ce délai à un an et d’en rediscuter après cet hiver.
Le ministre portugais de l’Énergie, Joao Galamba. Photo: EPA |
Avant leur réunion du 26 juillet, les responsables de l’UE ont reconnu les préoccupations de douze des 27 États membres. Le 21 juillet, le ministre portugais de l’Énergie, Joao Galamba, a souligné que son pays était opposé à ce projet qui ne tenait pas compte des différences entre les pays. Son homologue grec, Kostas Skrekas, a également contesté ce plan contraignant, ainsi que la limite fixée par l’UE. La ministre polonaise du Climat, Anna Moskwa, a déclaré qu’il était impossible d’accepter une décision imposée aux pays membres, parce que la sécurité énergétique est la prérogative de chaque État. Même si elle a finalement voté pour ce plan, la ministre a insisté qu’il était impossible d’obliger les industries polonaises de réduire leur consommation de gaz pour aider d’autres pays. La Hongrie, le seul pays à avoir voté contre l’accord, l’a qualifié d’«injustifié, inutile, inapplicable et nuisible».
Auparavant, les États membres de l’UE avaient rejeté la proposition de la Commission européenne visant à habiliter Bruxelles à imposer des coupures de gaz d’urgence. Ils exigent que les Vingt-Sept eux-mêmes - et non l’exécutif européen basé à Bruxelles - décident quand et comment mettre en œuvre des objectifs contraignants.
Les réserves d’énergie
Certains craignent qu’une réduction de 15% de la consommation de gaz ne suffise pas à éviter les pénuries. Aujourd’hui, le niveau des réserves est très différent d’un pays à l’autre. Malgré la flambée du prix des carburants ces derniers mois et la réduction graduelle de l’approvisionnement en gaz russe, toute l’UE n’a réduit qu’à peine 5% de sa demande en gaz.
En général, l’Union européenne prévoit de remplir 80% de ses dépôts de carburants d’ici au 1er novembre afin de pouvoir répondre aux besoins croissants pendant les mois les plus froids. L’Allemagne se fixe pour objectif de remplir 95% de ses dépôts en novembre. Selon Gas Infrastructure Europe, le niveau des réserves du vieux continent s’affiche à 66% et celui de l’Allemagne atteint les 65,91% à la date du 23 juillet.
D’après Kateryna Filippenko, analyste senior au cabinet de conseil Wood Mackenzie, il est fort probable que vers la fin du mois de mars 2023, l’Europe n’ait plus dans ses stocks que 20% de ses réserves en gaz, un niveau alarmant.
Force est de constater que le système énergétique européen est en crise. Pour survivre à cet hiver, les pays européens n’ont pas d’autre choix que de collaborer. Un choix qui continuera de s’imposer, car toutes les études montrent que le prix des carburants pour l’hiver 2023-2024 devrait rester à un niveau élevé, et ce, pendant plusieurs mois.