Au siège de l'OCS à Pékin, en Chine. Photo: AFP/AVI |
Créée à Shanghai (Chine) en 2001, l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) compte actuellement neuf pays membres: la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Pakistan, l’Inde et l’Iran. L’OCS représente plus de 60% du continent eurasiatique, environ 50% de la population mondiale et 32% du PIB mondial.
Renforcer la connectivité
Depuis le début de l’année, le Kazakhstan, qui assume la présidence tournante de l’OCS, a organisé près de 180 événements axés sur le renforcement de la sécurité et de la stabilité dans les pays membres et dans la région, ainsi que sur la promotion d’une stratégie à long terme visant à intensifier la connectivité au sein du bloc dans les domaines du commerce, de l’investissement, des transports et de l’énergie. Fort des ressources naturelles disponibles en minéraux et en énergie dans de nombreux pays membres, la coopération énergétique sera au cœur des discussions lors du sommet de l’OCS de cette année.
La stratégie de développement de la coopération énergétique entre les pays de l’OCS jusqu’en 2030 devrait être ratifiée par les dirigeants lors du sommet d’Astana, a annoncé le gouvernement kazakh lors de la réunion des ministres de l’Énergie des pays de l’OCS, tenue le 26 juin dernier à Astana. Cette stratégie, fruit de seize réunions et discussions au cours de l’année écoulée, permettra aux pays membres de l’OCS de garantir la sécurité énergétique, tout en leur apportant d’importants avantages économiques à long terme, comme l’a souligné le ministre de l’Énergie du Kazakhstan, Almasadam Satkaliyev.
«Cette stratégie évoque certaines orientations stratégiques fondamentales. Pour assurer la sécurité énergétique, il est crucial d’investir massivement dans les secteurs phares tels que la production d’électricité, l’exploitation des sources d’énergie renouvelables, le développement des réseaux électriques nationaux et inter-systèmes, la construction de lignes de transport d’électricité transfrontalières et de systèmes de stockage d’énergie, ainsi que la production d’autres sources d’énergie, y compris les hydrocarbures», a-t-il indiqué.
Outre le renforcement de la coopération et de la connectivité en matière d’énergie, d’infrastructures et de transports routiers et ferroviaires, les pays membres de l’OCS se concentreront également sur d’autres priorités, telles que les ports et les technologies. Notamment, le projet de construction de la Route de transport international transcaspienne (The Trans-Caspian International Transport Route-TITR), également connue sous le nom de "Corridor du Milieu". Ce corridor part de la Chine et de l’Asie du Sud-Est, traverse le Kazakhstan, la mer Caspienne, et l’Azerbaïdjan, et se termine dans la région du Caucase du Sud. Récemment, dans le cadre de l’initiative «La Ceinture et la Route», la Chine, l’Ouzbékistan et le Kirghizistan ont signé un accord sur la construction d’un corridor ferroviaire reliant ces trois pays afin de mieux relier les routes commerciales au sein du bloc.
Par ailleurs, dans un contexte mondial marqué par des défis croissants liés au changement climatique et à l’intelligence artificielle, les pays de l’OCS ont multiplié les initiatives visant à promouvoir les mécanismes de coopération et de gestion durable des ressources en eau, à augmenter la connectivité dans le développement de l’économie numérique, ainsi qu’à synchroniser progressivement le commerce électronique et la douane électronique. L’organisation s’emploie également à construire sa propre structure financière, incluant des mécanismes de paiement et l’utilisation des monnaies locales des pays membres de l’OCS dans les transactions commerciales intra-bloc.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov. Photo: AFP |
Promouvoir le rôle de la sécurité
L’OCS, qui était initialement une organisation dont la mission était de renforcer le dialogue culturel et de promouvoir la coopération économique en Asie centrale, étend de plus en plus son influence, devenant ainsi l’une des organisations régionales de premier rang dans le monde en matière d’économie, d’énergie, mais aussi de sécurité et de géopolitique. Un an après l’adhésion de l’Iran, l’OCS envisage d’admettre la Biélorussie comme 10e membre lors du sommet de cette année, étendant ainsi sa portée géographique et son influence jusqu’à l’Europe de l’Est, comme l’a indiqué le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov.
«Tout a été décidé et chaque accord a été garanti. La première activité du sommet à Astana sera l’adhésion officielle de la Biélorussie à l’OCS. Ensuite, la Biélorussie participera à ce sommet sur un pied d’égalité avec tous les autres États membres», a-t-il noté.
D’après Maxim Kramarenko, directeur du Centre d’information et d’analyse de l’Institut de politique eurasienne du Kazakhstan, le sommet de l’OCS à Astana pourrait marquer le début d’une nouvelle structure de sécurité collective dans la région eurasienne. Toujours lors du sommet à Astana, il est possible que l’OCS annonce la création d’un centre de réponse aux nouveaux défis et menaces sécuritaires. Ce centre reposera sur la mise à niveau des fondements de la structure régionale antiterroriste, ainsi que sur les mécanismes de dialogue de l’OCS, de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) et de la Conférence sur l'interaction et les mesures d’instauration de confiance en Asie (CICA), une initiative lancée par le président kazakh, Kassym-Jomart Tokayev, en 2022. L’objectif est de protéger la souveraineté des pays membres de l’OCS contre les influences extérieures dans un monde en pleine mutation.
La création de ce nouveau centre est également conforme aux déclarations faites précédemment par le président kazakh selon lesquelles l’OCS doit devenir un mécanisme de coopération multilatérale plus efficace en matière de sécurité pour anéantir les «trois mauvaises forces»: le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme.