Téhéran a annoncé dimanche 17 juin qu’il examinerait la possibilité de bloquer le détroit d'Ormuz, d'où transite le tiers du pétrole mondial. Le même jour, après le destroyer lance-missiles USS Mason, Washington a confirmé qu’un autre navire de guerre et 1000 soldats supplémentaires seraient envoyés au Moyen-Orient. Samedi 16 juin, les États-Unis et l’Arabie saoudite avaient mené des manoeuvres aériennes conjointes dans le golfe Persique. Ces nouvelles donnes pourraient mettre le feu aux poudres en Moyent-Orient, compte tenu que les relations entre l'Iran et les États-Unis se sont très nettement détériorées depuis l’effrondement de l’accord nucléaire.
Les accusations et les preuves ?
Jeudi 13 juin, le Kokuka Courageous, un méthanier japonais, a essuyé des tirs en mer d'Oman près du stratégique détroit d'Ormuz, tout comme le pétrolier Front Altair, propriété d’un armateur chypriote d’origine norvégienne. Ces deux attaques ont rapidement été attribuées par les États-Unis à l’Iran, qui a démenti toute implication, jugeant les accusations américaines « sans fondement ». A ce jour, on ne sait toujours pas qui est derrière ces attaques. Mais une chose est sûre : l’augmentation de la tension entre Washington et Téhéran nuira à la paix et à la stabilité de toute la région du Moyent-Orient.
En effet, depuis son retrait de l’accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien, en mai 2018, Washington a engagé une politique de «pression maximum» sur l’Iran. Via les sanctions imposées à l’Iran, l’administration de Donald Trump tente de forcer la République islamique à renégocier un nouvel accord nucléaire. Les officiels américains ont annoncé à plusieurs reprises leur volonté d’éliminer le programme nucléaire iranien, d’empêcher la poursuite de son programme de missiles et de circonscrire l’influence de l’Iran dans la région. Les États-Unis ont renforcé leur présence militaire au Moyen-Orient, qualifié de terroristes les Gardiens de la révolution islamique, et mis fin aux exemptions qui permettaient à huit pays d’importer du pétrole iranien. Selon les experts, ces mesures visent à renforcer l’influence des États-Unis et à établir un nouvel ordre au Moyen-Orient. Le président Donald Trump en aurait besoin afin de démarrer la campagne pour sa réélection en 2020. Considérant l’Iran comme une menace dans la région, les États-Unis «envisagent toute une gamme d'options» face à la montée des tensions avec l'Iran, y compris les options militaires, a déclaré le secrétaire d’État américain Mike Pompeo dans une interview accordée le 16 juin à la chaîne de télévision CBS.
Un possible dérapage de la situation
Les efforts diplomatiques visant à apaiser la tension se sont multipliés sans donner de résultats tangibles. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé le 14 juin une enquête «indépendante» pour trouver les responsables des attaques contre les deux pétroliers dans la mer d'Oman. La Russie a appellé à « ne pas tirer de conclusions hâtives ». Pendant ce temps, les alliés des États-Unis dans la région continuent d’accuser l’Iran alors que la République islamique avertit qu’elle pourrait très prochainement restaurer le niveau d’enrichissement de l’uranium que ses réacteurs avaient avant l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire de 2015. Certes, les États-Unis comme l’Iran ont déclaré ne pas vouloir la guerre, mais les tensions actuelles font craindre une explosion à tout moment de la poudrière du Moyen-Orient. Et dans tous les cas de figure, elles pourraient compromettre la croissance de l’économie mondiale et l’approvisionnement en énergie.