Un soutien accru…
Certes, la résolution adoptée vendredi dernier par l'Assemblée générale de l'ONU n'a pas de force juridique contraignante. Cependant, elle constitue une victoire symbolique pour la Palestine, témoignant d'un soutien international accru envers ce peuple. Concrètement, à partir de la prochaine réunion plénière de l'Assemblée générale en septembre, la Palestine aura, entre autres, le droit de présenter une déclaration au nom d'un groupe, de participer à l'élaboration de l'ordre du jour provisoire des réunions ordinaires ou extraordinaires, ou de proposer des modifications à cet ordre du jour... Toutefois, n'ayant pas acquis le statut de membre à part entière, la Palestine ne pourra toujours pas se porter candidate ou participer à l'élection des organes des Nations Unies, tels que le Conseil de sécurité ou le Conseil économique et social.
Que la Palestine bénéficie d'un fort soutien à l'Assemblée générale de l'ONU ne surprend personne. Les pays arabes et la quasi-totalité des nations en voie de développement ont depuis longtemps exprimé leur faveur envers une adhésion pleine et entière de la Palestine à l'ONU. Le conflit dans la bande de Gaza, avec son bilan de 35.000 morts du côté palestinien, n'a fait que renforcer ce soutien. Les atrocités commises par Israël dans ce conflit ont également suscité une vague de compassion et de soutien envers le peuple palestinien au sein des sociétés occidentales, traditionnels alliés de l'État hébreu. Ceci constitue l'un des principaux éléments ayant incité les gouvernements occidentaux à afficher leur soutien à la cause palestinienne devant la tribune des Nations Unies. C'est notamment le cas de la France, représentée par Nicolas de Rivière, son ambassadeur.
“La France a voté en faveur du projet de résolution proposé par les Émirats arabes unis. Celui-ci confère de nouveaux droits à l’État observateur de Palestine au sein des Nations Unies. La France rappelle qu’elle est favorable à l’admission de la Palestine comme État membre de plein droit. C’est pourquoi elle a voté en faveur du projet de résolution présenté par l’Algérie au Conseil de sécurité», a-t-il déclaré.
Penny Wong, ministre australienne des Affaires étrangères, partage ce point de vue.
«Nous savons tous qu'un simple vote ne suffira pas à mettre fin à ce conflit qui s'est perpétué à travers des générations. Néanmoins, nous devons nous efforcer de créer une dynamique en faveur de la paix», a-t-elle déclaré.
...confronté à d'importants obstacles
Bien que le vote du 11 mai ait marqué une avancée significative pour l'État de Palestine, son chemin vers l'acquisition du statut de membre à part entière de l'ONU demeure semé d'embûches. Parmi les 9 pays ayant voté contre, figuraient les États-Unis, le principal allié d'Israël et surtout l'un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, disposant du droit de veto. Conformément à la Charte des Nations Unies, l'admission d'un nouveau membre est soumise à deux conditions majeures. Tout d'abord, le candidat en question doit bénéficier du soutien des deux tiers des membres de l'Assemblée générale. Ensuite, sa candidature doit être approuvée par 9 des 15 membres du Conseil de sécurité, sans qu'aucun membre permanent n'y oppose son veto. Bien que la Palestine ait largement satisfait à la première condition, personne n'oublie que le 18 avril dernier, lors d'une réunion du Conseil de sécurité, les États-Unis ont opposé leur veto à l'admission pleine et entière de la Palestine à l'ONU.
Bien que les États-Unis soutiennent la solution à deux États, ils estiment que la création d'un État palestinien ne devrait résulter que de négociations directes entre Palestiniens et Israéliens, comme l'a expliqué l'ambassadeur américain auprès de l'ONU, Robert Wood.
"Le président Joe Biden a toujours clairement indiqué qu'une paix durable dans la région ne pourrait être atteinte que par la solution à deux États et des mesures équitables en termes de liberté et de dignité, garantissant la sécurité d'Israël et la coexistence des deux peuples. Par conséquent, notre position est que les mesures unilatérales prises à l'ONU et sur le terrain ne contribuent pas à atteindre cet objectif", a-t-il souligné.
Il semble donc certain que la Palestine ne pourra pas surmonter l'obstacle présenté par le veto américain, du moins tant que le conflit se poursuivra dans la bande de Gaza. Cependant, force est de constater que de nombreux pays occidentaux, qui étaient auparavant hésitants quant à l'octroi du statut de membre à part entière de l'ONU à la Palestine, ont commencé à le soutenir ouvertement. Un autre signe encourageant vient de deux des soutiens traditionnels de la Palestine: l'Espagne et l'Irlande appellent actuellement les autres pays à reconnaître unilatéralement l'État de Palestine, dès le 21 mai prochain, malgré les protestations israéliennes.