A la fin du régime de Pol Pot Ieng Sary, le Cambodge était plongé dans le chaos. Economiquement exsangue et profondément déstabilisé par le génocide qui venait de s’achever, le pays devait repartir de zéro. A la demande du Parti du peuple et du Front uni national pour le salut du Kampuchéa, le Vietnam a envoyé ses experts afin d’empêcher le retour des Khmers rouges et d’œuvrer pour le rétablissement du pays.
Au total, 35.000 volontaires vietnamiens ont participé à la reconstruction du pays. Sur le plan politique, ils ont contribué à l’organisation des deux Congrès nationaux du Parti cambodgien et à la formation de futurs dirigeants. Les Vietnamiens ont également aidé les Cambodgiens à constituer le Conseil populaire révolutionnaire. Vu Mao, président de l’Association d’amitié Vietnam-Cambodge, faisait partie de cette mission. Il se souvient :
« Mon travail consistait à créer une institution de la jeunesse et des enfants au Cambodge. Ceux-ci devaient ensuite être enrôlés dans l’Association des jeunes pour le salut national et dans l’Union de la jeunesse populaire révolutionnaire. »
Le journaliste Nguyên Van Khiêm, du Service international de la Radio la Voix du Vietnam, est parti pour le Cambodge pendant cinq années, de 1980 à 1984.
« Après la libération en 1979, le Cambodge voulait se doter d’une radio capable d’émettre en quatre langues étrangères, thaïlandais, laotien, anglais et français. J’ai travaillé pour ma part dans la section française, pour la diffusion du journal. »
Au fur et à mesure, le Cambodge a réussi à instaurer un système politique complet avec des institutions culturelles et sociales essentielles. Lorsque les Cambodgiens ont eu la capacité de garantir leur indépendance et leur autonomie, en 1989, les experts sont rentrés au Vietnam.
Le développement du Cambodge aurait été impossible sans le soutien précieux de son voisin vietnamien, au cœur d’une période tourmentée où son peuple pansait ses blessures, ont affirmé les dirigeants cambodgiens. Selon le Premier ministre Hun Sen, les soldats vietnamiens ont sauvé les Cambodgiens du génocide perpétré par le régime de Pol Pot tandis que les experts ont permis de repousser la seconde menace qui pesait sur le pays, celle des famines et des épidémies, pour que le pays puisse renaître de ses cendres.