Guerre commerciale sino-américaine : quid de l’Asie ?

Anh Huyên
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(VOVWORLD) - Des dirigeants venus de huit pays asiatiques, dont le vice-Premier ministre Pham Binh Minh pour le Vietnam, participent ces jeudi et vendredi à Tokyo au forum « Avenir de l’Asie ». Organisé par le groupe japonais Nikkei, cette réunion devrait donner lieu à des discussions sur le devenir de notre continent et sur la place qu’il occupe dans le monde. Mais ces discussions seront bien évidemment dominées par la guerre commerciale Chine/États-Unis.
 

Outre les dirigeants du pays hôte, ce forum « Avenir de l’Asie » réunit le président philippin Rodrigo Duterte, les Premiers ministres malaisien Mahathir Mohammad, bangladais Sheikh Hasina, cambodgien Hun Sen, laotien Thongloun Sisulith ainsi que les vice-Premiers ministres singapourien Heng Swee Keat et vietnamien Pham Binh Minh.

Des répercussions diverses

La guerre commerciale sino-américaine, caractérisée par une surenchère des droits de douane de part et d’autre, affecte la croissance mondiale et notamment celle de l’Asie. Mais pour les pays connus comme étant des centres de production à bas prix, c’est finalement une aubaine. 

En effet, si les premières délocalisations de sociétés étrangères en dehors de la Chine ont commencé il y a quelques années déjà, le déclenchement de cette guerre douanière a accéléré le mouvement. Casio, le fabricant japonais de montres, vient d’annoncer qu’il rapatrierait une partie de ses activités de production et délocaliserait le reste en Thaïlande. Mais la Thaïlande est aussi la destination d’une autre société japonaise, Ricoh, qui fabrique des imprimantes. Le producteur de chaussures américain Steve Madden a de son côté annoncé qu’il comptait faire du Cambodge son principal pays de production. Quant aux fabricants de chaussures Brooks Running, de machines à laver Haier, de chaussettes Jasan, qui alimentent les célèbres marques de vêtements sportifs tels qu’Adidas, Puma, New Balance ou Fila, ils envisagent de délocaliser… au Vietnam.

Selon un sondage publié ce mois-ci par la Chambre de commerce américaine en Chine, 40% des sociétés américaines implantées en Chine envisagent elles aussi de délocaliser, à moins qu’elles ne l’aient déjà fait, essentiellement en Asie du Sud-Est.

Voilà donc, pour l’Asie du Sud-Est, qui s’en tire finalement à bon compte. Les économies que d’aucuns appellent « les tigres d’Asie » ne peuvent pas en dire autant. Loin s’en faut. C’est notamment le cas de Singapour et de Hong Kong, qui doivent leurs richesses au commerce et au transit de flux commerciaux internationaux, mais aussi d’économies développées telles que la République de Corée et le Japon. Le coût élevé de leur main d’œuvre décourage les sociétés désireuses de délocaliser ailleurs qu’en Chine.

Nécessité d’un leadership japonais et aséanien

Que faire pour attirer les investisseurs, stopper la baisse des exportations et garantir une croissance inclusive en Asie, dans ce contexte de guerre commerciale sino-américaine ? Voilà la grande question qui sera débattue lors du forum de Tokyo.

Depuis plusieurs années, le Japon s’affirme en tant que promoteur de l’intégration économique asiatique. Il a joué un rôle clé dans la signature de l’accord de partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP) et de l’accord de libre-échange Chine-Japon-République de Corée. Tokyo se montre également très actif dans les négociations de l’accord de partenariat économique global régional, le RCEP. Profitant de sa position d’allié des États-Unis, le Japon négocie habilement avec ces derniers des accords commerciaux susceptibles de lui garantir les taxes les plus avantageuses possibles. L’ASEAN, de son côté, est en passe de devenir le moteur économique de l’Asie. Ses dix pays membres collaborent étroitement et partagent leurs infrastructures techniques et leurs technologies afin de trouver des places confortables dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.

Le forum de Tokyo sera donc l’occasion pour les dirigeants du Japon et de l’ASEAN de trouver des solutions pour permettre à leurs pays, mais plus généralement à l’Asie, de s’adapter au mieux à la nouvelle conjoncture et d’atteindre son objectif de croissance inclusive.


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