Le président français Emmanuel Macron (gauche) et le président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi lors d'une conférence de presse conjointe à Kinshasa, le 4 mars 2023. Photo: AFP |
Ce déplacement du chef d’État français comptait quatre étapes: Gabon, Angola, Congo et République démocratique du Congo. Dans le cadre cette tournée, en plus des rencontres bilatérales, Emmanuel Macron a également participé, les 1er et 2 mars à Libreville (Gabon), à One Forest Summit, le premier Sommet mondial pour la protection des forêts tropicales.
Intensifier l’influence sur le continent noir
Depuis des décennies, l’Afrique a toujours été une région traditionnelle d’influence française et entretient des liens étroits avec la France en termes linguistique, économique, culturel et humain. Sur le plan militaire, le Livre blanc français de la défense considère également l’Afrique comme une région d’importance stratégique juste après l’Europe. Plus de 6.000 soldats français effectuent actuellement des missions de soutien à la lutte antiterroriste en Afrique, dont 1.500 stationnés à Djibouti. Cette base opérationnelle est considérée comme un «tremplin» permettant à Paris de maintenir son influence en Indo-Pacifique. Par conséquent, le maintien de bonnes relations avec les pays africains et la préservation d’un rôle majeur de la France dans la région ont toujours été l’une des priorités de la politique extérieure des administrations françaises, et celle d’Emmanuel Macron ne fait pas exception.
Depuis sa prise de fonction en mai 2017, Emmanuel Macron a effectué 18 tournées sur le continent, dont la dernière l’avait conduit au Cameroun, au Bénin puis en Guinée-Bissau en juillet 2022.
Cependant, au fil des années, les relations entre la France et de nombreux pays africains, qui sont ses anciennes colonies, loin de s’améliorer, se sont, au contraire, détériorées. Le nouveau gouvernement militaire du Burkina Faso vient en effet de dénoncer un accord d’assistance militaire signé avec la France en 1961, quelques semaines après avoir obtenu le retrait de la force française Sabre de ce pays en proie à des violences djihadistes.
En 2022, la France avait déjà dû rappeler ses troupes de deux autres anciennes colonies, en Centrafrique et au Mali.
Emmanuel Macron à Libreville, au Gabon, le 2 mars. Photo: Ludovic Marin/Getty Images |
Dans ce contexte, selon de nombreux analystes, Emmanuel Macron a sans doute tenté de calmer la vague anti-française, qui s’y amplifie depuis quelques années. Il a aussi tenté de renforcer la confiance des pays africains en une future coopération égale et mutuellement bénéfique avec la France en matière d’économie, de défense et de sécurité. Enfin, il a essayé de convaincre l’Afrique de soutenir la politique des Occidentaux relative au conflit russo-ukranien.
Vers un nouveau modèle de partenariat
Auparavant, deux jours avant ce 18e déplacement en Afrique, le président français avait exposé depuis Paris sa stratégie africaine pour les quatre ans à venir. Sur le plan sécuritaire, il avait annoncé une prochaine "diminution visible" des effectifs militaires français sur le continent ainsi qu’une loi cadre pour procéder à de nouvelles restitutions d'oeuvres d'art aux pays africains qui le demandent. Emmanuel Macron avait également affirmé la volonté de la France de soutenir financièrement des startups africaines et d’aider les pays d'Afrique de l'Ouest à accélérer leur réforme du franc CFA.
La nouvelle politique française vis-à-vis de l’Afrique a été clairement expliquée par le président Macron, le 2 mars à Libreville, au Gabon. Il a alors déclaré que l'ère de la “Françafrique” était “révolue” et que la France était désormais un “interlocuteur neutre” sur le continent. Au sommet pour la préservation des forêts tropicales, co-organisé par la France et le Gabon à Libreville, Emmanuel Macron a répété sa volonté de “bâtir un partenariat équilibré” et de “porter des causes communes””avec les pays du continent. Et ce, que ce soit sur le climat, la biodiversité ou les enjeux économiques et industriels du 21e siècle.