États-Unis / Iran : la pression maximale, jusqu’où ?

Hông Vân
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(VOVWORLD) - Les rebelles Houthis ont beau avoir revendiqué les attaques du 14 septembre visant des installations pétrolières saoudiennes, les États-Unis et leurs alliés au Moyen-Orient accusent toujours l’Iran d’en être l’instigateur. Le président Donald Trump a d’ailleurs pris prétexte de l’incident pour renforcer les sanctions à l’encontre de Téhéran, semblant ainsi jouer la carte de la pression maximale. Reste à savoir jusqu’où…      

Les Houthis du Yémen affirment avoir lancé des drones sur Abqaiq et Kurais, deux des sites stratégiques du géant pétrolier saoudien Aramco. Selon eux, il s’agissait d’une riposte aux raids aériens menés depuis cinq ans par la coalition militaire conduite par l’Arabie Saoudite au Yémen. Seulement voilà… Il se trouve que la coalition en question ne veut pas les croire, estimant que les raffineries auraient été la cible d’armes en provenance de l’Iran. Son porte-parole affirme que les attaques ne sont pas parties du territoire yéménite et que les Houthis ont fait semblant d’en être les responsables.

Des accusations multiples…

Les États-Unis et leurs alliés au Moyen-Orient se sont empressés d’accuser l’Iran d’être à l’origine de ces attaques. D’après eux, rien ne démontre qu’elles soient parties du Yémen et tout laisse à penser qu’elles n’auraient pas été possibles sans l’aide de l’Iran. Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, s’est aussitôt envolé pour l’Arabie Saoudite pour discuter d’une éventuelle riposte, même si à bord de l’avion, il a dû reconnaître devant la presse n’avoir obtenu aucune preuve de l’origine iranienne des attaques. Quant au secrétaire à la Défense, Mark Esper, il a annoncé que les États-Unis et leurs alliés collaboraient pour « défendre l’ordre international » qui est « sapé par l’Iran ». De son côté, le président Donald Trump a ordonné à son secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, d’accentuer les sanctions contre l’Iran. « Il y a beaucoup d'options. Il y a l'option ultime et il y a des options bien moins élevées que cela », a répondu mercredi 18 septembre le président américain aux journalistes l'interrogeant depuis Los Angeles. Au même moment, l’Arabie Saoudite exhibait des débris censés appartenir à des missiles de croisière et des drones iraniens.

L’histoire se répète, semble-t-il. Il y a trois mois, les États-Unis avaient déjà accusé l’Iran d’être à l’origine des attaques dont avaient fait les frais deux cargos pétroliers internationaux près du détroit stratégique d’Ormuz.  

Cette fois-ci, le ministre iranien des Affaires étrangères a nié l’implication de son pays dans les attaques visant les raffineries pétrolières saoudiennes. Javad Zarif n’a pas oublié de signaler que suite à l’échec de sa stratégie de «pression maximale », Washington a opté pour la stratégie de « supercherie maximale ». L’Iran répondra immédiatement à toute action hostile des États-Unis, a-t-il averti.

… qui n’auraient pour but que d’obtenir la poursuite des négociations

Habitués aux tactiques américaines pour obliger l’Iran à retourner à la table des négociations, plusieurs pays ont réclamé que soit diligentée une enquête objective et rigoureuse sur les attaques du 14 septembre. Des experts de l’ONU devraient se rendre en Arabie Saoudite pour enquêter, conformément à deux résolutions du Conseil de sécurité, l’une concernant l’accord nucléaire de 2015 avec l’Iran et l’autre, l’embargo sur les armes vis-à-vis du Yémen. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a averti que le monde courrait un danger majeur en cas de conflit dans la région du Golfe, mettant en garde contre tout acte susceptible de conduire à une escalade des tensions.

Ces tensions, rappelons-le, ont débuté suite à l’annonce du président Donald Trump du retrait des États-Unis de l’accord nucléaire signé en 2015 à Vienne entre l’Iran, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU plus l’Allemagne. Il estimait que cet accord n’était pas suffisamment strict. Depuis, Washington a réintroduit et accentué ses sanctions, lesquelles visent essentiellement le système financier et l’exportation de pétrole, le secteur économique clé de Téhéran.

En accusant l’Iran d’être en lien avec ces attaques contre des sites pétroliers saoudiens, les États-Unis semblent ne pas avoir abandonné leur stratégie de la pression maximale. Il est fort à parier que les accusations de ce genre se multiplieront jusqu’à ce que reprennent les négociations sur le nucléaire, ou pire, jusqu’à ce que n’éclate un conflit à l’échelle régionale.

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