Au Sri Lanka, la messe de Pâques a été marquée par l’horreur. Une série d'explosions est survenue dimanche dans trois hôtels luxueux et une église de Colombo ainsi que dans deux autres églises situées à proximité de la capitale. Toujours à Colombo, une explosion s’est produite lundi 22 avril durant l’opération de déminage d’une bombe dans une camionnette arrêtée à proximité d’une église déjà frappée la veille.
Pour les Sri-Lankais, les attentats du dimanche de Pâques ont réveillé les terribles souvenirs de la violence des années noires de la guerre civile, qui a pris fin il y a juste dix ans et qui a coûté la vie à plus de 100.000 personnes entre 1972 et 2009, selon les estimations des Nations unies.
Des traces du terrorisme international
Vingt-quatre heures après la série d’explosions, le gouvernement srilankais a déclaré qu’il s’agissait de l’œuvre d’un mouvement islamiste local, le National Thowheeth Jama’ath (NTJ). Le groupe, sur lequel peu d’éléments sont connus, s’était fait connaître en 2018 pour des actes de vandalisme commis contre des statues bouddhiques. Passer de la lutte contre les moines bouddhistes à de spectaculaires attaques kamikazes contre des hôtels de luxe et des églises de la minorité chrétienne constitue une montée en puissance soudaine pour ce groupe extrémiste peu connu. Colombo cherche maintenant à savoir si le groupe a bénéficié d'un soutien extérieur.
Les experts n’excluent pas l’hypothèse que l’organisation État islamique soit derrière ces attentats meutriers afin de regagner son influence après avoir été presque éradiquée en Irak et en Syrie. La planification et la coordination minutieuses de ces attentats présentent de fortes ressemblances avec les attaques de jihadistes qui visent essentiellement les civils dans des lieux peuplés de touristes étrangers. Selon des sources de la communauté islamique au Sri Lanka, le groupe NTJ soutient publiquement le groupe État islamique et son fondateur, Zahran Hashim, a été identifié comme étant l'un des auteurs des attentats de ce dimanche.
Les craintes de nouveaux conflits
Pays multi-religieux et multi-ethnique, le Sri Lanka a une longue histoire de lutte contre le terrorisme et le séparatisme. La communauté des Chrétiens représente seulement 7% des 21 millions d'habitants de cette île majoritairement bouddhiste (70%). Le pays compte également 13% d'hindouistes et 10% de musulmans. Les raisons des attaques meutrières survenues dimanche de Pâques ne sont pas encore connues pour le moment mais de nombreux experts ont d’ores-et-déjà mis en garde contre de nouveaux conflits ethniques dans ce pays d’Asie du Sud.