Suite à un bombardement israélien sur la ville de Gaza, le 21 octobre 2023. Photo: AFP |
Deux réunions de haut niveau consécutives se sont tenues le week-end dernier pour tenter de trouver une solution au conflit dans la bande de Gaza. La première de ces réunions a eu lieu le samedi 21 octobre au Caire, la capitale égyptienne, sous la forme d’un Sommet pour la paix, réunissant des dirigeants de pays arabes, d'Europe, des États-Unis et de nombreuses grandes organisations internationales. Le lendemain, une réunion virtuelle a eu lieu entre les dirigeants des puissances occidentales, notamment les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne, l'Italie et le Canada. Malheureusement, aucune de ces deux réunions diplomatiques majeures n'a abouti à une résolution positive de l'escalade du conflit dans la bande de Gaza.
Une division très nette entre l’Occident et le monde arabe
Dans un communiqué publié à l'issue du Sommet pour la paix au Caire, le porte-parole de la présidence égyptienne, Ahmed Fahmy, a déclaré que le résultat le plus important de ce sommet a été d'accroître la compréhension mutuelle entre les pays participants. Cependant, les observateurs estiment que cela revient à dire que ce sommet n'a pas réussi à atteindre l'objectif crucial d'établir un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza. Il est évident qu'il existe de nombreuses divergences entre l'Occident et le monde arabe. Les pays occidentaux souhaitent inclure dans la déclaration commune de ce sommet les condamnations les plus fermes de l'attaque du Hamas sur le territoire israélien le 7 octobre et reconnaître le droit d'Israël à l'autodéfense, tandis que les pays arabes exigent une condamnation similaire de la part de l'Occident des pertes en vies humaines parmi les civils palestiniens dans la bande de Gaza ainsi que la levée complète du blocus dans cette région.
Selon les observateurs, bien que la plupart des pays occidentaux souhaitent rétablir le processus de paix entre Israël et la Palestine pour résoudre le conflit de manière définitive, il est actuellement évident que ces pays affichent leur soutien à l'opération militaire israélienne à Gaza visant à éliminer le Hamas. La preuve en est la déclaration commune publiée après la réunion en ligne tenue le 22 octobre, un jour après le Sommet pour la paix au Caire. Les dirigeants des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie et du Canada ont réitéré leur soutien à Israël et à son droit de se défendre. Ils ont également appelé au respect du droit international humanitaire, notamment en ce qui concerne la protection des civils, sans toutefois évoquer un cessez-le-feu immédiat.
Au Sommet du Caire. Photo: Khaled Desouki/AFP/Getty Images |
D'après de nombreux experts, cette approche occidentale risque d'accroître les divisions et les désaccords avec les pays arabes, de plus en plus préoccupés par les conséquences du conflit à Gaza, et qui ne sont pas disposés à sacrifier leurs intérêts si l'Occident ne parvient pas à trouver une solution globale. Lors du Sommet au Caire, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sisi, dont le pays joue un rôle central dans les efforts diplomatiques actuels au Moyen-Orient, a catégoriquement rejeté l'éventualité d'un déplacement massif de la population civile de la bande de Gaza vers la péninsule égyptienne du Sinaï en raison des bombardements israéliens et d'une opération militaire terrestre.
«Je peux affirmer clairement et honnêtement au monde la volonté du peuple égyptien. En aucun cas, une solution à la question palestinienne ne sera possible au détriment des intérêts de l'Égypte», a-t-il martelé.
L'acheminement des aides humanitaires à Gaza est une priorité
Alors que les efforts visant à parvenir à un cessez-le-feu immédiat à Gaza sont dans l'impasse, la communauté internationale a multiplié les initiatives pour éviter une crise humanitaire dans la région. Le Haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell, a déclaré lundi que la priorité actuelle est d'acheminer l'aide humanitaire dans la bande de Gaza.
Le Haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell. Photo: Julien Warnand/EPA |
Même en temps de paix, la bande de Gaza est approvisionnée chaque jour en nourriture, en eau et en médicaments par plus de 100 camions. Actuellement, ce nombre est tombé à environ 20 par jour, mais les besoins sont encore plus importants qu'auparavant, a-t-il ajouté.
«La priorité actuelle est d'acheminer l'aide humanitaire à Gaza. Personnellement, je pense qu'une pause humanitaire est nécessaire pour permettre la distribution de l'aide humanitaire. Il est important de noter que la moitié de la population de Gaza a dû quitter son domicile», fait-il remarquer.
L'aide humanitaire à Gaza était également au cœur de l'entretien téléphonique entre le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu le 22 octobre. Après cet appel, la Maison Blanche a annoncé qu'Israël avait autorisé, à la demande des États-Unis, l'entrée d'aide humanitaire via Rafah, qui est la seule sortie de Gaza vers le monde qu'il ne contrôle pas. Au 23 octobre, seulement 34 camions avaient pu entrer dans la bande de Gaza via Rafah avec des fournitures vitales, ce qui équivaut à seulement 4 % du volume quotidien moyen de marchandises qui entraient dans la bande de Gaza avant cette nouvelle crise, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) des Nations Unies.
L'ONU a appelé Israël à autoriser le transport de carburant vers la bande de Gaza afin de maintenir les activités des établissements médicaux. Le Conseil de sécurité prévoit de se réunir à nouveau cette semaine pour discuter de l'appel à une pause humanitaire, lancé par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Jusqu'à présent, après plus de deux semaines de conflit dans la bande de Gaza, tous les projets de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU concernant ce conflit ont créé des divisions parmi les membres clés du conseil.