Photo d'illustration
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Ce
vendredi 6 avril, le bureau de représentation commerciale des Etats-Unis
devrait publier la liste des produits chinois importés susceptibles de faire
l’objet d’une taxation supplémentaire. Le président Donald Trump a décidé que
le montant total des droits de douane concernés pourrait s’élever jusqu’à 60
milliards de dollars. Mais lundi dernier, la Chine lui avait déjà coupé l’herbe
sous le pied, en adoptant une hausse des droits de douane comprise entre 15 et
25%, soit 3 milliards de dollars, sur 130 produits américains. Le 4 avril,
Pékin a ajouté à cette liste d’autres produits, dont le soja, les voitures, le
tabac ou encore les produits dérivés du coton, faisant ainsi monter à 50
milliards de dollars la valeur de ses sanctions tarifaires contre les
Etats-Unis.
Entre-temps,
le 3 avril, le bureau de représentation commerciale américain a publié sa liste
de 1300 produits chinois faisant l’objet d’une taxation supplémentaire.
Tout
a commencé par une décision du président Donald Trump. Choqué par l’énorme
déficit commercial des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine, qui a atteint l’an
dernier les 375 milliards de dollars, le patron de la Maison Blanche s’est
résolu à taxer plus lourdement certaines importations chinoises, à commencer
par l’aluminium et l’acier. Il veut percevoir 60 milliards de dollars de droits
de douane supplémentaires, tout en demandant à la Chine de réduire, de 100
milliards de dollars, son excédent commercial avec les Etats-Unis.
Des
répliques égales
Petite
nuance, début mars, c’étaient plusieurs pays, et pas uniquement la Chine, que
le président américain voulait viser avec sa nouvelle politique tarifaire. Le 2
avril, la Chine a été le premier pays à réagir en annonçant, de son côté, des
hausses tarifaires de 3 milliards de dollars sur certains produits américains.
Une riposte plutôt modérée par rapport à la décision, annoncée deux jours plus
tard toujours par la même Chine, qui porte cette fois-ci sur 50 milliards de
dollars, un chiffre bien plus proche des 60 milliards que les Etats-Unis
veulent lui prendre.
Et
pour rester dans la comparaison, il faut savoir que 3 milliards de dollars
correspondent à 2% de la valeur des exportations américaines vers la Chine.
Mais 50 milliards, c’en est plus de 33%.
On
remarque aussi que parmi les produits américains que la Chine veut taxer plus
lourdement, figurent des produits qui ont la cote auprès des consommateurs
chinois, tels que le soja ou les voitures. Le soja, en particulier, représente
la plus grande manne commerciale des Etats-Unis en Chine, avec un chiffre
d’affaires de 14 milliards de dollars l’an dernier. Un soja plus lourdement
taxé en Chine signifierait une perte de revenus pour des cultivateurs
américains, dont un nombre conséquent d’électeurs qui ont voté pour Donald
Trump en 2016.
Force
est de reconnaître que la Chine a mis à exécution sa menace de riposter aux
sanctions commerciales américaines en en adoptant d’autres tout à fait
semblables de par leur montant, leur envergure et leur intensité.
L’avenir
est cependant au dialogue
Cette
escalade ne surprend pas grand monde. Beaucoup s’y attendaient dans la mesure
où Donald Trump n’a jamais cherché à dissimuler son hostilité commerciale à
l’égard de la Chine.
Mais
personne ne peut gagner une guerre commerciale. Les droits de douane américains
destinés à sanctionner la politique de propriété intellectuelle chinoise se
retourneront contre les consommateurs américains. En effet, près de la moitié
des produits importés de Chine aux Etats-Unis en 2017 étaient des produits de
consommation courante. Augmenter les taxes sur ces produits, c’est toucher au
portefeuille de dizaines de millions de consommateurs américains. De même, si
les ordinateurs, les machines et les équipements industriels chinois subissent
des droits de douane plus élevés, le coût de revient des sociétés américaines
utilisant ces produits augmentera et leur compétitivité diminuera, entraînant
la perte d’emplois de centaines de milliers d’Américains.
La
Chine non plus ne s’en sortira pas indemne. De nombreux produits technologiques
américains sont assemblés sur son territoire. Une taxation plus élevée de ces
produits aura donc des impacts considérables sur des travailleurs chinois.
A
terme, l’escalade des tensions commerciales entre les deux plus grandes
économies du monde affectera toutes les autres. D’aucuns parlent même de
l’éventualité d’une crise économique généralisée.
Mais,
qu’on se rassure. Consciente qu’une guerre commerciale ne fera que des
perdants, la Chine appelle constamment les Etats-Unis à rechercher avec elle
des mesures constructives permettant d’assainir et de stabiliser les relations
économiques bilatérales.
De
plus, aussi acerbe puisse-t-il paraître, le conflit actuel n’est pas totalement
hors contrôle. Il reste encore du temps aux deux parties pour dialoguer, la
liste des produits chinois soumis à une hausse des droits des douanes ne
pouvant être définitivement arrêtée qu’après consultation des sociétés
américaines.