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La transition va durer 11 mois et les échanges quotidiens vont continuer comme avant jusqu'à la fin de 2020, le temps pour Bruxelles et Londres de négocier leur relation future, en particulier commerciale. Les négociations qui s’annoncent âpres ont commencé dès le 1er février et leur issue reste très incertaine.
Vers une bataille sans compromis
Le Royaume-Uni s’est montré ferme sur sa volonté de s’affranchir des règles de l’Union européenne après le Brexit, laissant entrevoir un bras de fer intense sur la future relation commerciale. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a refusé un accord qui lui imposerait de continuer de respecter certaines règles de l'Union. «Nous n’avons pas besoin d'un accord de libre-échange qui impliquerait d'accepter les règles de l'UE en termes de concurrence, de subventions, de protection sociale, d'environnement ou autre», a-t-il déclaré.
Mais les responsables européens n’ont cessé de marteler ces derniers temps que si le Royaume-Uni voulait un accord douanier avantageux ouvrant le marché européen à ses produits et inversement, il ne pourrait pas s’affranchir totalement des normes communautaires en devenant ainsi un concurrent dérégulé et déloyal aux portes de l’Union. Un accord devra donc être conclu sur «un mécanisme permettant de maintenir les normes élevées que nous avons en matière sociale, environnementale, climatique, fiscale et d'aides d'État», a insisté Michel Barnier, le négociateur en chef de l'Union européenne pour le Brexit, qui a également parlé d’un accord bilatéral sur la pêche, un enjeu crucial des négociations entre Londres et les 27.
Un Singapour-sur-Tamise?
Dans son premier discours post-Brexit, Boris Johnson a laissé entendre qu’il comptait faire à ses anciens alliés une «offre à prendre ou à laisser», proposant à Bruxelles le choix entre un «accord de libre-échange similaire à celui conclu avec le Canada ou un accord comme avec l’Australie». «Nous ne ferons aucune concurrence déloyale, qu’elle soit commerciale, économique ou environnementale», a déclaré le dirigeant conservateur, s’engageant à ne pas revoir à la baisse les normes européennes.
Auparavant, la chancelière allemande, Angela Merkel avait averti - «Il y aura un concurrent à notre porte» - et poussé les Européens à agir. «Si le Royaume-uni veut établir à l'extérieur de l'Union européenne une espèce de Singapour-sur-Tamise, nous ne serons pas d'accord parce qu'il faudra, pour avoir accès au marché intérieur, respecter nos règles», avait de son côté déclaré le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
Un premier bilan sera dressé avant le premier juillet 2020, ce qui devrait permettre d'évaluer le risque d’un «no deal», un spectre qui va continuer à planer, avec ses conséquences désastreuses, sur les discussions entre Londres et Bruxelles.