La chancelière allemande Angela Merkel - Photo Getty

Cette déclaration a été rendue publique après les échecs successifs de la CDU et de la CSU aux élections locales dans la Hesse et la Bavière.

Une fin connue d’avance

Le retrait d’Angela Merkel est une fin sans surprise et inévitable de la scène politique allemande et de la chancelière elle-même. En effet, son prestige et celui de son parti ont considérablement diminué depuis les élections fédérales en septembre 2017. Même si Angela Merkel avait réussi à obtenir un quatrième mandat et que l’alliance CDU/CSU avait toujours remporté le plus de sièges au Bundestag, le scrutin de 2017  a enregistré son pire score depuis 70 ans.

À l’inverse, les partis nationalistes n’ont jamais obtenu autant de sièges à la Chambre basse et pour la première fois, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) a des sièges au Bundestag. Présidente de la CDU depuis l’an 2000 et chancelière depuis 2005, Angela Merkel reste la femme la plus puissante du monde. Cheffe du gouvernement de l’économie la plus forte du bloc européen, elle est considérée comme la dirigeante de l’Union européenne et a laissé des empreines importantes aux niveaux économique et diplomatique, notamment dans le règlement de la crise de la zone euro.

Si la politique d’ouverture face à la crise des migrants en 2015 a aidé Angela Merkel à devenir la personnalité de l’année du Time, elle est aussi le facteur l’ayant menée à son échec. La venue de 1,5 million de migrants en Allemagne depuis 2014 a fait perdre à la CDU le soutien des électeurs conservateurs.

Quel avenir pour l’Allemagne et l’Union européenne?

Même si Angela Merkel considère sa décision comme une chance «d’ouvrir un nouveau chapitre» à l’Allemagne, les experts estiment que l’avenir du pays est voué à l’instabilité.

Angela Merkel n’étant plus à la tête de la CDU, sa voix sur les politiques du gouvernement sera beaucoup moins pesante. Quand l’alliance CDU/CSU sera dissoute, des élections anticipées seront organisées et elle pourrait être contrainte à écourter son mandat.

La succession au poste de chancelier intéresse également la communauté internationale. Angela Merkel est considérée comme le symbole de la stabilité. La fin de «l’ère Merkel» exposera l’Allemagne à de nombreux défis. Sur le plan intérieur, la politique d’ouverture d’Angela Merkel permettant à plus d’un million de migrants de venir en Allemagne a été sévèrement critiquée. On estime que sa décision a mis en péril la structure de la société allemande et a provoqué une rupture culturelle et religieuse. À cette polémique s’ajoute le mécontentement d’un grand nombre d’électeurs contre la politique d’austérité menée par le gouvernement fédéral depuis des années.

Sur le plan extérieur, le protectionnisme de Donald Trump, l’embargo imposé contre la Russie, la division au sein de l’Union européenne constituent des défis pour l’Allemagne en tant que «lotomotive» du bloc.

Le retrait d’Angela Merkel menace la stabilité de l’Allemagne et de toute l’Union européenne. Ce retrait reflète aussi la scission politique de plus en plus grave observée au sein de l’Europe. L’émergence du populisme en Europe de l’Est et autour de la Méditerrannée tout comme l’échec du Parti social-démocrate en Suède pourraient changer radicalement la physionomie de l’Europe dans les temps à venir.