Photo AP
|
Les accords en question ont été signés par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et par les ministres des Affaires étrangères émirati, le Cheikh Abdullah Bin Zayed al Nahyan, et bahreïnien, Abdullatif Bin Rashid Al Zayani, en présence de Donald Trump, candidat à sa propre ré-élection à la présidence des États-Unis.
« Après des décennies de divisions et de conflits, nous sommes témoins de l'avènement d'un nouveau Moyen-Orient », a déclaré le président Trump lors d'une cérémonie organisée dans les jardins de la Maison Blanche. Il a même assuré que 7 à 9 pays arabes supplémentaires suivraient « très bientôt » l'exemple des deux États du Golfe, mais sans préciser lesquels. Il faut savoir que jusque-là, seuls l’Égypte, en 1979, et la Jordanie, en 1994, avaient normalisé leurs relations avec l’État hébreu.
Une victoire pour les uns…
De l’avis des observateurs, ces accords sont un succès diplomatique pour le président américain Donald Trump, qui apparaît alors comme un faiseur de paix à une cinquantaine de jours de l’élection présidentielle. Ils démontrent en tout cas l’influence encore importante de Washington au Moyen-Orient, qui souhaite rassurer ses alliés quant à la protection de leurs intérêts.
C’est aussi une réussite pour Israël qui souhaite briser son isolement diplomatique dans la région et bâtir un front commun contre l'ennemi iranien. Un succès également pour les Émirats Arabes Unis, un allié important des États-Unis dans la région, qui voient dans cet accord de riches opportunités politiques, diplomatiques et économiques à saisir.
De nombreux pays du monde, dont la France, se sont félicités de l’annonce de ces deux accords, affirmant que la dynamique nouvelle qui en découle devait contribuer à la paix et à la stabilité régionales.
… un coup de poignard dans le dos pour les autres
Mais que pensent les Palestiniens de ces accords ? « L'accord entre Bahreïn et Israël est un coup de poignard dans le dos de la cause palestinienne et du peuple palestinien », a déclaré Ahmad Majdalani, le ministre des Affaires sociales de l'Autorité palestinienne. Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, a quant à lui dénoncé une « agression » portant un « grave préjudice » à la cause palestinienne.
Plusieurs forces politiques ou organisations arabes affichent un rejet catégorique de ces accords, accusant Abou Dhabi de « trahison » et de « coup de poignard » dans le dos du monde arabe. Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal Ben Farhane, a de son côté exclu toute normalisation en l’absence d’un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens. L’Iran et la Turquie ont eux aussi critiqué la normalisation des relations entre les Émirats Arabes Unis, Bahreïn et Israël. Téhéran a d’ailleurs qualifié cet accord entre Israël et les Émirats de « stupidité stratégique » qui « renforcera sans aucun doute l’axe de résistance dans la région ».
D’après les analystes, la véritable portée de ces accords historiques ne pourra être appréciée que sur le long terme. Mais dans l’immédiat, la normalisation des relations entre Israël, les Émirats Arabes Unis et Bahreïn pourrait bousculer les rapports de force au Moyen-Orient sans pour autant mettre fin à l’instabilité régionale ou ramener la paix dans cette région considérée comme « point chaud » du monde.