La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Photo: AP/Virginia Mayo |
L’élargissement du bloc – une nouvelle ambition géopolitique
Cette année, l'élargissement de l'Union européenne était une priorité pour les Vingt-Sept, qui ont entamé des discussions dès le début de l'année avec l'Ukraine, la Moldavie et les États des Balkans occidentaux. En octobre, lors de la troisième réunion de la Communauté politique européenne et du Sommet informel de l'Union européenne à Grenade (Espagne), les dirigeants européens ont exprimé leur intention d'accélérer le processus d'évaluation des candidatures. Le 8 novembre, la Commission européenne a publié un rapport exhaustif sur les réformes réalisées par 10 pays souhaitant rejoindre l'UE, à savoir l'Ukraine, la Moldavie, la Géorgie, six pays des Balkans et la Turquie.
Lors de son dernier sommet de l'année 2023, tenu les 14 et 15 décembre, l'Union européenne a décidé d'entamer des négociations d'adhésion avec l'Ukraine et la Moldavie, tout en accordant à la Géorgie le statut de candidat. L'élargissement de l'Union européenne est considéré comme un investissement stratégique pour le bloc, a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
«Les raisons qui commandent aujourd'hui cet élargissement n'ont jamais été aussi puissantes et impérieuses. Dans un monde ébranlé par de multiples crises, il s'agit d'un investissement dans la stabilité et la sécurité de notre continent. Mais bien sûr, c'est aussi un investissement en faveur de la prospérité de notre continent», a-t-elle plaidé.
Même si l'adhésion de nouveaux membres permettra à l'Union européenne de faire face aux conséquences du conflit en Ukraine et aux flux migratoires persistants dans le sud de l'Europe, le bloc doit néanmoins surmonter de nombreux enjeux internes. Lors du dernier sommet de l'Union européenne en 2023, visant à entamer les négociations sur l'adhésion de l'Ukraine, 26 États membres ont dû exercer une pression diplomatique et financière sur la Hongrie. Heather Grabbe, experte au sein du fonds de recherche Bruegel à Bruxelles, a souligné:
"Ces enjeux portent atteinte au prestige du processus d'adhésion de nouveaux membres. Dans l'histoire de l'Union européenne, lorsque les pays ont une perspective d'adhésion crédible, ils peuvent mettre en œuvre des réformes significatives. Cependant, si l'Union européenne hésite, n'a pas une vision claire de ses objectifs ou est embourbée dans des querelles internes, ce processus sera confronté à des obstacles. C'est ce qui s'est passé avec les pays des Balkans occidentaux et la Turquie."
Des dirigeants mondiaux se réunissent en marge du dernier sommet de l'UE en 2023. Photo: AP/Omar Havana |
Une perspective économique morose
En 2023, l'Union européenne a dû faire face à de nombreux enjeux politiques et économiques. Selon le dernier rapport sur les perspectives économiques publié le 29 novembre par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), une croissance de seulement 0,6 % était prévue pour cette année et de 0,9 % pour l'année suivante dans la zone euro. Ces prévisions se situent nettement en deçà de celles des États-Unis, de la Chine et de nombreuses autres économies. Plus particulièrement, l'OCDE a identifié l'Allemagne, première puissance économique européenne, comme la moins performante au monde cette année, avec une récession de 0,1 %.
Malgré une forte baisse de la pression énergétique, l'inflation dans la zone euro demeure élevée, contraignant la Banque centrale européenne (BCE) à maintenir le taux d'intérêt à un niveau élevé. En décembre, après dix hausses consécutives, le taux d'intérêt de base de la BCE reste à 4,5 %, atteignant ainsi son plus haut niveau depuis l'introduction officielle de la monnaie unique au sein de l'Union européenne en 2002. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a annoncé que ce taux ne serait pas revu à la baisse dans l'immédiat.
«Nous avons augmenté de 450 points en 15 mois, un niveau très élevé et sans précédent. Il s'agissait d'une politique vigoureuse mais déphasée. Et nous ne voyons pas encore le point final. Nous sommes conscients que des problèmes surviendront et impacteront les économies européennes», a-t-elle averti.
Au cours du dernier trimestre, des signes encourageants ont été observés. Le taux d'inflation au sein de la zone euro a été ramené à 2,4% en novembre, en nette diminution par rapport à la médiane de 6,5% enregistrée au cours de l'année 2023. En octobre, le taux de chômage a également diminué à 6%, atteignant son plus bas niveau depuis plusieurs années. Cependant, malgré ces améliorations, la Commission européenne demeure prudente face aux évolutions économiques à moyen terme.
La Commission européenne exprime toujours des inquiétudes concernant la persistance de l'inflation, le risque d'interruption de l'approvisionnement énergétique, la hausse du taux d'intérêt et des prix des carburants. Le commissaire économique de l'Union européenne, Paolo Gentiloni, a expliqué que ces facteurs ont conduit à une révision à la baisse des prévisions de croissance pour 2023 et 2024, les ramenant respectivement à 0,6% et 1,3%.
Par ailleurs, la complexité des relations entre l'Union européenne et ses partenaires importants, notamment les États-Unis et la Chine, risque d'avoir des impacts négatifs sur l'économie européenne. Cette année, l'Union européenne a organisé un sommet avec les États-Unis et un premier tête-à-tête avec la Chine après quatre ans, dans le but de résoudre les blocages existants. Cependant, aucun progrès majeur n'a été réalisé en ce qui concerne la législation sur la réduction de l'inflation aux États-Unis ni sur le déséquilibre commercial avec la Chine. À cela s'ajoute le retour des flux migratoires en Europe, représentant un lourd fardeau pour les économies membres.