Nguyên Thi Huong habite la ville de Dông Hà. Pour elle, Fidel Castro est le père qui lui a donné naissance une seconde fois... Son histoire remonte à l'après-midi du 16 septembre 1973. Huong a alors 17 ans. Avec d’autres jeunes, elle comble des cratères sur les rives de la rivière Bên Hai, lorsqu’une bombe explose, la blessant grièvement, elle et cinq autres personnes. À peu près au même moment, le président cubain arrive. Aussitôt, il prend en charge Huong, qu’il fait transporter à l'hôpital de Vinh Linh, et envoie également une voiture à Quang Binh pour en rapporter une poche de sang… Il ira même jusqu’à s’inquiéter de son sort une semaine plus tard en lui faisant parvenir des médicaments…
«J'ai été gravement blessée et si je suis encore en vie et en bonne santé, aujourd’hui, c’est grâce à lui. Je le considère comme un père. C’est lui qui m'a donné naissance une seconde fois», nous confie Huong.
Certains anciens responsables du district de Cam Lô se souviennent encore du jour où ils ont eu l’honneur d’accueillir sur le champ de bataille le dirigeant cubain pour un meeting anti-guerre. D’après Duong Tu Anh, ancien secrétaire du comité du Parti pour le district de Cam Lô, dans l'après-midi du 14 septembre 1973, les responsables des districts de la province de Quang Tri ont reçu un avis secret les informant qu’un meeting serait organisé à Cam Lô. Le lendemain, ils ont été informés que le rassemblement se tiendrait à la colline 241 et qu’un «invité spécial» y participerait…
C’est dans cette ancienne base américaine, jonché encore de carcasses de chars et d'obus d'artillerie que le leader cubain a déclaré: «Pour le Vietnam, Cuba est prête à donner son sang». Cette déclaration est entrée dans l’Histoire des deux pays et elle contribue encore aujourd’hui à consolider leur amitié et leur fraternité, comme nous le rappelle Duong Tu Anh.
Duong Tu Anh. Photo :VOV
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«Le meeting a eu lieu à environ 12 kilomètres de la base américaine. Fidel Castro a brandi le drapeau du Front national de libération du Sud-Vietnam. Le peuple, les guérilleros, les responsables des communes, des districts et des provinces ont applaudi à tout rompre», se souvient-il.
Le lendemain, vers 10 heures, Fidel Castro s’est rendu au siège du gouvernement révolutionnaire provisoire de la République du Sud-Vietnam, situé à Cam Lô, le chef-lieu du district du même nom. Il y a déjeuné avec des responsables vietnamiens. Pour Nguyên Minh Ky, ancien président du Comité populaire de la province de Quang Tri (de 1999 à 2004), qui a eu l'honneur d'accueillir le président Fidel Castro ce jour là, le fait qu’un chef d’État d’Amérique latine ait choisi de visiter Quang Tri, théâtre des bombardements américains pendant la guerre en 1973, juste après la signature des Accords de Paris sur la fin de la guerre au Vietnam, est un événement mémorable.
«Le fait qu’un dirigeant d'un pays d'Amérique latine soit venu au Vietnam, en particulier à Quang Tri, sous une pluie de bombes et de balles, nous a beaucoup encouragés, car il ne pensait pas au danger. Fidel Castro est une idole pour les peuples du Sud en particulier et pour le peuple vietnamien en général», note-t-il.
La colline 241 est aujourd’hui un vestige national situé à Tân Phu, un village de la commune de Cam Thành. Les collines qui étaient autrefois des champs de bataille sont désormais recouvertes d'hévéas, de poivriers... Nguyên Thanh Bac, qui est l’actuel vice-président du comité populaire du district, est bien conscient du rôle joué par «Lider Maximo»…
Colline 241. Photo : VOV |
«Même après la libération, Cam Lô restait une région extrêmement dangereuse, mais en dépit de ça, le président Fidel Castro s’y est rendu. Sa visite a encouragé les soldats et les habitants de Quang Tri en particulier et le peuple vietnamien en général à continuer à se battre pour enfin réunifier le pays au printemps 1975», déclare-t-il.
50 ans se sont écoulés depuis cette visite historique, mais le président cubain Fidel Castro reste à jamais dans le cœur des Vietnamiens comme un symbole de l'héroïsme révolutionnaire, de l'esprit indomptable et de l’aspiration à la liberté, à la paix et au bonheur.