Des marionnettes sur eau en format poche

Bùi Hằng
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(VOVworld)-Les marionnettes sur eau sont sans conteste l’un des fleurons des folklores traditionnels vietnamiens. Emanation d’une civilisation essentiellement rizicole, elles occupent une place de choix dans les arts scéniques, au même titre que le Tuong ou le Cheo, qui sont deux formes de théâtre chanté. Mais aujourd’hui, c’est à un marionnettiste pas tout à fait comme les autres que nous allons nous intéresser.
(VOVworld)-Les marionnettes sur eau sont sans conteste l’un des fleurons des folklores traditionnels vietnamiens. Emanation d’une civilisation essentiellement rizicole, elles occupent une place de choix dans les arts scéniques, au même titre que le Tuong ou le Cheo, qui sont deux formes de théâtre chanté. Mais aujourd’hui, c’est à un marionnettiste pas tout à fait comme les autres que nous allons nous intéresser. Phan Thanh Liêm-C’est le nom du marionnetiste en question-fait en effet partie de ceux qui essaient d’apporter un souffle nouveau à ces marionnettes sur eau. Il s’est même fait construire son propre théâtre chez lui: une sorte d’atelier expérimental.

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Situé dans une petite ruelle attenante à la rue Kham Thien, à Hanoi, le théâtre de marionnettes sur eau de Pham Thanh Liem attire toujours autant de spectateurs, vietnamiens et étrangers. Il faut se figurer une maison à 3 étages, chacun ne recouvrant que 30 mètres carrés entièrement dévolue au théâtre, la grande passion du maître de céans. Rien n’y manque: la scène, bien sûr, entourée d’un décor représentant des banians séculaires et des bosquets de bambou et l’indispensable bassin, à la surface duquel flottent des jacinthes aquatiques. C’est dans cet espace restreint-petit théâtre de poche en fait que toutes les 30 minutes, un court spectacle a lieu devant une quinzaine de spectateurs. Danses du dragon, danses de la licorne, combats de buffles, scènes de labourage ou de hersage, courses de pirogue… Le programme est relevé! Et au plaisir du spectacle, s’ajoute celui de pouvoir manipuler soi-même des marionnettes ou de pouvoir observer comment elles sont taillées.

Les touristes, qu’ils soient vietnamiens ou étrangers, ont toujours envie de découvrir les marionnettes sur eau, nous explique Pham Thanh Liem. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai fait construire ce théâtre. Ce qui en fait l’originalité de ce théâtre, c’est que le spectateur ne se contente pas d’assister à une représentation, il est invité à découvrir toutes les facettes de cet art traditionnel que sont les marionnettes sur eau.   

Sur scène, l’atmosphère est criante de vérité. Juste avant le début de la séance, les lumières sont éteintes, et aussitôt, le spectateur se retrouve transporté comme par enchantement dans un coin de campagne vietnamienne. Le croassement des grenouilles, le murmure des insectes, le chant du coq, les pas des buffles… Tout un univers sonore soigneusement reconstitué, d’une incroyable puissance évocatrice ! Et puis voilà que les marionnettes font leur apparition dans le bassin, au milieu des fumigènes, accompagnées par une musique folklorique entrainante… Le public est conquis! En tout cas, ce n’est certainement pas Mai Hai Ha qui nous prétendra le contraire:

Ce qui est épatant, c’est que tout est ramassé dans un petit espace, s’enthousiasme-t-elle. Quand on a pas vraiment le temps d’aller à la campagne et qu’on aime pas se retrouver dans un grand theâtre avec des projecteurs un peu partout et une sonorisation trop forte, c’est idéal! 

«Idéal», c’est vrai et pas que pour les spectateurs vietnamiens. Les visiteurs étrangers, eux aussi, se laissent volontiers prendre au jeu. J’ai vraiment eu une très bonne surprise en venant ici, constate Valérie Gardelle. Des spectacles de marionnettes sur eau, j’en avais déjà vu beaucoup, mais jamais dans un tel format! Je pense que pour le public, c’est vraiment très bien: étant donné le côté intimiste, c’est séduisant et en plus, ça permet de découvrir en profondeur cet aspect de la culture vietnamienne.  

Né d’une famille de marionnetistes à Nam Dinh, Pham Thanh Liem a été immergé dès sa plus petite enfance dans le monde magique et enchanteur du spectacle. Son père n’est autre que Pham Van Ngai, à qui l’on doit la réapparition du rôle du bouffon  et qui a été le premier, au Vietnam, à diriger une troupe privée. Liem se souvient encore avec attendrissement des tournées où il fallait transporter les marionnettes, les éléments de décor, les accessoires et les instruments de musique sur des palanches pour aller se produire de marché en marché. Il n’en fallait pas plus pour que naisse une vocation, une vocation qui allait le conduire jusqu’à l’étranger, avec son théâtre de poche.

Depuis ma plus tendre enfance je suis passionné par les marionnettes sur eau, nous confie-t-il. J’ai toujours carressé le rêve de pouvoir réduire la scène pour pouvoir l’emporter facilement et aller dans les écoles, dans les régions lointaines et reculées… Dans tous les endroits, en fait, où une scène traditionnelle ne peut pas tenir. J’ai fait en sorte que ce théâtre de poche me permette d’acomplir tous mes rêves.

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Ses tournées à l’étranger ont laissé à Pham Thanh Liem quelques beaux souvenirs. Une fois, en France, les malles contenant toutes les marionnettes s’étaient égarées. Seulement le spectacle était déjà dûment annoncé par la presse et les billets étaient vendus… Alors il a dû aller fouiller dans les dépôts de l’aéroport pour finalement retrouver ces fameuses malles in extremis. Une autrre fois, en Corée, la pluie s’était invitée au spectacle. Eh bien qu’à cela ne tienne! Des imperméables ont été distribués aux spectateurs. Quant à la représentation, elle a non seulement eu lieu, mais elle a même été couronnée de succès.

Durant mes tournées au Japon, en République de Corée et en Europe, j’ai pu constater que les marionnettes sur eau sont toujours chaleureusement accueillies, nous raconte Pham Thanh Liem. Je pense que c’est une bonne façon de promouvoir la culture vietnamienne.

Pham Thanh Liem a décidément plus d’une corde à son arc. Ne se contentant pas de donner des représentations, il écrit ses propres scénarios, quitte à faire basculer ses marionnettes dans notre époque et à leur faire endosser un rôle ouvertement pédagogique. C’est ainsi, par exemple, qu’il a créé un spectacle sur le code de la route  à l’intention des écoliers. Pourquoi pas, après tout? C’est ludique, efficace et ça permet aux enfants de découvrir un art traditionnel qu’ils ne connaissent que très peu pour la plupart d’entre eux.

La vie moderne a une facheuse tendance à envoyer valdinguer les vieilles traditions. Force est de reconnaître qu’hélas, les marionnettes sur eau ne font pas exception. Sauf peut-être chez des gens comme Pham Thanh Liem qui se font et nous font le plaisir d’envoyer valdinguer notre modernité ambiante à grands coups de traditions revisitées… Qui s’en plaindra?

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