Pham Thê Duyêt est un producteur chevronné. Il parfume le thé shan tuyêt avec le lotus aux cent feuilles et le vend 8 millions de dôngs (307 euros) le kilo. Le plus raffiné de ses thés se vend jusqu’à 15 millions de dôngs (576 euros) le kilo, mais il n’en a jamais assez pour satisfaire les demandes.

Le thé shan tuyêt qu’il utilise provient de théiers séculaires de la chaîne de montagnes Tây Côn Linh, dans la province septentrionale de Hà Giang.

Il utilise les plus jeunes bourgeons.

Chaque année au mois de juin, les lotus fleurissent en masse. À 5h du matin, les employés de son atelier se rendent en barque là où il y en a pour les cueillir.

Pourquoi si tôt ? C’est parce que c’est le moment où le lotus dégage son parfum le plus puissant, qui disparaîtra petit à petit sous l’effet du soleil, explique Duyêt.

Les parfumeurs de thé ont quelques principes tacites à observer: ne pas porter de parfum ni de vêtements qui sentent l’adoucissant, ne pas manger de produits à odeur trop prononcée tels que le fruit du jaquier ou le durian…

La partie la plus délicate de leur travail consiste à séparer le pistil de la fleur, de façon à ce que le pistil soit intact et garde tout son parfum. Du pistil seront prélevés les grains de pollen qui serviront à parfumer le thé.

Il y a deux façons de parfumer le thé, une rapide et une longue. La façon rapide consiste à mettre directement le thé à l’intérieur d’une fleur de lotus. L’artisan emballe la fleur avec une feuille et continue de la planter dans l’eau pendant quelques heures. Par la suite, il coupe la fleur, la met dans un sac sous vide et la conserve dans le congélateur. Ce type de thé se vend 80.000 dôngs (3 euros) la fleur, soit l’équivalent du contenu d’une théière.

La façon traditionnelle de parfumer le thé est longue et nécessite plusieurs répétitions. On superpose une couche de thé et une couche de grains de pollen et ainsi de suite, avant de tout mettre au séchage. Pour obtenir un kilo de thé sec, il faut compter entre 1200 et 1500 fleurs de lotus et une bonne vingtaine de jours pour embaumer et sécher.

Depuis un certain temps, Duyêt ouvre son atelier aux curieux qui veulent découvrir son travail et participer aux tâches. «J’ai finalement compris pourquoi ce thé pouvait coûter aussi cher. C’est un travail extrêmement minutieux et sophistiqué. Je suis d’autant plus heureuse de pouvoir fabriquer moi-même du thé au lotus pour offrir à mes proches», partage avec enthousiasme Diêm Hang, une cliente en visite.

Le thé au lotus que les clients comme Diêm Hang peuvent fabriquer correspond évidemment à la façon rapide que nous avons présentée au-dessus. Le thé au lotus traditionnelle reste évidemment l’affaire des artisans et de la clientèle haut de gamme, qui n’hésite pas à payer cher et à attendre longtemps avant de pouvoir déguster cette merveille.