Photo ambassade de France
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Le séminaire en question était organisé conjointement par l'Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM) et la Direction de la coopération internationale du ministère de l’Intérieur français. Des représentants de la douane, de la justice, de la police et de la santé de six des dix pays de l’ASEAN (Cambodge, Laos, Myanmar, Philippines, Thaïlande et Vietnam), des experts relevant des services spécialisés français et des principales organisations internationales (l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime - UNODC - et l’Organisation internationale de police criminelle - Interpol) y ont participé.
Ce séminaire d’Hanoi faisait suite à la Conférence de Phnom Penh organisée en novembre 2018. Il devait permettre de mieux comprendre l’ampleur du phénomène dans la région et de mesurer les difficultés rencontrées pour y faire face, en particulier sous l’angle législatif, réglementaire, judiciaire et répressif.
«Nous sommes tous les victimes de la falsification des médicaments», déplore Nicolas Warnery, ambassadeur de France au Vietnam. «Et nous sommes également conscients que ces faux médicaments affecteront notre population. Ce fléau est d'ordre mondial, mais il est particulièrement grave dans cette région d'Asie du Sud Est. C'est pourquoi nous avons décidé de nous regrouper et de combattre ensemble. La contrefaçon en général est malsaine. Cela dit, elle est toujours pardonnable. Mais la contrefaçon des médicaments peut tuer. Elle est considérée comme un crime impardonnable. Surtout qu'aujourd'hui, les réseaux de médicament contrefaits sont réellement puissants et développés.»
Nicolas Warnery, ambassadeur de France au Vietnam - Photo Minh Hieu/Vietnam+
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Durant deux jours, les participants au séminaire se sont attachés à adopter des recommandations communes, au plan national et régional, destinées à améliorer l'efficacité de la lutte au quotidien, en terme de politique de santé comme au niveau du cadre législatif et de la coopération régionale entre services en charge de l’application de la loi.
«Pourquoi c'est un séminaire régional? Parce qu'il est beaucoup plus facile pour des pays de se serrer les coudes et d'éradiquer les usines de fabrication de médicaments contrefaits. Mais le producteur, il n'est pas dupe. Il va se délocaliser dans un pays voisin. Et les faux médicaments vont refaire surface dans le pays d'origine. C'est un cercle vicieux qui n'a jamais de fin. C'est pour cette raison qu'on doit agir ensemble. Et puis chaque pays a un cadre législatif différent. Comment fait-on en cas d'arrestation d’un coupable d'un pays sur le territoire d'un autre... Toutes ces questions ont été posées durant ces deux jours.», précise Nicolas Warnery.
La fabrication, le commerce de produits contrefaits et la violation de la propriété intellectuelle en général, continuent d’être compliquées à détecter. Grâce à des astuces de plus en plus sophistiquées, les trafiquants utilisent des techniques de pointe, ainsi que des moyens et des équipements modernes. Mais ce n'est pas pour autant que le Vietnam va cesser son combat contre ce fléau, comme en atteste Nguyên Duc Hiên, chef adjoint du Département en charge de la lutte contre le trafic illicite, relevant du ministère vietnamien de la Sécurité publique).
«Le gouvernement vietnamien accorde une attention particulière au perfectionnement du cadre juridique, au lancement de projets stratégiques, de programmes d’actions, avec l’établissement de comités de pilotage», nous dit-il. «Actuellement, la police vietnamienne découvre et traite de nombreux trafics de médicaments contrefaits, ce qui montre bien à quel point elle est impliquée dans ce combat qui est aussi celui du respect des droits de propriété intellectuelle tels qu’ils sont stipulés dans les accords internationaux desquels le Vietnam est membre.»
Il faut savoir que le Vietnam est le premier pays à mettre en application une méthode d'identification de faux médicaments dans l'ensemble de ses 63 provinces et grandes villes. Il est aussi à l'origine d’une alliance internationale pour combattre la falsification des médicaments dans la région.