L’encens, le parfum de la culture vietnamienne

Bui Thu Hang
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(VOVWORLD) - Brûler de l’encens est une pratique universelle et millénaire. Si en Occident l’encens permet à beaucoup de personnes de créer une ambiance dans leur intérieur, en Asie, il joue un rôle essentiel dans la vie spirituelle. Allumer un bâtonnet d’encens est le premier geste rituel de tous les cultes, le parfum étant destiné à attirer l’attention du dieu ou de l’esprit dont on sollicite l’appui. Au Vietnam, la fabrication et l’utilisation de l’encens sont un art, diversifié en fonction des régions et même des villages.
L’encens, le parfum de la culture vietnamienne - ảnh 1Le séchage des bâtonnets de bambou constitue un magnifique paysage
Ils s’activent à l’approche du Nouvel an lunaire… Les producteurs d’encens de Lai Triêu préparent les bâtonnets qui seront brûlés par millions dans les temples au Vietnam, pour accueillir l’année du Buffle. Dans une véritable symphonie de couleurs, ouvriers et ouvrières plongent leurs fines tiges de bambou dans un mélange d’herbes, d’épices et de poudres parfumées, avant de les étendre au soleil pour les faire sécher.
L’encens, le parfum de la culture vietnamienne - ảnh 2Dans l'atelier d'encens de madame Huong
Dans ce village rattaché à la province de Thai Binh (nord), une trentaine d’entreprises familiales, fondées depuis trois siècles, assurent à elles seules une bonne part de l’encens brûlé dans tout le pays et même à l’étranger. Plusieurs générations de la famille de Nguyên Thi Huong vivent de ce métier. «Dans ma famille, l’encens n’est pas qu’un métier. C’est un artisanat ancestral, un héritage qu’il convient de préserver. C’est Bùi Nhân Toàn, le génie tutélaire du village, qui est à l’origine de ce métier local. D’après les anciens, c’est au 18e siècle qu’on s’est mis à fabriquer des bâtonnets d’encens», nous dit-elle.
L’encens de Lai Triêu a un parfum très spécial, doux et relaxant. La fabrication artisanale ne demande pas de grands efforts mais comprend plusieurs opérations. Seul le mélange des aromates nécessite des bras vigoureux.
L’encens, le parfum de la culture vietnamienne - ảnh 3Une pâte à base de résine et de sciure de bois est utilisé comme adhésif naturel dans la fabrication d'encens

«Les ingrédients principaux sont la racine de la dianelle ensifoliée, qui est une plante herbacée vivace très parfumée, et la canne à sucre. Plus la dianelle ensifoliée est mûre, plus la canne à sucre est sucrée, plus l’encens est subtil. Les ingrédients doivent être complètement séchés au soleil avant être torréfiés jusqu’à devenir dorés. Aucune substance chimique n’est ajoutée», nous explique Nguyên Thi Huong. 

Les substances végétales odoriférantes sont réduites en poudre et mélangées selon une proportion déterminée. Les secrets de cette opération sont jalousement gardés par chaque famille car ils décident de la fragrance et de la durabilité de l’encens.

Le bâtonnet, en bambou, est enrobé d’une pâte à base de résine et de sciure de bois. Le plus surprenant, c’est que cette opération est réalisée manuellement, tige par tige, par des personnes à la dextérité exceptionnelle. Celles-ci doivent d’abord fendre des bâtonnets d’une trentaine de centimètres de long, qui seront teintés de rouge à une extrémité. Séchées sur des tréteaux, les bâtonnets sont ensuite emballés dans du papier, rouge bien évidemment.

L’encens, le parfum de la culture vietnamienne - ảnh 4Les bâtonnets d'encens séchés au soleil

Si une certaine automatisation est nécessaire, Doàn Van Thao, qui travaille à l’atelier de Madame Huong, insiste pour continuer à exécuter certaines tâches à la main, notamment le séchage.

«En haute saison, nous utilisons une vingtaine de travailleurs. Chacun peut produire jusqu’à 10.000 bâtonnets par jour. L’encens de Lai Triêu est unique, avec une texture et un parfum particuliers. C’est tout un art et un simple changement de méthode de production pourrait en modifier la qualité»

L’encens, le parfum de la culture vietnamienne - ảnh 5Une vieille ouvrière s'occupe du séchage

Actuellement, l’encens de Lai Triêu est expédié à l’étranger, même dans les grands pays producteurs d’encens tels que l’Inde, la Chine ou la Malaisie.

Les produits de Lai Triêu font partie de la famille de «huong trân», l’encens «ouvert» en français. Pourquoi «ouvert»? Y-a-t-il d’autres catégories d’encens? Vous trouverez la réponse dans la suite de ce reportage intitulée «L’encens fermé, le parfum du printemps»...

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