Nguyên Tiên Cuong, le fondateur de la marque “Vua dép lôp” (photo: Quê Anh/CVN)
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"C'est très résistant. C'est un produit qui dure avec le temps."
"Je connais cette marque depuis longtemps. Il y a beaucoup de modèles intéressants et c'est très stylé, sur tout pour les jeunes qui veulent montrer leur personnalité".
"Aujourd'hui j'ai visité le musée du Président Hô Chi Minh. Je les ai achetées en souvenirs".
Des sandales de de la marque “Vua dép lôp” (photo: Anh Tuan/VOV5)
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Toutes ces louanges sont destinées aux sandales de la marque du "Roi des sandales en caoutchouc". Fondée en 2014, cette marque vietnamienne est devenue connue car c’est l’un des derniers fabricants dans le pays. Nguyên Tiên Cuong, le propriétaire de cette marque, est un artisan. Il passe la plupart de son temps dans son atelier situé au 109 rue Truong Trinh à Hanoi que nous avons eu l’occasion de visiter.
Voilà Cuong au fond de son atelier, en train de couper un pneu usé. Il est tellement concentré qu'il n'aperçoit pas notre arrivée.
"Bonjour, Cuong, je vois que tu es en train de travailler avec un pneu énorme. C'est pour quoi faire au juste?"
"Mes sandales sont fabriquées à partir des pneus usés des grands camions qui transportent le charbon dans les mines houillères ou encore des avions commerciaux. On doit d'abord casser le pneu, puis façonner la semelle de la sandale et enfin confectionner les sangles. Si je dois faire toutes les étapes de A à Z, ça prend en général de deux à trois heures pour faire une paire. Tout doit se faire à la main et l'étape la plus difficile est donc de casser le pneu. Ils sont très lourds et très résistants. Même avec l'aide des machines, cette étape me prend facilement une heure".
Le stand du “Vua dép lôp” à la sortie du musée de Hô Chi Minh (photo: Anh Tuan/VOV5)
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Il y a huit ans, Nguyên Tiên Cuong a démissionné de son poste de vice-président du conseil d’administration et de directeur d’une société de développement de logiciels de comptabilité, afin de se consacrer entièrement à la commercialisation de ces sandales. Formé par son beau-père, qui est l'un des derniers maîtres de ce métier qu'on surnomme le Roi des sandales en caoutchouc, Cuong s'est rapidement pris le relais.
"Ce métier est en train de disparaitre. Je crains que si je ne continue pas de l'exercer, il disparaisse pour de vrai. Et dans quelques années, on ne verra des sandales en caoutchouc que dans les archives. J'ai alors créé dans un premier temps un petit stand à la sortie du musée de Hô Chi Minh et un magasin-atelier à Hanoi. Et on a connu des beaux jours grâce aux visiteurs des quatre coins du monde".
Une paire de sandale classique s’inspirant des modèles anciens (photo: Anh Tuan/VOV5)
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Avant l'arrivée de la crise sanitaire, la marque "Vua Dép Lôp" fabriquait de 1.000 à 2.000 paires par mois, ce qui fait une moyenne de 40 à 50 paires par jours. Mais la crise de la pandémie de Covid-19 a tout remis en question. Les frontières ont fermé et les touristes ont diminué. Durant presque deux ans, Nguyên Tiên Cuong a vu son chiffre d’affaires baissé de manière significative. Il se souvient que certains jours, il ne vendait même pas 10 paires de sandales.
"Avec la crise, il y avait très peu de visite, alors très peu de vente. Je me suis alors questionné plusieurs fois sur la raison pour laquelle notre produit était peu attractif. Et j'ai trouvé que la principale raison était due à sa forme assez rigide et sa couleur toute noire. J'ai ensuite réétudié le design, les matériaux et créé des modèles plus souples et plus colorés qui s’adaptent mieux à la vie moderne. J'ai aussi développé la vente en ligne à travers les sites comme eBay, Amazone ou encore les applications comme Tiki, Lazada ou encore Shopee. Et aujourd'hui, je suis fier de dire que les sandales de notre marque sont connues et reconnues dans le pays. Maintenant, mes principaux clients sont des Vietnamiens."
Luong Van Nghia, l'un des apprentis (photo: Anh Tuan/VOV5)
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Aujourd'hui, Nguyên Tiên Cuong propose deux catégories de sandales : les sandales classiques s’inspirant des modèles anciens et les sandales dites contemporaines, à la mode. Il a réussi à rassembler trois artisans et former une vingtaine de jeunes apprentis. Mais l'important n’est pas la quantité, c’est l'amour du métier que Cuong est parvenu à transmettre à la jeune génération, comme en témoigne Luong Van Nghia, l'un des apprentis.
"J'ai aimé les sandales dès la première fois que je les ai vues au stand du musée. Ce jour-là, notre maître Cuong est également présent, il m'a expliqué comment les fabriquer. Et après, je suis venu directement à l'atelier pour apprendre le métier. C'est en voyant la passion des jeunes apprentis ici que j'ai décidé de suivre cette voie. Et ça fait bientôt 5 ans."
Pour l'instant, la marque "Roi des sandales en caoutchouc" a une dizaine de magasins au nord et au centre du pays. La prochaine étape est donc d’ouvrir des boutiques au sud du pays avant d'envisager la conquête des marchés internationaux. "J'ai le rêve de voir un jour quand on parlera du Vietnam, on pensera directement à mes sandales", nous confie Nguyên Tiên Cuong.
Une paire de sandales se vend entre 300.000 et 1,5 million dongs. On peut les acheter au magasin dont l'adresse est indiquée sur son site vuadeplop.com ou sur les plates formes de vente en ligne en cherchant le mot clé "vuadeplop".