Des témoins de l’Histoire

Anh Tuân
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(VOVWORLD) - Photographe et journaliste arrivé en fin de carrière, Pham Công Thang a décidé de créer un espace, une sorte de petit musée personnel, baptisé «Mémoire de la photographie». Il y conserve des appareils photo qui ont été les témoins de bien des vicissitudes de l’Histoire.  
 
Des témoins de l’Histoire - ảnh 1Pham Công Thang (photo: Anh Tuan/VOV5)

Aussitôt franchi le seuil du 225A rue Dang Tiên Dông à Hanoï, on a l’impression de se retrouver dans une véritable caverne d’Ali Baba, à ceci près que le trésor est ici constitué d’appareils photo de toutes sortes et de tous calibres…  

Chaque appareil exposé est accompagné de notes détaillées, qui permettent aux visiteurs de connaître son origine, son mode de fonctionnement et surtout… son histoire… Il y a par exemple le Pentax noir et blanc que le photographe Hoàng Kim Dang a utilisé pour immortaliser le général Vo Nguyên Giap, éminent stratège militaire qu’on ne présente plus…

Des témoins de l’Histoire - ảnh 2Le Pentax noir et blanc du photographe Hoàng Kim Dang (photo: Anh Tuan/VOV5)

Pham Công Thang, lui, bichonne ses appareils comme d’autres leurs chats…    

«Bon nombre de ces appareils ont servi à fixer dans la mémoire collective des pans entiers de notre Histoire, notamment pendant les années de guerre. Ce sont des témoins de l’Histoire et à ce titre, ils méritent bien qu’on les conserve pieusement, comme je le fais ici. Si je ne fais pas ça, ils vont disparaître, et ce serait vraiment dommage !», nous dit-il.   

Pham Công Thang a rassemblé plus de 500 appareils. Le plus vieux remonte aux années 1900 et le plus récent à 2020… Il y a les appareils des photographes, ceux des journalistes de guerre... Tout est classé méticuleusement. 

Des témoins de l’Histoire - ảnh 3Photo: Anh Tuan/VOV5

Si au début, Pham Công Thang n’avait, pour constituer sa collection, que les appareils qu’il avait acquis par ses propres moyens, il en a rapidement reçu d’autres, au point de ne plus savoir qu’en faire…    

«Il a suffi que je parle un peu, autour de moi, de cette idée de créer un petit espace pour y entreposer de vieux appareils photo pour qu’aussitôt, le petit monde des photographes se mette en branle… Le bouche à oreille aidant, j’ai reçu pas mal de choses: des appareils, bien sûr, mais aussi des objectifs, des photos, des coupures de journaux… Beaucoup de journalistes émérites m’ont comme ça aidé à constituer cette collection», nous raconte Pham Công Thang.   

Des témoins de l’Histoire - ảnh 4Photo: Anh Tuan/VOV5

En dehors des appareils photo, la galerie «Mémoire de la photographie» abrite aussi des caméras, des photos, des essais journalistiques ou encore des agrandisseurs. Le photographe journaliste Vu Hông Hung a ainsi offert son Nikon F et un agrandisseur datant des années 70.

«Ce sont des appareils qui m’ont suivi pendant une bonne quarantaine d’années, notamment au Cambodge, entre 1977 et 1985. J’ai finalement décidé de m’en séparer et d’en faire don à cette galerie, en espérant que les jeunes générations y voit un témoignage de ce qu’aura été notre métier en temps de crise», nous explique-t-il. 

Des témoins de l’Histoire - ảnh 5Photo: Anh Tuan/VOV5

Beaucoup de photographes envoient non seulement des appareils mais aussi des photos qui ont été primées à l’occasion de divers concours nationaux. Chu Chi Thành, lui, a donné quatre photos, qui lui ont valu un prix d’État en 2012.  

«En principe, mes appareils appartiennent à l’État, ce qui veut dire qu’une fois à la retraite, je dois les lui restituer. Ces photos-là, par contre, j’ai décidé de les envoyer ici. Ce sont des photos qui montrent la libération des prisonniers de guerre, en 1973», nous confie-t-il. 

Des témoins de l’Histoire - ảnh 6Pham Công Thang souhaite faire de son petit espace privé un véritable musée en bonne et due forme. (photo: Anh Tuan/VOV5)

Plus sa collection s'agrandit, plus les responsabilités pèsent sur les épaules de Pham Công Thang. Le seul fait de devoir entretenir tous ces appareils est déjà un casse-tête en soi…

«Faute de moyen, je n'ai pas pu acheter les équipements qui m’auraient permis de conserver tous ces appareils dans des conditions optimales. Et puis je suis absolument  seul à devoir entretenir toute cette collection… Mais bon, on m’a confié des appareils qui étaient en état de marche et qui sont censés le rester!», nous fait-il remarquer. 

Pham Công Thang souhaite faire de son petit espace privé un véritable musée en bonne et due forme, c’est-à-dire avec les subventions qui vont avec. Il en est pour l’instant au stade des démarches administratives, ce qui ne l’empêche pas d’imaginer ce que pourraient être les futures salles d’exposition, avec - pourquoi pas - un petit coin café pour les amoureux de la photographie.  

Membre de la Fédération Internationale de l'Art Photographique (FIAP), Pham Công Thang, est connu par les professionnels et les adeptes de la photographie vietnamienne pour avoir reçu de nombreux prix nationaux et internationaux. Il a deux expositions à son actif, l'une intitulée «Ma terre natale», en 1999, et l'autre «Le moment», en 2011.

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