La toupie fait partie des festivités incontournables du printemps. Photo: VOV |
La toupie des Tày s’appelle tuc khang. Elle est faite de bois dur et se joue avec une ficelle. Le terrain de jeu est plat. Le joueur ou la joueuse tient la ficelle qui entoure la partie supérieure ou inférieure de la toupie, et lance l’objet avec force sur terre, à l’endroit visé. Ce faisant, il ou elle tire très fort la ficelle en arrière, pour que la toupie tourne aussi vite que possible, fait savoir Nông Thi Huong, une joueuse.
“J’ai commencé à jouer à la toupie dès l’âge de 12 ans. Quand on allait à l’école, on la mettait dans notre cartable, et quand on sortait jouer, on la portait à la ceinture. Il m’est arrivé de nombreuses fois d’être grondée par mes parents car je préférais jouer plutôt qu’étudier. Mais c’est un jeu passionnant, plus on en joue, plus on s’y accroche», nous confie-t-elle.
Si l’on peut jouer à la toupie en solo, c’est surtout un jeu collectif, de préférence entre deux équipes de deux personnes chacune. Avant de commencer le match, les deux parties font tourner leurs toupies et la partie dont la toupie tourne le plus longtemps gagnera. Commence alors le match officiel. La partie vaincue lors de la phase précédente doit descendre la première sa toupie. L’autre partie essayera alors de viser la toupie adverse et fera en sorte qu’elle cesse de tourner ou tombe. Si elle n’y arrive pas, ce sera à son tour de subir l’attaque de l’autre. Ces tours se répètent autant de fois que le veut la règle du jeu. Le vainqueur sera alors déterminé. Il recevra un prix on ne peut plus simple: des mots ou des dessins sur terre, fait savoir Ly Dat Trâng, un joueur.
“Ce jeu attire beaucoup de gens et contribue donc à renforcer la solidarité. Il est d’autant plus utile à l’occasion du Nouvel An que sans lui, on passerait notre temps à faire bombance…», partage-t-il.
Auparavant, les Tày évitaient de jouer à la toupie au-delà du 15e jour du premier mois lunaire, pour se concentrer par la suite sur le travail. Aujourd’hui, ils y jouent quand ils le veulent, en particulier pendant les intersaisons agricoles et les fêtes. Hoàng Thi Truong, une habitante de Luc Yên, adore ce jeu qui exige de la santé, de l’acuité visuelle et de la capacité à calculer la trajectoire de la toupie adverse.
«Depuis longtemps, la toupie est pour nous le jeu incontournable du premier mois lunaire. Il nous remonte le moral et la nuit, on dort très bien», dit-elle.
À Luc Yên, les joueuses sont encore plus nombreuses que les joueurs.
À noter enfin que si la toupie est un jeu pratiqué par plusieurs communautés ethniques, la tuc khang des Tày de Luc Yên revêt un caractère plus sportif.