Trà Vinh, où les moines préservent l’écriture khmère

Ngoc Anh
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(VOVWORLD) - La province méridionale de Trà Vinh compte la deuxième plus grande communauté khmère du Vietnam, juste derrière Soc Trang. Sur son million d’habitants, 300.000 sont des Khmers. Elle abrite 143 pagodes qui dispensent, toutes, des cours de langue khmère. Les moines enseignants acceptent tous types d’élèves, sans distinction d’appartenance ethnique, de sexe, d’âge ou de conditions sociales.

Trà Vinh, où les moines préservent l’écriture khmère - ảnh 1Un cours d'écriture à la pagode d’Ong Met. Photo: Ngoc Anh/VOV5

Toutes les pagodes de Trà Vinh servent donc de lieu d’enseignement du khmer, mais aussi du pali, la langue du canon bouddhique Theravada. Celles qui sont suffisamment larges le font sur place, d’autres utilisent un autre lieu, soit une maison communautaire, soit une école, pour donner des cours en été. Les moines donnent des fournitures scolaires aux élèves en situation difficile, et ne reçoivent aucune rémunération. Ils sont aidés par des volontaires qui donnent aussi des cours.

Nous sommes à Kompong Đung, l’une des 15 pagodes du district de Tiêu Cân, qui accueille un très grand nombre d’élèves. C’est le bonze Kim Manh qui la gère.

«Nos élèves sont des habitants et des membres du clergé bouddhiste du district, mais aussi des localités voisines. Nous préparons actuellement des examens pour les niveaux troisième et terminale, qui auront lieu fin 2022 et début 2023. Ces cours d’été sont pour nous un moyen de préserver l’identité culturelle khmère», déclare-t-il.

Les cours d’été dont parlait le bonze Kim Manh sont essentiellement destinés aux enfants et aux adolescents. Mais il y a aussi des pagodes qui organisent les cours en suivant le calendrier du ministère de l'Éducation et de la Formation. C’est le cas d’Ong Met, une pagode située dans la ville de Trà Vinh. Kim Hoàng Trung, lui-même moine, a fait le déplacement depuis le district de Trà Cu pour suivre des cours de cette pagode.

«Nous avons neuf mois de cours par an, quatre jours de vacances par mois. Nous étudions dix disciplines, dont l’orthographe, le khmer, le pali, les maths et la littérature. Notre professeur est un volontaire qui a fait un doctorat en Inde pour l’enseignement du pali», nous fait-il savoir.

La plus grande difficulté pour les pagodes tient au fait que l’augmentation constante du nombre d’apprenants ne va pas de pair avec celle des enseignants, ni avec la disponibilité des espaces susceptibles d’être réservés aux cours. Mais cela n’empêche pas les Khmers de Trà Vinh de continuer à confier leurs enfants aux moines enseignants. C’est le cas de Kim Thi So Phat, qui a envoyé son enfant à la pagode Ong Met.

«Ils apprennent beaucoup ici. Je laisse mon enfant à la pagode et ne lui rends visite qu’une fois par semaine. Il a encore deux ans d’études, après quoi ce sera facile pour lui de trouver un emploi», indique-t-elle.

Si tous les moines n’ont pas eu de formation pédagogique, ils sont d’excellents éducateurs dans la mesure où, outre l’enseignement de la langue, ils apprennent également à leurs élèves la civilité et l’éthique qui devraient leur permettre de devenir des personnes dignes et utiles à la société. Pour le bonze Son Kenne, qui gère la pagode Ong Met, l’éducation des fidèles est une mission majeure.

«Outre les classes pour les habitants ordinaires, nous en avons également pour les bouddhistes et les membres du clergé, à raison de 31 personnes par classe. Nous donnons neuf mois de cours par an. Les bouddhistes suivent des cours de bouddhisme, trois ans pour le niveau élémentaire et quatre ans de plus pour le niveau secondaire», précise-t-il.

Trà Vinh, où les moines préservent l’écriture khmère - ảnh 2Une classe à la pagode Kompong Dung. Photo: Ngoc Anh/VOV5

Les Khmers vietnamiens en général, ceux de Trà Vinh en particulier, tiennent particulièrement à leur religion, le bouddhisme Theravada, qui est considéré comme plus proche du bouddhisme primitif que les autres traditions bouddhistes existantes. L’engagement des pagodes en faveur de la préservation de la langue khmère et du pali du canon bouddhique revêt donc une signification à la fois culturelle et religieuse, ce qui explique leur succès auprès de la population locale.

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