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Selon la tradition, les Sedang organisent la cérémonie d’installation de conduit dans trois circonstances: quand la qualité de la source d’eau qu’ils sont en train d’utiliser n’est plus bonne, quand ils créent un nouveau village et en fin d’année, pour célébrer le riz nouveau. Tout le village est mobilisé pour préparer cet événement, comme l’indique A Kênh, un maître artisan de Kon Tum.
«Nous installons un nouveau conduit à l’occasion du Nouvel An. C’est comme ça depuis des générations. Nos ancêtres accordaient beaucoup d’importance au fait d’avoir une canalisation solide depuis la source jusqu’au village», explique-t-il.
En effet pour les Sedang, l’eau est plus importante que tout, plus que la nourriture, plus que les vêtements. Une source d’eau saine et abondante est la condition sine qua non à la vie, à la reproduction et à la prospérité. C’est pourquoi le fait d’installer une canalisation doit faire l’objet d’une cérémonie rituelle en bonne et due forme, afin de tenir informées les divinités de l’existence du village et donc, de s’attirer leur bénédiction. Une très belle tradition qui mérite d’être perpétuée, selon les dires de Phan Van Hoàng, directeur adjoint du service de la Culture, des Sports et du Tourisme de la province de Kon Tum.
«Pour les autochtones, la forêt est un endroit sacré où ils n’osent pas entrer. C’est la raison pour laquelle la source d’eau y est très pure et les arbres se développent très bien. Ce n’est que pour réparer leur canalisation ou en installer une nouvelle que les villageois se rendent dans la forêt. Le choix du jour est confié au patriache du village», précise-t-il.
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L’honneur d’aller chercher des matériaux pour créer la nouvelle canalisation revient aux hommes forts et aux personnes influentes du village. Le matériau idéal est le lồ ô, une variété de bambou du nom scientifique de Bambusa balcooa. Ils en couperont les chaumes creux en deux pour créer leur conduit amenant l’eau de la source jusqu’au village.
La source doit être bouchée jusqu’à ce que tous les rites aient été effectués. Après avoir prononcé ses prières, le patriarche du village libère la source pour faire couler l’eau dans la canalisation, en recommandant aux jeunes villageois de veiller à la protection de l’eau.
Le jour de la cérémonie, chaque famille apporte un grand tube en bambou pour ramener l’eau chez elle après. Cette eau nouvelle sera versée dans les jarres d’alcool destinées aux grands événements familiaux et communautaires. Y Sinh, un autre maître artisan de Kon Tum, nous explique cette habitude.
«Avec son tube en bambou, chaque famille ramène de l’eau chez elle dans l’espoir d’avoir une bonne santé et de meilleures récoltes par rapport à l’année écoulée», dit-il.
À cette occasion, les visiteurs seront invités à siroter de l’alcool dans les jarres nouvellement remplies, à jouer du gong et à chanter pour célébrer la nouvelle source d’eau et de bonheur du village.